Vlade Divac : des Lakers aux Kings, le pivot serbe a exploité à merveille ses mains en or

Le 03 févr. 2016 à 18:37 par Alexandre Martin

Source image : YouTube/NBA

Au moment de la Draft 1996, quand les Lakers ont décidé d’échanger Vlade Divac aux Hornets contre les droits d’un rookie nommé Kobe Bryant, beaucoup de fans et d’observateurs ont hurlé leur mécontentement et leur étonnement vis-à-vis de ce choix. Bien évidemment, avec le recul que nous pouvons avoir aujourd’hui sur la carrière du “Black Mamba”, il est facile de se dire que c’était un coup de maître mais à l’époque c’était une autre histoire…

Car le grand Vlade n’est pas juste un pivot blanc venu d’Europe. Il est l’un des pionniers du basket européen en NBA. Il est le premier joueur né et formé hors des Etats Unis à avoir joué plus de 1000 matchs dans la Grande Ligue. Il fait partie d’un club très fermé (ils sont sept) de gars ayant compilé au moins 13 000 points, 9 000 rebonds, 3 000 passes décisives et 1 500 contres en carrière. Certains vont se dire “ouais, bonjour la stat tirée par les cheveux” mais sachez que les six autres cartes de membre de ce club sont détenues par : Kareem Abdul-Jabbar, Tim Duncan, Shaquille O’Neal, Hakeem Olajuwon, Kevin Garnett et Pau Gasol. Des intérieurs avec un niveau assez sympathique donc…

“Pour moi, c’était un défi d’être l’un des premiers à débarquer et y arriver en NBA. C’était une superbe opportunité pour moi. Si ça n’avait pas marché, j’aurais pu rentrer au pays. Je suis ravi d’être resté aussi longtemps…” — Vlade Divac

Divac parle d’un défi et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il l’a somptueusement relevé. En 16 années passées sur les planches outre-Atlantique, le Serbe n’a non seulement jamais déçu mais il s’est toujours imposé comme une pièce essentielle des équipes qu’il a fréquentées. Il faut dire que l’ami Vlade n’était pas un grand comme les autres. Bon rebondeur (trois saisons à plus de 10 prises de moyenne), bon contreur malgré une détente très limitée et scoreur intéressant, Divac s’est avant tout distingué d’une manière générale par son intelligence de jeu, sa lecture impeccable, sa vision globale du terrain. Parce que des pivots longs de 216 centimètres et capables de faire des passes à une main en pleine course ou de servir en aveugle – depuis le poste bas – tout coéquipier qui viendrait à couper la raquette, on n’en à pas vu des masses en NBA. Très rapidement, il a également “brillé” par son vice et sa roublardise. D’ailleurs, P.J. Brown parle encore de lui comme du “meilleur floppeur de tous les temps”. Ce bon P.J. n’a certainement jamais dû voir Manu Ginobili ou Chris Paul en action mais on comprend ce qu’il veut dire car Divac était un maître dans l’art de la comédie et du plongeon parfaitement simulé. Il savait exactement quand profiter du fait qu’un arbitre avait raté quelques fautes sur lui et, du coup, exagérer un contact pour influencer une décision.

Drafté en 1989 en fin de premier tour par les Lakers, ce bon Vlade a découvert la NBA en tant que remplaçant mais a eu le plaisir de recevoir les conseils d’un Kareem Abdul-Jabbar qui venait de prendre sa retraite ainsi qu’un bon paquet de caviars provenant d’un certain Magic Johnson. Il y a pire pour faire son entrée dans le basket américain ! Dès la saison suivante, Vlade fut titulaire et ce, pour les six exercices suivants avant de se retrouver dans le rôle de la monnaie d’échange permettant donc aux Lakers de s’approprier Kobe Bryant. A Charlotte, le Serbe va faire le boulot comme on dit. Deux saisons, 145 matchs pour presque 12 points et plus de 8 rebonds de moyenne (grosso modo ses stats en carrière). Mais, agent-libre lors du lock-out terrible de 1998, Divac décide de revenir en Californie, chez les Kings cette fois-ci. A Sacramento, il va être associé à l’ailier-fort Chris Webber, au meneurs Jason Williams puis Mike Bibby ainsi qu’à un de ses compatriotes, le sniper Peja Stojakovic. Ces gars vont former le noyau de cette fabuleuse équipe des Kings qui, de la toute fin des nineties jusqu’au début des années 2000, va régaler les fans de balle orange aux quatre coins du pays en pratiquant un jeu basé sur le mouvement de balle. Un jeu rapide, offensif et souvent ponctué d’actions spectaculaires. Un jeu qui convenait parfaitement aux qualités d’un Divac qui s’est éclaté comme jamais sous les ordres de Rick Adelman.

Ces Kings – dont il est aujourd’hui le Président des Opérations Basket – seront la troisième franchise de Vlade Divac qui n’a pas grand chose à regretter dans sa carrière si ce n’est de n’avoir jamais pu remporter une bague de champion. Il est régulièrement allé loin en Playoffs mais est toujours tombé sur des os bien difficiles à avaler. En 1991, Divac et les Lakers se sont heurtés aux Bulls et à Michael Jordan en Finales NBA. En 2002, Divac et les Kings sont tombés face aux Lakers et Monsieur Dick Bavetta. Oh qu’elle a dû être dure à digérer celle-là… Cela ne l’empêchera pas cependant de retourner faire sa dernière pige chez le voisin et ennemi des Kings, à Los Angeles, avant de raccrocher définitivement ses sneakers en 2005.

Divac a 48 ans aujourd’hui. Il démarre tout juste (et plutôt bien) sa carrière de dirigeant. Son passé de joueur est encore dans beaucoup de mémoires. Et c’est bien logique car nous parlons ici d’un des meilleurs pivots européens de l’histoire qui a collectionné les triomphes avec la Yougoslavie. Un gars adoré par les fans des Lakers et dont le jersey numéro 21 trône au plafond de la Sleep Train Arena des Kings. Pas banal tout ça…


Tags : Vlade Divac