Les chiffres sont clairs : et si les Playoffs n’étaient que le reflet de la saison régulière ?

Le 18 mai 2015 à 20:40 par Alexandre Martin

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“De toute façon, la saison ne démarre réellement qu’en avril”, nous expliquent chaque année les fans des équipes qui ont du mal entre novembre et mars. “C’est maintenant que la vraie saison commence”, déclarent souvent joueurs et entraîneurs de franchises qualifiées en Playoffs quand arrive le mois d’avril. Ou pire “Nous n’avons pas trouvé notre rythme cette saison mais nous serons prêts en Playoffs”… Toutes ces phrases fréquemment entendues dans le milieu du basket – parmi les fans, les observateurs plus ou moins éclairés, voire les acteurs du parquet ou du banc – ne sont que quelques exemples d’un refrain constant dans la Grande Ligue, une rengaine qui consiste à minimiser l’importance de la saison régulière. Et pourtant, ce qui se passe chaque année en NBA entre fin octobre et mi-avril a une influence immense sur la suite, cette post-season féroce dont il faut sortir gagnant pour se faire baguer. L’histoire en est la preuve irréfutable… 

90,3 % des champions des 30 dernières années…

Après la victoire de Houston la nuit dernière, un constat s’impose : à l’Est comme à l’Ouest, les Finales de conférence seront les théâtres d’affrontements entre les deux premiers du classement de la saison. Les Hawks ont fini en tête à l’Est suivi des Cavaliers pendant que les Warriors ont dominé l’Ouest avec pour dauphin les Rockets. Tiens, c’est marrant : c’était déjà le cas l’an dernier avec Pacers contre Heat d’un côté et Spurs contre Thunder de l’autre. Ceci est tout sauf une coïncidence mais pour véritablement pouvoir comprendre l’importance de la saison régulière, commençons par disséquer les résultats de ces 30 dernières années. De 1985 à 2015 (inclus), il y a donc eu 31 saisons et donc déjà 30 titres de champion décernés. Pour avoir le nom de celui de 2015, il va falloir encore patienter quelques semaines mais ce que l’on sait c’est qu’il sera issu d’une des deux meilleures équipes d’une des deux conférences. Encore une fois… Ainsi depuis 1985 seulement 5 champions NBA n’étaient pas classés premiers ou deuxièmes de leurs conférences (soit à peine plus de 16%) ce qui veut donc dire que presque 84% (26/31) des dernières franchises couronnées ont fini la saison dans le Top 2 de leur conférence !

Et encore… Si l’on y regarde de plus près, on se rend compte que les Lakers – bagués en 2002 – et les Pistons – bagués en 2004 – étaient en fait de “faux troisièmes de conférence” puisque leurs bilans respectifs étaient meilleurs que ceux des deuxièmes de conférence mais avec la règle des champions de divisions, ils n’ont été classés que 3èmes. Rappelons qu’à cette époque, l’Est et l’Ouest n’étaient encore munis que de deux divisions chacun et qu’un premier de division était au minimum deuxième de Conférence. Depuis 2005, ce règlement a évolué, chaque conférence est répartie sur 3 divisions et une franchise remportant sa division est assurée au minimum du Top 4. En tous cas, si l’on s’en tient strictement aux bilans, seules 3 équipes ont été championnes sans avoir eu le premier ou le deuxième meilleur bilan de leurs conférences. Il s’agit des Rockets en 1995 (6ème), des Spurs en 2007 (3ème) et des Mavericks en 2011 (3ème). En clair, 90,3 % des champions des 30 dernières années possédaient un des deux meilleurs bilans de leurs conférences. Là, ça commence à se voir que la saison régulière est un baromètre plus que déterminant non ?

En appliquant ce raisonnement à tous les participants aux Finales et non plus seulement aux champions, la claque statistique est tout aussi violente. 31 saisons donc 62 équipes qui ont vu (verront pour cette année) les Finales : seules 11 d’entre elles n’ont pas été classées parmi les deux premières de conférence, soit 17,7%. C’est peu et cela signifie surtout que plus de 82% des équipes atteignant les Finales ont cartonné en saison en se classant dans le top 2 de leurs conférences. Et alors si on ne se réfère qu’au bilan en faisant abstraction des règles de classement, le chiffre tombe à seulement 7 franchises qui sont parvenues jusqu’aux Finales sans pouvoir se targuer d’un des deux meilleurs bilans de conférence. 7 sur 62, c’est 11,3% soit donc presque 89% de finalistes qui avaient envoyé du lourd lors des 82 matches précédents les Playoffs ! En finales de conférence, sur ces mêmes 30 dernières années, nous avons assisté 35 fois (sur 62) à un duel entre le premier et le deuxième bilan. Oui, oui, plus de la moitié du temps (56%), le premier bilan de l’Est ou de l’Ouest affronte le deuxième en finale de conférence !

Vous croyez que c’est un “hasard” si les Spurs ont sauté au premier tour ? Détrompez-vous !

