Le Jazz est donc à 5-1 quand Rudy Gobert score plus de 18 points : faudrait peut-être penser à nourrir la bête non ?

Le 29 nov. 2018 à 12:12 par Clément Mathieu

Rudy Gobert
source image : nba league pass

Hier soir, le Jazz a enfin gagné un match ! Certes ce n’était que Brooklyn en face, mais toute victoire est bonne à prendre en ce moment, pour les hommes de Quin Snyder. Rudy Gobert s’est d’ailleurs amusé comme une boulangère face à Jarrett Allen. Distribution de crêpes, de petits pains et de poster. 23 points, 16 rebonds et 4 contres à 10/14 aux tirs. Et avec ceci ce sera tout ? Quand Rudy domine, le Jazz ne perd pas. Du coup on peut peut-être s’interroger sur la hiérarchie offensive non ? 

Comment pourrait-on décrire le début de saison du Jazz ? Prenez tous les espoirs que vous aviez fondé l’année dernière après la victoire contre OKC en Playoffs. Déglutissez-les, et rangez-les bien au chaud dans le placard en attendant le mois de mars. Car pour l’instant c’est dégueulasse. Ils vont nous faire le même coup chaque année ou bien ? Mise en route difficile, nouvel an passable, et après le All-Star Game ça tape tout le monde sans sortir une goutte de sueur. Ce serait bien mais on a quelques doutes quand même. Toujours est-il que pour l’instant, la franchise de l’Utah est aussi bien capable de jouer comme un potentiel finaliste de conférence que comme une équipe en lutte pour le first Pick. Sans déconner, plus irrégulier c’est chaud. Beaucoup de paramètres expliquent cette mauvaise tendance mais encore faut-il pouvoir les améliorer. Le Jazz a choisi la voie de la continuité cet été (comme tous les ans en fait). On garde les mêmes et on recommence. Mais cette fois, le Jazz est attendu. A force de casser des derrières en pagaille, faut pas s’étonner quand t’as des ennemis dans chaque ville. Toute la NBA renifle l’odeur du sang quand les mormons arrivent en ville. Le temps de la surprise est passé, bienvenue à celui de la confirmation.

La première chose qui frappe dans cette saison du Jazz est le faible apport de Donovan Mitchell. Comment ça se passe ? Le rookie wall c’est pendant la saison sophomore en fait ? On l’avait quitté comme presque rookie de l’année en 2018 et il tarde à confirmer. Il subit le même problème que Jayson Tatum, lui aussi auteur d’une deuxième saison en deçà des attentes. Les mecs sont analysés, plus question de les laisser seul dans les corners, plus question de mettre le défenseur le plus faible de l’équipe sur leurs dos. Les scooting report des adversaires tiennent compte d’eux maintenant, il faut s’adapter. En parlant d’adaptation, l’équipe de Rudy Gobert fait face à un changement d’arbitrage cette année. Les contacts loin du ballon sont désormais continuellement sifflés. Et s’il y a une franchise qui est touchée par ce changement c’est bien le Jazz. Habitué à une défense ultra-rugueuse et aux coups de vices loin du ballon, ils sont maintenant sanctionnés à chaque fois. L’année dernière ? Deuxième meilleure défense de la ligue, aujourd’hui ? Quatorzième. Rudy Gobert a fait part de ce sentiment récemment au micro d’Eric Woodyard pour Deseret Sport News. 

“Cela nous affecte beaucoup (ndlr : ces nouveaux coups de sifflet), vraiment beaucoup. On veut être une équipe super physique et on veut impacter la liberté de mouvement de l’adversaire. C’est ce que nous sommes en tant qu’équipe. Donc c’est un gros changement et c’est dur de défendre avec tous ces écrans et ces joueurs qui les utilisent à leur avantage, pour qu’on leur siffle une faute. C’est dur, mais c’est la même chose pour tout le monde donc on doit s’adapter.”

L’ancien défenseur de l’année nous confirme ces difficultés donc. En tant que chef défensif, il est particulièrement touché par ces changements. Le joueur réalise pour l’instant sa meilleure saison statistique, 15 points et 12,5 rebonds, sans pour autant toucher plus de ballon. Il avait dit cet été que l’amélioration de son apport offensif serait sa priorité. Force est de constater qu’il a bien bossé le géant. On vous rappelle qu’il ne tente sa chance que huit fois par match pour 70% de réussite. Mais du coup, est-ce qu’il ne faudrait pas que le Jazz s’appuie plus sur lui en attaque? Cinq victoires et une défaite lorsqu’il score plus de 18 points. La statistique parle d’elle-même et montre une tendance. Dans un collectif sans star, où six joueurs sont à plus de dix points de moyenne, Rudy doit avoir plus de responsabilité en attaque. Le premier fautif dans cette histoire est Donovan Mitchell. Loin de nous l’idée d’en faire notre bouc émissaire, mais le sophomore force beaucoup de tirs. Et contrairement à Ricky Rubio ou Joe Ingles, il oublie souvent de servir le Gobzilla à l’intérieur, et préfère finir tout seul au cercle ou en pull-up à mi distance. Sa faible efficacité devrait le pousser à déléguer plus. Le Jazz n’est pas une équipe offensive, la plupart des joueurs de l’effectif sont taillés pour défendre et casser les co***les.  Mais dans une NBA qui se débarrasse de plus en plus des pivots traditionnels, s’il y a un joueur qui a un avantage de match-up chaque soir, c’est Rudy Gobert.

Pour l’instant ça chie dans les saxophones à Utah. Quelque chose ne tourne pas rond et l’équipe a besoin de retrouver son mojo en défense premièrement mais surtout en attaque : 27ème de la ligue, dix matchs à moins de 100 points marqués. Pas sûr que l’arrivée de Kyle Korver ne change beaucoup de choses mais elle a le mérite d’apporter du tir extérieur, ce dont Utah manque cruellement. Le réveil doit être collectif et le coaching staff doit réorganiser la hiérarchie. Et en attendant le réveil de Donovan Mitchell, gavez Rudy de ballons bordel ! Le mec touche le cercle sans sauter, ce serait bête de ne pas s’en servir quand même. 

Source Texte : Deseret Sports News