De “Skip 2 My Lou” à Rafer Alston : l’histoire d’une légende du street qui a réussi en NBA

Le 24 juil. 2017 à 13:55 par Nicolas Meichel

Rafer Alston
Source image : YouTube

Bien qu’ils correspondent au même sport, le basket NBA et le basket de rue sont deux mondes complètement différents. Chaque modalité de pratique possède ses propres règles, ses propres codes, ses propres héros. Dribbleur hors pair et showman exceptionnel, Rafer Alston fait partie de ces mecs qui ont élevé le streetball au rang d’art. Mais contrairement à beaucoup de légendes du playground, il a également réussi une carrière correcte dans la plus grande ligue du monde.

Un nom de naissance, un surnom obtenu à Rucker Park, deux identités différentes. D’un côté, on a Rafer Alston, meneur de jeu NBA qui a joué toute la décennie des années 2000 au sein de la ligue. De l’autre, on a “Skip 2 My Lou”, magicien de la balle orange qui enflammait le bitume new-yorkais il y a 20 ans à travers ses dribbles, ses passes aveugles et son insolence. Cette double étiquette est un phénomène assez rare dans l’univers du basket US, car la planète street s’oppose par nature à la planète NBA. Evidemment, les grands joueurs qui ont foulé et qui foulent aujourd’hui les parquets professionnels américains sont passés par la case pick-up. Mais quand on parle de Rafer Alston, on parle d’une véritable icône de la rue qui a réussi à s’adapter pour pouvoir durer au plus haut niveau. Et ça, ce n’était pas gagné. Moins de liberté, moins de spectacle, plus de consignes, plus de sérieux, “Skip 2 My Lou” aurait pu faire partie de ces nombreuses légendes du streetball qui n’ont jamais réussi à atteindre la NBA. Mais il savait qu’il avait le potentiel pour jouer sur les deux tableaux.

“Pour moi, devenir connu sur les playgrounds de la ville n’était pas suffisant. J’ai toujours rêvé de jouer en NBA. Bien que je jouais dans la rue, j’étudiais le jeu, et j’ai toujours su comment diriger une équipe. Il y a beaucoup de joueurs de playground qui ont du mal à s’adapter quand ils vont à l’université ou dans une équipe professionnelle, mais moi je n’avais pas ces problèmes. Les coachs ont toujours été surpris de voir à quel point je connaissais le jeu.”

Rafer Alston, via SLAM.

En 1998, le monde de Rafer Alston et celui de “Skip 2 My Lou” se croisent. Cette année-là, il est sélectionné au deuxième tour de la draft par les Milwaukee Bucks. Mais surtout, il lance le phénomène AND1 par l’intermédiaire d’une vidéo dans laquelle il étale tout son talent et ses moves les plus fous. C’est grâce à son coach de lycée que cette “Skip tape” arrive dans les mains de la marque AND1, qui deviendra plus tard l’équipementier du joueur. Entre la fin des nineties et le début du nouveau millénaire, le streetball prend une nouvelle dimension avec les fameuses “AND1 Mixtape”, qui permettent à “Skip 2 My Lou” d’étendre sa réputation au-delà de New York et de devenir ainsi une figure nationale de l’asphalte.

Néanmoins, pendant que ce dernier explose aux yeux du grand public, Rafer Alston galère à se faire une place en NBA. En effet, suite à la draft, il passe du temps en ligue mineure avant de chauffer le banc avec les Milwaukee Bucks. Autrement dit, il fait le grand écart entre la rue et le basket professionnel. C’est à partir de 2003 et un passage chez les Toronto Raptors que la carrière d’Alston commence à décoller. Possédant plus de temps de jeu, Rafer en profite pour se distinguer et attire ainsi le Miami Heat, qui le signe à l’été 2004 lorsqu’il est agent libre. En Floride, il obtient un rôle important et devient même titulaire à la mène. Il évoluera dans le cinq majeur de son équipe durant quasiment tout le reste de son aventure NBA, malgré les nombreux déménagements. Entre 2004 et 2010, Rafer Alston montre ses talents à Toronto, Houston, Orlando, New Jersey et Miami. Il connaît l’apogée de sa carrière en 2009 sous le maillot du Magic, où il aide la franchise floridienne à atteindre pour la deuxième fois de son histoire les Finales NBA face aux Lakers.

“Rafer a une grande passion et un vrai enthousiasme pour le jeu. Une ou deux fois par année, cela peut mener à de l’instabilité, mais c’est une bonne chose la plupart du temps. Mon frère et moi parlons toujours de Rafer en positif. Mon frère a même appelé son chien par rapport à lui ! Skip. Je trouve qu’il a eu une superbe carrière, et je pense qu’il reviendra en NBA en tant que coach dans les prochaines années.”

Jeff Van Gundy, aujourd’hui consultant sur ESPN et ancien entraîneur de Rafer Alston à Houston (via SLAM).

Avec 10,1 points et 4,8 passes décisives en moyenne sur 671 matchs disputés, Alston a su sortir de l’ombre imposante de “Skip” pour devenir un vrai joueur NBA. Cette transition, souvent difficile pour les grands joueurs de streetball, est à souligner. Légende du bitume, joueur professionnel confirmé, Rafer “Skip 2 My Lou” Alston a marqué le basket de son empreinte, le tout d’une manière différente.