DeMarre Carroll, athlète mais aussi avocat : dur de jouer quand t’as une sérieuse maladie au foie

Le 03 août 2016 à 17:44 par Bastien Fontanieu

DeMarre Carroll

Si son objectif professionnel reste d’emmener Toronto jusqu’aux Finales NBA, l’ailier des Raptors n’a pas que ça en tête. En dehors des terrains, Carroll souhaite aussi éveiller les consciences sur un sujet qui le touche en premier : les maladies du foie, comme les hépatites.

C’est dans un long entretien avec Jared Zwerling du site NBPA que DeMarre s’est ouvert sur un sujet qui n’est pas forcément des plus faciles à aborder, sa propre maladie. Pendant un certain temps, au niveau universitaire, celui qu’on connaît désormais comme le Junkyard Dog avait tout simplement peur pour sa vie, car des symptômes inquiétants apparaissaient et mettaient bien plus que sa carrière sportive en danger. Une alerte qui l’a forcément mené vers un parcours compliqué, mais qu’il assume aujourd’hui pleinement au travers d’une fondation gérée avec ses proches (The Carroll Family Foundation) et qu’il souhaite utiliser comme tremplin pour toucher le plus de monde possible. Les maladies du foie sont peut-être moins encrées dans les pensées communes, surtout en comparaison avec celles du coeur par exemple, pourtant elles existent bien et font des ravages chaque année. Récit d’un guerrier qui a réussi à tenir, pour finalement obtenir le respect de nombreux ailiers.

C’était en juillet 2008, DeMarre Carroll était un senior à l’université du Missouri et commençait à ressentir des démangeaisons le long de ses jambes. Celles-ci sont devenues tellement insupportables que Carroll se grattait même sous la peau, au point de saigner. Sa copine de l’époque pensait qu’il s’agissait d’allergies, notamment car ils venaient d’avoir un chien. Mais un mois plus tard, il fit des analyses de sang qui montrèrent des enzymes hépatiques aux taux anormalement élevés, et des tests approfondis ont confirmé que DeMarre était atteint d’une maladie rare du foie. Il pleura pendant deux longues semaines, pensant que c’était la fin de sa carrière dans le basket. Mais il pria et resta fort, se rapprochant fortement de son église où ses parents vont dans l’Alabama du côté de Birmingham, leur message étant de garder la foi quoi qu’il arrive.

“C’est à ce moment précis que vous devez choisir, si vous allez devenir fort mentalement ou si vous allez vous affaiblir. Je pense que c’est là que j’ai passé une vraie étape, cet incident m’a énormément aidé dans ma tête, du coup tout ce par quoi je passe aujourd’hui n’est rien en comparaison avec ce que j’ai vécu précédemment.”

Carroll a donc continué à jouer, en prenant les médicaments nécessaires afin de calmer certaines réactions, et a ensuite été drafté en 2009. Après avoir connu 5 équipes différentes et réalisé un passage par la D-League, c’est aujourd’hui un des ailiers polyvalents les plus respectés de toute la NBA.

“En gros, je suis le premier joueur à évoluer en NBA avec ce type de maladie, de ce que j’en sais, donc j’essaye d’être une sorte d’avocat pour cette cause-là. […] On voit tellement de prévention réalisée autour d’autres organes comme le coeur, mais vous n’entendez jamais parler du foie. Je veux vraiment faire bouger les choses et être la personne qui prend la parole le plus fort possible, pour que les gens comprennent que le foie est aussi un organe touché.”

Cela fait un an que Carroll a lancé sa fondation, et espère continuer à la faire grandir afin que les enfants comme les parents prennent conscience des risques liés à ce membre du corps humain. Lors de ses propres camps de basket, DeMarre fait notamment les plus beaux discours possibles sur la santé, la nourriture, le sport, toutes ces petites choses qui gardent la machine dans un bon état et permettent d’éviter des soucis de santé aussi important. Et si ce genre d’initiative peut toucher quelques jeunes en tête à tête, Carroll espère également réaliser un documentaire avec des producteurs dans les prochains mois, afin de continuer à augmenter le niveau de questionnement autour de ces maladies du foie. Car s’il y a une chose que les docteurs lui ont malheureusement garanti, c’est qu’il devra passer par une greffe du foie d’ici quelques années, quoi qu’il arrive. Mais cela n’arrêtera pas DeMarre de tout donner, sur comme en dehors des terrains, avec cet habituel mélange de détermination et de timidité. Un simple athlète, qui sait le pouvoir qu’il possède entre ses mains, et qui souhaite l’utiliser à sa façon : en éveillant les consciences.

De nombreux sportifs tentent d’influencer les plus jeunes sur les soucis de santé à éviter, surtout dans un pays comme celui de l’Oncle Sam où les problèmes liés à la nutrition donnent souvent lieux à des débats tendus. De son côté, Carroll sait où il en est : après avoir réussi en ayant eu une énorme frayeur, il veut montrer l’exemple aux autres. Chapeau, monsieur.

Source : NBPA

Source image : NBPA