5 Finales NBA d’affilée pour LeBron James : véritable exploit ou performance à relativiser ?
Le 27 mai 2015 à 19:50 par Nicolas Meichel
Et de cinq ! En guidant une nouvelle fois son équipe vers la victoire hier soir face à Atlanta, LeBron James s’est qualifié pour la cinquième année consécutive en Finales NBA, chose qu’aucun joueur n’avait réalisé depuis les années 1960. Autrement dit, le “King” est entré encore un peu plus dans l’histoire de son sport en réalisant ce superbe exploit, même si beaucoup ont tendance à le rabaisser pour diverses raisons.
Comme souvent avec les très grands joueurs, on a tendance à banaliser l’exceptionnel. Et c’est encore plus le cas avec LeBron James, lui dont on attend monts et merveilles à chaque fois qu’il pose les pieds sur un terrain de basket. Alors en le voyant se qualifier pour une cinquième Finale NBA consécutive hier soir, cela nous a presque fait ni chaud ni froid tellement on a pris l’habitude de le voir jouer en juin. Du coup, l’exploit réalisé par le “King” n’est pas vraiment reconnu à sa juste valeur, malgré le fait qu’aucun joueur n’ait réussi à faire de même en plus d’un demi-siècle. En effet, il faut remonter aux années 1960 pour voir huit joueurs de Boston jouer cinq Finales NBA consécutives, et encore c’était à une époque où la concurrence était beaucoup plus faible étant donné qu’il n’y avait que neuf équipes NBA au total. Logiquement, il faudrait donc saluer la performance de LeBron James aujourd’hui, sauf que comme souvent avec lui, il y a un “mais”. En parcourant les différents sites et autres forums de discussion, on se rend compte que l’exploit de LeBron est non seulement peu valorisé mais qu’il est surtout remis en cause et diminué du fait du faible niveau de la Conférence Est ces dernières années, ainsi qu’à cause de l’assemblage de stars qui a eu lieu du côté de South Beach à l’été 2010, et qui aurait soi-disant tué la concurrence. Du coup, pour certains, c’est comme si ça ne valait pas grand chose alors que pour d’autres, c’est sans doute un moyen de se rassurer par rapport aux anciennes légendes qui n’ont jamais réussi à faire ce qu’il a fait. Alors oui, il est vrai que l’Est n’a pas été d’une concurrence énorme récemment, surtout en comparaison avec l’Ouest qui n’a jamais été aussi relevé. Il est vrai également que le monstre à trois têtes formé à Miami a bien évidemment aidé James à accomplir tout ce qu’il a accompli. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas reconnaitre l’exceptionnelle domination de LeBron ces dernières années, elle qui symbolise sa longévité dans l’excellence (déjà 1 083 matches joués à seulement 30 ans, soit 43 056 minutes de jeu en tout dont 7 287 en Playoffs, ce qui le classe 12ème all-time dans cette dernière catégorie) ainsi que sa remarquable durabilité (à peine 73 rencontres manquées en 12 années de carrière).
Que ce soit à Miami et donc maintenant à Cleveland, le “King” règne sur sa Conférence comme rarement un autre joueur a pu le faire avant lui. Pourtant, contrairement à la pensée collective disant que c’était un parcours de santé, tout n’a pas été facile pour lui durant ces cinq dernières années. Au cours de sa première saison à Miami, on se rappelle à quel point le Heat a pu galérer pour trouver un équilibre collectif pouvant le mener au sommet. D’ailleurs, on doutait beaucoup de la capacité des Floridiens à battre Boston, finaliste en 2010, et Chicago, meilleure équipe de la saison régulière. Pourtant, le Heat aura remporté ces deux séries sur le score de 4-1 avant de s’écrouler en Finales NBA contre Dallas. En 2011-2012, l’équipe de LeBron James profitera évidemment de la grosse blessure de Derrick Rose pour éviter les Bulls mais on a tendance à oublier que Chris Bosh était absent pendant quasiment toute la série contre Indiana en demi-finales de Conférence, et une partie de celle contre Boston au tour suivant. Là encore, ce n’était pas gagné d’avance pour Miami, qui avait d’ailleurs bien galéré pour battre les Pacers (4-2 après avoir été mené 2-1) et surtout les Celtics (4-3 après avoir été mené 3-2). La saison suivante, le Heat, qui est alors champion en titre, doit faire face aux nombreux pépins physiques de Dwyane Wade, qui n’était alors que l’ombre de lui-même. Si Miami s’est assez facilement débarrassé de Chicago cette année-là, la série face aux Pacers en Finales de Conférence a été hardcore pour la bande à LeBron, souvent dominée dans la raquette. Finalement, porté par James, le Heat s’en sortira en sept matches mais ce fut très difficile. Lors de la dernière année du “King” en Floride, le scénario va se répéter puisque Miami gagnera une nouvelle fois sa place en Finales NBA en battant Indiana, qui avait pourtant l’avantage du terrain. Entre 2011 et 2014, LeBron et son équipe n’ont d’ailleurs fini premiers à l’Est en saison régulière qu’à une seule reprise (2013), ce qui montre bien que ce n’était pas forcément portes ouvertes pour le Heat, qui a dû aller chercher des victoires en terre hostile. Et que dire de cette année ? Pas de Kevin Love, un Kyrie Irving diminué, une nouvelle équipe jeune qui est en plein apprentissage et pourtant, le résultat est le même, LeBron jouera en juin. Pourtant, beaucoup voyait Chicago l’emporter sur les Cavs vu le nombre de blessures qui ont touché ces derniers. Quant à Atlanta, on parle juste de la meilleure équipe à l’Est en saison régulière avec 60 victoires au compteur, mais ça n’a pas empêché James et son crew de leur marcher dessus. Tout ça, c’était très loin d’être acquis, mais le “King” a comme d’habitude répondu présent, que ce soit grâce à ses performances sur le terrain ou à travers son leadership.
En emmenant une équipe de Cleveland sans véritable expérience en Finales NBA, qui plus est orpheline de Kevin Love et avec un Kyrie Irving sur une jambe, LeBron James a une nouvelle fois prouvé pourquoi il était l’un des meilleurs joueurs de l’histoire. Et comme il l’a dit hier soir après la victoire, tout est difficile à ce niveau-là. Mais il a eu le malheur de rendre les choses un peu trop faciles…
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