C’était il y a seulement 10 ans – Detroit Pistons : la reconnaissance étoilée d’un collectif légendaire

Le 17 juil. 2016 à 21:40 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, direction le Palace d’Auburn Hills, antre des Detroit Pistons

Bilan : 64-18, 1ers à l’Est

Le 5 : Chancey Billups – Richard Hamilton – Tayshaun Prince – Rasheed Wallace – Ben Wallace

Le banc : Antonio McDyess – Lindsey Hunter -Maurice Evans – Carlos Delfino

Le MVP : le 5 entier. 4 All Star, 73 matchs consécutifs ensemble dans le 5 de départ (record NBA) alors qu’aucun ne joue moins de 34 minutes.

Cependant, ils sont deux à recevoir plus de distinctions :
– Chancey Billups : 18,5 points, 8,6 passes, 3,1 rebonds  à 43% à 3 points. All NBA Second team et All Defensive Second team
– Ben Wallace : 7,3 points à 41% aux lancers, 11,3 rebonds,  2,2 contre, 1,8 interceptions. DPOY, All NBA Second team et All Defensive First team

Les Pistons abordent la saison 2005-2006 en double finalistes NBA. Ils viennent en effet d’enchaîner deux saisons à 54-28, conclues par une victoire à la surprise générale contre les Lakers en 2004 et par une défaite en 7 matchs contre les Spurs en 2005. Le banc a beaucoup changé, avec notamment les départs de Corlis Williamsson ou Mehmet Okur, mais le cinq reste identique. Ce starting five emmené par Ben Wallace, triple Defensive Player of the year et détenant du titre, est une garantie défensive sans équivalent dans la ligue, voire même dans l’histoire de la NBA. Malgré ces résultats exceptionnels et la relative stabilité de son effectif, la franchise du Michigan connaît quelques turbulences. D’abord, la saison précédente a été entachée par la baston générale avec les Pacers dans leur stade, le Palace d’Auburn Hills, qui a secoué la NBA comme peu auparavant. De plus, leur légendaire coach Larry Brown vient de se faire la malle direction New York. Un coup dur pour la franchise mais néanmoins sans surprise puisqu’il avait loupé plusieurs matchs la saison précédente pour des problèmes à la hanche, tout en exprimant son mécontentement par rapport à sa situation, ce qui avait finalement créé des tensions  avec le proprio. Pour le remplacer c’est Flip Saunders qui débarque après 10 ans à entraîner les Wolves de Garnett.

Les doubles finalistes prennent directement beaucoup de plaisir dans le nouveau style de jeu prôné par leur coach : leur défense est toujours bétonnée, mais en plus leur attaque affiche des progrès évidents. Le nouveau système, plus espacé et plus instinctif, fait des ravages quand il est appliqué par ce 5 majeur qui se connait par cœur. Chaque joueur remplit parfaitement son rôle et les arrières Hamilton et Billups réalisent alors la meilleure marque de leur début de carrière. De l’autre côté du terrain, “Big Ben” est nommé pour la 4ème fois Defensive Player of the Year tandis que “Mr Big Shot” récolte également quelques honneurs pour son travail en premier rideau. Avec ce niveau de jeu exceptionnel, les joueurs de Motown sont intouchables en début de saison : ils réalisent un départ en boulet de canon avec 24 victoires sur les 28 premiers matchs, qui les mène à un bilan de 42-9 au All-Star break. Les champions 2004 sont parfaitement alignés sur le rythme du record des Bulls de 96. Du coup, la sélection de l’Est du All Star Game 2006 a des airs de Michigan. Avec le meilleur bilan à l’Est, Flip Saunders est automatiquement nommé coach de la sélection, et il est suivi par 4 de ses joueurs. Aucun d’entre eux n’a été élu par le public dans le 5 majeur, mais les coachs votent pour mettre Ben Wallace, Rasheed Wallace, Chauncey Billups et Richard Hamilton sur le banc. C’est d’ailleurs une première pour les deux arrières qui n’avaient jusque là jamais reçu ces honneurs. Avec un système leur permettant plus de libertés offensives, les deux coéquipiers ont enfin été mis en lumière aux yeux de la ligue. Le quatuor égale au passage le record de sélection pour une même franchise détenu par les L.A. Lakers de 1998.

