Un weekend entre Paris et la NBA : retour sur les perfs des Français, le drapeau dans le coeur

Le 16 nov. 2015 à 09:11 par Bastien Fontanieu

NBA

Ils étaient plusieurs à devoir jouer ce weekend, loin de l’Hexagone mais touchés au plus près par les événements tragiques ayant eu lieu à Paris. Ils ont tenté de remplir leur part du boulot, tout en montrant un vrai patriotisme. La plupart ont réussi, mais surtout tous se sont donnés : retour sur 3 nuits d’exception, la tête aux US mais le coeur en France.

La tâche n’était pas simple, loin de là même. Comme le témoignait Kevin Seraphin après sa belle rencontre dimanche face à New Orleans, les larmes étaient difficiles à retenir en entendant la Marseillaise. Forcément, obviously. Nicolas Batum ? Visiblement marqué et tentant de trouver ses mots devant les reporters, l’obligation de devoir parler dans la langue de Shakespeare alors que la transpiration était pour Molière, l’ailier tranchait directement en disant qu’il surveillait les performances de chacun sur ce weekend si particulier. Comme un grand-frère, ou un délégué de classe. Sans exception, tous ont eu droit à ce moment, fort, beau, chaleureux et apprécié par toute une communauté de sportifs, entendant l’hymne retentir dans toutes les arènes de la NBA, en hommage aux victimes et en soutien aux amis de longue-date. Chacun a géré le moment à sa façon, dans sa liberté et ses croyances, montrant son soutien dans la parole, le geste ou l’apparence. L’intérieur des Knicks arborait justement une coupe originale sur son crâne, avec un fat PARIS dessiné à l’arrière, pendant qu’Alexis Ajinça ou Rudy Gobert préféraient modifier leurs pompes, un détail pour certains mais surtout du respect pour beaucoup. Dans ce type de moment, pas de ‘vrai’ ou de ‘faux’, de ‘bien’ ou de ‘pas bien’, tout est dans la liberté d’exprimer son soutien à sa façon. Mais si chaque compatriote s’est dévoilé d’une manière différente au premier coup d’oeil, tous ont respecté un engagement fort par la suite : sur les parquets, en se donnant à fond.

Et en tête de file, ponctué notamment par ses retrouvailles avec les Blazers, un Nicolas en feu. Il avait déjà effectué une belle première face aux Bulls dans la nuit de vendredi (28 points), le Français claquera 31 unités et repartira avec la victoire. Un sourire en coin, le chrono défilant à Charlotte, chaque joueur de son équipe ou de celle d’en face prenant une petite seconde pour lui donner un dap dans le dos, un petit geste de fraternité ô combien appréciable dans des moments si sombres. Il y avait aussi Kevin donc, acclamé en fin de rencontre au Madison Square Garden, utilisant au mieux ses minutes pour montrer son enthousiasme (12 points), son envie de bien faire. La voix grave en interview d’après-match, le regard un peu perdu, mais le sentiment du devoir accompli. Tony et Boris, du côté de San Antonio, pas forcément les plus intrigants statistiquement mais un Parker en jambes, agressif, scorant 16 points en 25 minutes, son deuxième plus gros total de la saison. Comme un symbole. La veille, c’est Ian qui frôlait le double-double (12 points et 9 rebonds), dans la victoire des siens face aux Wolves. La même hargne, le même boulot à la mine, just another day at work, mais avec un parfum tricolore notable, tout de même. Evan, soutenu par son pote Nikola Vucevic, en déplacement à Washington et une nouvelle fois auteur d’une belle partition. Il aurait pu craquer, évidemment, mais non. Pas dans ce contexte, pas après un aussi beau début de saison. Rudy, évidemment, de retour auprès des siens et s’offrant un double-double en plus d’une victoire, les chaussures aux couleurs du drapeau et la défense gérée comme un maître, comme d’habitude. Droit dans ses… pompes, le torse bombé, le pivot du Jazz ponctuera ce weekend de performances françaises de la meilleure des façons.

Joakim, Joffrey, Damien et Alexis, eux aussi présents dans leurs équipes, dans des situations nettement différentes. Le premier toujours aussi énergique, remportant son duel avec Batum le fameux vendredi soir. Le second encore blessé, mais gardant en tête son retour, prochainement, pour confirmer cette belle pré-saison proposée sous le jersey des Nuggets. Le troisième, spectateur du succès des siens contre Cleveland, la fin d’une série et le début d’une nouvelle page, à la fois émotionnellement comme sportivement. Le quatrième enfin, opposé à Seraphin mais avec quelques minutes pour se donner, représenter, garder la tête froide comme pendant cette Marseillaise où Ajinça murmurera les paroles, le regard fixe. Tous étaient là, en pompes ou en costard, avec pour mission de devoir continuer leur taff, même avec la tête et le coeur lourd. Ils auraient pu en faire la moitié, gérer le minimum et laisser à chacun la possibilité de comprendre leur émotion. Les aurions-nous compris ? Forcément. Mais comme Nicolas le résumera si bien, et dans un parole qui a dû se transmettre entre copains du même pays chez l’Oncle Sam, il fallait envoyer un message. Rappeler que si la distance était géographiquement énorme, leur présence pouvait se ressentir au plus près de chacun, dans leur enthousiasme et leur envie d’aller de l’avant. Leur capacité à prendre leurs responsabilités et porter un bel engouement, tenir droit et ne pas se laisser faire.

Ce weekend, on avait envie de tout et de rien, un peu de basket mais surtout beaucoup de réconfort. Un semblant de normalité, un truc palpable et qui puisse nous permettre de nous redresser. Chacun y est allé à son rythme, d’autres auront encore besoin de temps. Mais s’il y a bien un groupe qu’on peut remercier, c’est celui des frenchies en NBA en ce moment. Car dans l’adversité, on a pu réaliser une nouvelle fois pourquoi on aime ce sport : il rassemble, apaise, unit et donne un peu de bonheur quand on en a besoin. On ne peut donc terminer ce weekend et lancer cette nouvelle semaine qu’avec un seul mot. Merci. Merci les gars, on a vraiment apprécié l’effort. Et c’était fort.

Source image : Montage TrashTalk – NBA League Pass – Eurosport


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