Steve Kerr : un pari très osé mais tellement gagnant pour les Warriors
Le 17 juin 2015 à 18:49 par Alexandre Martin
C’est donc fait ! La meilleure équipe de la saison a été couronnée la nuit dernière après des Finales plutôt maîtrisées par les joueurs et dirigées superbement par un Steve Kerr pourtant intronisé head coach pour la première fois en juillet dernier. En une année, l’ex-meneur des Bulls et des Spurs notamment a fait grimper une – voire plusieurs – marche à des Warriors qui sont aujourd’hui au sommet de la Ligue.
En amont de cette saison, alors que Golden State s’était séparé de Mark Jackson pendant l’été, beaucoup d’observateurs – dont nous faisions partie – avaient exprimé leur étonnement quant au choix d’un coach rookie comme Kerr pour remplacer le “Pasteur” sur le banc d’une équipe bourrée de talents qui venait de remporter 51 victoires en saison régulière mais qui s’était faite sortir dès le premier tour des Playoffs. Et puis en fait, l’entraîneur blondinet a parfaitement réussi sa prise de pouvoir. Sous son commandement, les Guerriers de la Baie ont montré un très beau visage dès le début de saison : offensivement très spectaculaire et insolents, les hommes de Kerr ont également montré de très grosses aptitudes en termes de concentration et de défense. On sent que le discours de ce bon Steve a su rallier les joueurs à son projet de jeu très ambitieux mais également très réfléchi. D’autre part, notons que Kerr a aussi mis sa patte sur l’effectif en modifiant les rotations – Barnes titulaire pour Iguodala et Green titulaire au poste 4 – et nous en avons immédiatement vu les fruits avec un démarrage canon des Warriors qui ont très vite pris la tête de la conférence Ouest pour ne plus la lâcher.
Résultat : 67 victoires, la meilleur attaque de la Ligue et l’une des meilleures défenses ! Steve Kerr termine deuxième juste derrière Mike Budenholzer pour le titre de ‘Coach de l’Année’ et s’adjuge le record de victoires sur une saison pour un coach rookie. Côté joueurs, Stephen Curry est élu MVP et Draymond Green termine deuxième des votes pour le Défenseur de l’Année. Ces 67 succès sont également un nouveau record pour la franchise qui arrive en Playoffs, considérée comme un des gros favoris pour le titre aux côtés des éternels Spurs, des solides Cavaliers ou des inébranlables Bulls. Mais, malgré cette saison magnifique, il y avait encore – en avril – beaucoup de sceptiques quant à la capacité à aller au bout de cette équipe très offensive dont le jeu était parfois qualifié de “cirque”, de “trop basé sur le shoot extérieur” ou de “pas assez rigoureux”. Tout ceci n’est pas fondamentalement faux mais c’est un style de jeu, une philosophie que les Warriors ont poussé au maximum au moment le plus chaud (les Finales) pour le résultat que nous avons pu admirer ces derniers jours et qui a été, au final, récompensé de manière suprême la nuit dernière.
On ne va pas revenir là-dessus encore une fois mais – après avoir dominé la conférence Ouest outrageusement – les Warriors ont connu des débuts de Finales bien compliqués et c’est bien un choix tactique tout aussi judicieux que risqué de la part de Steve Kerr qui a fait basculer la série. Dans l’ensemble, les joueurs ont été vraiment très impressionnants sur le parquet pour des gars qui découvraient TOUS cette fameuse dernière marche avant le Graal. Donc, non seulement Kerr a eu quelques excellentes inspirations mais il avait également de quoi les mettre en place. Car n’oublions pas d’où vient Andre Iguodala : il vient du banc ! Avec ses bras immenses, son expérience des Playoffs supérieure à la plupart de ses coéquipiers, sa superbe défense et son non moins superbe apport offensif, “Dédé” a été le difference maker des Guerriers sur ces Finales. A tel point qu’il en a été élu MVP alors qu’il n’a tourné “qu’à” 16,3 points, 5,8 rebonds, 4 passes décisives et 1,3 interception. Les moyennes de Stephen Curry notamment sont plus clinquantes (26 points, 5,2 rebonds, 6,3 passes et 1,8 interception) mais “Iggy” a marqué les esprits des journalistes élisant le MVP des Finales. Quelque part, si on peut dire que Kerr a grandement bénéficié d’avoir un joueur comme Iguodala sur son banc pour opérer un passage en small ball déterminant, l’ami Andre ne doit pas oublier qu’il doit ce trophée individuel fabuleux en grande partie à son entraîneur. Iguodala MVP des Finales, c’est sûrement dur pour Curry, c’est génial pour ce joueur de devoir qui n’a jamais rechigné à la tâche alors qu’il avait été relégué sur le banc et c’est aussi la victoire de Steve Kerr et de sa philosophie de jeu audacieuse.
Pour finir, signalons que pour trouver un autre “coach rookie” champion NBA, il faut remonter à Pat Riley qui emmena les Lakers au bout en 1982. Rien que ça ! Tout comme le grand Pat, Kerr n’est pas un vrai coach rookie dans ce sens qu’il connaissait déjà parfaitement tous les rouages de la NBA avant de s’asseoir sur le banc de Golden State. Tout comme le grand Pat, Kerr a eu à sa disposition un effectif très complet et bourré de talents mais encore faut-il réussir à en tirer le meilleur et à l’emmener jusqu’au bout. Ce n’est pas donné à tout le monde et, en général, l’équipe qui gagne le titre est complète et non dénuée de talent…
Les Warriors de Kerr saison 1, c’est 83 victoires au total. Seules deux équipes ont fait mieux dans toute l’histoire NBA : les Bulls de Jordan en 1996 (88 victoires) et… les Bulls de Jordan en 1997 (85 victoires). Voici, mine de rien, une stat qui donne une idée de ce que viennent de réaliser ces Guerriers : une saison fabuleuse du début à la fin. Saluons donc les joueurs qui ont été insolents de talent et de régularité, saluons donc le boulot de briscard du coaching effectué par Steve Kerr et tirons notre chapeau à ces dirigeants qui sont finalement à l’origine de tout cela car ce sont eux qui ont drafté le noyau de cette équipe et ce sont eux qui n’ont pas hésité à en donner les rênes à Mister Kerr ! Ils peuvent désormais savourer et pourront bientôt commencer à réfléchir au meilleur moyen de confirmer…
Source image : AP Photo/Rick Bowmer