La deuxième partie de saison n’est pas du même acabit mais reste dans des standards très solides. Il faut dire que ce 5 majeur semble indestructible avec ses 73 matchs consécutifs joués ensemble et aucun joueur en dessus des 80 matchs joués sur la saison. Même si le groupe de Flip Saunders finit avec le meilleur bilan de la ligue en allant chercher le record de franchise avec un bilan de 64-18, la fin de saison n’est pas rassurante : les Pistons perdent 3 de leurs 4 derniers matchs, et “Big Ben”, pilier de ce groupe, met fin aux négociations sur son prolongement en laissant planer le doute sur d’éventuelles envies d’ailleurs. Les joueurs de Detroit se ressaisissent néanmoins au premier tour des Playoffs en collant à 4-1 aux Bucks. Les demi-finales de conférence sont bien plus laborieuses : la défense de Cleveland enraye l’attaque des Pistons, tandis que leur défense d’élite peine à freiner un LeBron James déchaîné. La troupe de Saunders est poussée dans ses retranchements quand elle perd le game 5 de deux points offrant 2 matchs aux Cavs pour finir le boulot. L’expérience des champions et une défense retrouvée leur permettent d’arracher la série en 7 matchs mais celle-ci laissera des traces. La finale de l’Est est un remake de celle de 2005, gagnée au game 7 par Detroit. Le duo Wade – O’Neal profite de la fatigue des champions 2004 pour reprendre l’avantage du terrain… qu’il ne lâcheront plus, éliminant les Pistons en 7 matchs.

Alors que le début de saison régulière laissait penser qu’il s’agissait de l’apogée collectif de ce groupe, ils ne parviennent pas à atteindre les finales pour la première fois en 3 ans. Bien pire, Ben Wallace, représentant de ce groupe dur au mal,  décide de signer aux Bulls. La franchise du Michigan jouera les premiers rôles en enchaînant par deux finales de conférence les saisons suivantes, mais la magie qui a entouré cette équipe a perdu de sa superbe dans la coupe afro du pivot…

Le moment marquant de la saison : les 4 étoilés de Detroit apportent leur culture de jeu au All Star Game 2006, gagné 122-120 par la sélection de l’Est.

L’équipe des Pistons, qui incarne l’anti-flashy, l’anti-showtime, se retrouve exposée sur le devant de la scène. Ces joueurs, qui se sont fait leur place dans la ligue par leur défense avant tout, et par leur mentalité de col bleu, semblent n’avoir rien à faire dans ce match. Le All Star Game est le plus souvent pris comme un match d’exhibition, dans lequel il faut exposer ses qualités athlétiques et autres mouvements aussi esthétiques qu’inefficace. Un basket paillette qui semble en contradiction avec la nature même des 4 joueurs du Michigan. Du coup, quand leur coach décide de les faire rentrer ensemble sur le terrain, ils font ce qu’ils font de mieux et verrouillent complètement l’attaque de la sélection de l’ouest tout en marquant proprement de l’autre côté. Billups, Hamilton et les deux Wallace ont amené, l’espace de quelques minutes, une défense de fer au All Star Game. Quelque chose d’impensable mais qui, au contraire de gâcher le spectacle, nous fait fantasmer sur une version du match où les étoilés joueraient avec une intensité de match de Playoffs. Pour l’anecdote, le match est gagné 122-120 par l’Est, sur un double pas de Dwyane Wade, annonciateur du reste de la saison.

10 ans après, les Pistons ont entamé un nouveau cycle. Stan Van Gundy est arrivé en 2014 et a commencer a établir une nouvelle culture de franchise. Moins défensive que dans les années 2000, cette équipe propose néanmoins un jeu très construit. Avec des recrutements intelligents et un duo Jackson – Drummond qui ne peut que progresser, la franchise de Detroit compte bien se réinstaller dans le haut de la conférence Est pour les années à venir. Et puis le pivot All Star n’a que 22 ans, il n’est pas trop tard pour espérer le voir s’inspirer de Big Ben dans sa moitié de terrain. 

Source image : Nathaniel S. Butler/NBAE


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