L’idée de ce déballage de chiffres et de statistiques n’est pas d’affirmer qu’il FAUT avoir un très gros bilan en saison pour espérer la bague en juin car certaines équipes ont démontré que ce n’était pas (tout à fait) vrai. En revanche, à travers ces différentes stats, l’histoire nous indique une chose très clairement : il est très difficile voire quasiment impossible de réussir de gros Playoffs sans avoir été régulier et en forme tout au long de la saison ! Et quand on y pense quelques minutes, c’est tellement logique et il n’y pas besoin de remonter bien loin pour trouver des exemples multiples. Vous voulez comprendre la différence entre les Warriors de cette année en Playoffs et ceux de l’année dernière ? Ne regardez pas l’effectif (quasi inchangé). Ne regardez pas que le coach (Steve Kerr est un tout bon mais il n’est pas non plus magicien). Non, regardez la saison régulière des Guerriers de la Baie. Regardez à quel point ils ont été réguliers des deux côtés du terrain, en confiance et insolents tout au long d’un exercice qu’ils ont fini avec 67 victoires au sein d’une conférence d’un niveau phénoménal. Ces gars sont les mêmes aujourd’hui en Playoffs et ils continuent de gagner des matches ! Tiens c’est marrant, l’an passé les Warriors ont été beaucoup plus irréguliers en saison et ils sont sortis dès le premier round des Playoffs…

Vous croyez que c’est un “hasard” si les Spurs ont sauté au premier tour ? Détrompez-vous ! Les hommes de Popovich n’ont quasiment jamais trouvé leur rythme cette année. Ils ont subi des blessures, le manque d’impact de Tony Parker certains joueurs en méforme et une certaine usure mentale tout à fait normale chez ces joueurs qui ont déjà tant gagné. Résultat : une 6ème place de l’Ouest et une déception face aux Clippers alors qu’ils avaient l’opportunité de finir la série à la maison lors d’un Game 6 tellement mal géré pour une équipe de ce niveau d’expérience. Et les Clippers… Leur défaite d’hier est clairement une grosse déception pour tous leurs fans mais, statistiquement, elle était (malheureusement pour eux) prévisible. Les Clippers sont toujours bons en saison depuis quelques années mais jamais non plus dans le Top 2 de leur conférence et, tiens c’est marrant, on ne les voit jamais en finale de conférence malgré un effectif bien équipé en stars. Avant de parler de passer un cap en Playoffs pour CP3 et sa bande, parlons d’abord de passer un cap en saison régulière peut-être !

Le Heat de LeBron James – 4 fois en Finales NBA et 2 fois champion – a toujours terminé dans les deux premiers de sa conférence en montrant une belle montée en puissance au cours de la saison. Comme les Cavaliers de cette année en fait… Les Hawks de Mike “Coach de l’année” Budenholzer ont pratiqué un basket léché tout au long de l’exercice et ont remporté 60 de leurs rencontres. Comme les Warriors, ces Hawks sont les mêmes en Playoffs : collectifs, adroits et sérieux en défense. Ni les Nets, ni les Wizards – tous deux beaucoup plus incertains dans le jeu – n’ont pu les empêcher de passer. Le message est clair : les Playoffs ça se prépare ! Croire qu’une équipe va “se réveiller” ou “se mettre en route” le mois d’avril venu est à la limite de l’utopie. Une équipe qui ne fait pas trop tourner le ballon en saison ne va pas se mettre à jouer comme les Spurs des Finales 2014 comme ça, par miracle. Un effectif qui manque de pouvoir offensif, comme Memphis par exemple, peut pratiquer son meilleur basket en défendant le plomb comme il l’a fait face aux Warriors mais, au bout du compte, la réalité le rattrape en saison comme en Playoffs… Et finalement, quitte à choquer certains amateurs de basket, il n’est pas si incongru de dire que ces Rockets – deuxièmes l’Ouest avec 56 victoires – méritent leur place en finale de conférence au vu de leur saison régulière tout en régularité avec un Harden au-dessus du lot et malgré les quelques matches très pauvres qu’ils ont pu nous proposer lors de cette post-season.

Ces franchises monstrueuses qui ont dominé la Grande Ligue à un moment donné – comme les Celtics de Bird, les Lakers de Magic ou ceux de Shaq, les Bulls de Jordan, les Pistons d’Isiah Thomas ou encore les Spurs de Duncan – sont bien évidemment des équipes de tueurs armés jusqu’au dents en termes “basketballistiques” mais elles étaient avant tout des équipes qui enfilaient les victoires et progressaient tout au long de chaque saison régulière qui les a vues aller au bout. Il n’y a pas de hasard en NBA. La concurrence y est beaucoup trop rude et les Playoffs sont une extension de la saison régulière. Une sorte de reflet plus violent, plus stressant mais où il est bien difficile pour un septième de conférence de se mettre à jouer comme un premier…

Source image : CHUCK WING, DNEWS


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