Le dossier LaMelo Ball : planter 92 points dans un match, faux fait divers ou vrai phénomène ?
Le 09 févr. 2017 à 09:04 par Bastien Fontanieu
C’est le nom qui a le plus été mentionné lors de ces vingt-quatre dernières heures, sur la planète basket. LaMelo Ball… LaMelo Ball ? Après avoir planté 92 points dans un match de lycéens, le bonhomme a autant fait le buzz que gavé du monde sur le circuit local. Zoom sur l’animal et le match en question.
Quatre-vingt-douze. Quatre… vingt… douze. Un peu absurde, comme total, mais voilà ce qu’a offert le plus jeune de la famille Ball, qui commence à faire un sacré boucan sur la côte californienne. LaMelo avait déjà tourné pas mal sur les réseaux sociaux ces derniers temps, notamment en pointant du doigt la ligne médiane en plein match et en faisant filoche comme si de rien n’était, mais le garçon sait qu’il a du monde devant lui. Il y a LiAngelo, qui joue dans son équipe et était blessé dernièrement, puis le grand Lonzo, actuellement sur le campus de UCLA et annoncé comme une des darlings de la prochaine Draft. La famille Ball, c’est un peu le nouveau gang de la West Coast qui veut faire un petit trois sur trois en NBA avec ses enfants, le daron des garçons (LaVar, ça ne s’invente pas) poussant sa triplette à faire des ravages quel que soit le circuit présenté. Au niveau NCAA, l’aîné montre davantage d’altruisme que d’égocentrisme, préférant installer son équipe et rester silencieux plutôt que d’en faire des tonnes et scorer à outrance. Au niveau lycéen cependant, les deux plus petits (18 et 15 ans) se gavent de points et encore de points, LiAngelo claquant 56 puis 72 points sur deux matchs de suite, avant de se blesser. Et qui a pris le relais au niveau du scoring ? Duh.
92 points, à 30/39 à deux points, 7/22 à trois points, 41 points rien que dans le quatrième quart-temps et 7 passes pour arroser le tout. Première réaction, assez instinctive : wow. Non pas que la performance soit de toute beauté, comme certains curieux pourront le voir ci-dessus en images, mais atteindre un tel total reste un exploit quoi qu’on en dise. Important de le noter, car on a pu lire à droite comme à gauche que tout le monde pouvait planter 92 points dans un match sans défense et avec des gamins de 15 ans. Si c’était vraiment le cas, peut-être que cela arriverait plus souvent, non ? Mais plutôt que de vouloir rentrer dans un débat interminable et qui ressemble surtout à un concours de celui qui pisse le plus loin, revenons-en à nos moutons. Et à LaMelo Ball, dont la coupe de cheveux nous permet de réaliser cette belle transition. Ce qui est intéressant à regarder, suite à cette explosion offensive et le buzz qui a été créé, c’est la variété des réactions autour du jeune homme. Pour certains, sur le circuit californien, laisser à un ado la possibilité de prendre 61 tirs sur une rencontre n’est pas forcément le meilleur des apprentissages qu’un coach est censé donner à des joueurs de cet âge-là. Pire, cela donnerait même une image dégradante du basket au niveau lycéen, avec un jeu totalement désordonné et des scènes quasiment irréelles comme certaines ci-dessus. Pour ces entraîneurs qui doivent affronter le lycée de Chino Hills, trop donner de liberté reviendrait à ne rien enseigner. Ce à quoi le père du garçon a bien évidemment répondu à sa façon.
“Mes garçons prennent ce jeu comme un divertissement, car c’est tout ce que c’est. On va divertir jusqu’à ce que le buzzer final sonne. Si vous payez 8$ pour votre ticket, on va pas vous en donner pour 7,50. J’ai fait jouer mes garçons ainsi depuis qu’ils sont bébés.”
Et c’est notamment sur cet aspect si particulier que la suite sera intrigante à observer. Non seulement pour le jeune LaMelo, mais aussi pour les joueurs futurs qui prendront sa place. Verra-t-on davantage de jeunes tendre vers cette optique, celle du scoring à outrance par pur désir de divertissement, ou bien ne s’agit-il que d’une tendance qui s’écroulera rapidement ? Une question qui nous mène à un point précis, celui-ci. Qu’il… l’accepte ou non, et qu’il veuille le contrôler ou non, Stephen Curry sera l’exemple suivi pour un paquet de gamins souhaitant devenir les stars de demain. Un rollercoaster naturel qui met sur le devant de la scène un phénomène différent, tous les 5 à 6 ans. Après avoir suivi Jordan, on a voulu reproduire du Iverson. Après Iverson, du Kobe. Après Kobe, du LeBron. Après LeBron, du KD. Et après KD ? Du Curry. L’idée ici n’est pas de rejeter la faute sur un seul et unique personnage, loin de là. Car comme le soulignait Stephen précédemment, ces futurs joueurs peuvent prendre exemple sur tout un tas de stars, et s’ils souhaitent reproduire son jeu ils feraient mieux de savoir que ce sont des heures de travail à enchaîner. Cependant, le résultat est déjà celui qu’il est, et ce n’est peut-être que le début. Des tirs du milieu du terrain, des coachs blasés, des matchs à 60 tirs tentés… à voir si cela ne concernera qu’un joueur isolé dans un lycée de Californie, ou si cela se reproduira aux quatre coins des Etats-Unis.
La performance de LaMelo Ball cette semaine fût exceptionnelle, et le garçon nous réserva d’autres sorties de ce genre par la suite. Reste à voir si de telles bases posées à 15 ans se traduiront au niveau supérieur, ou bien si un phénomène de lycée deviendra un croqueur rapidement oublié. Les phénomènes vont et viennent, à la famille Ball de nous faire mentir. Pardon, de nous divertir…