Ne jamais l’oublier : Amar’e Stoudemire, ce rêveur qui voulait redonner un peu de bonheur

Le 19 févr. 2015 à 14:27 par Bastien Fontanieu

Officiellement nouveau membre des Mavericks après sa signature à Dallas hier, l’intérieur de 32 ans quitte New York par la petite porte, celle qu’il avait pourtant construite de lui-même à ses débuts, en 2010.

Nombreux seront ceux qui retiendront ces évidences, aisément acceptables, car placardées sur le casier du joueur tout au long de sa courte carrière chez les Knicks : Amar’e ne défend pas, Amar’e s’explose le poignet contre des extincteurs, Amar’e se blesse trop souvent. Tels les titres de cette bonne vieille Martine, elle qui a finalement décidé de retrouver Jason Kidd chez les Bucks cette saison, les stéréotypes agrafés au col de Stoudemire le suivront pour toujours, car véhiculés par une presse qui trouvait là son black sheep favori. Face à la reine de promo que représentait et représente toujours Carmelo Anthony, l’intérieur devait se contenter de la seconde place -et encore-, maltraité par des journalistes new-yorkais avides de gros titres et d’un bouc émissaire (ou bouquet mystère selon J.R.) facilement reconnaissable.

Et pourtant…

Pourtant, quel homme autre que STAT a osé se lancer dans la ville qui ne dort jamais, tentant de rapporter quelques étoiles dans le ciel de Manhattan et un peu de bonheur dans le coeur des fans ? L’histoire effacera naturellement cet épisode car non-ponctué par un succès collectif marquant, mais lors de l’été 2010, quand tout le monde déniait New York d’un simple revers de poignet, un utopiste s’est dressé et a pris le challenge à deux mains. LeBron ? Miami. Bosh ? Pareil. Boozer ? Chicago. Travis Outlaw ? New Jersey. Pendant que les gros calibres iront rejoindre leurs copains pour former des alliances suprématistes nettement plus agréables, Amar’e retroussera ses manches et prononcera ces mots, forts, ambitieux, aux portes du Madison Square Garden, ce 5 juillet 2010, à graver dans la roche comme dirait Tunisiano.

“The Knicks are back !”

53 défaites en 82 rencontres l’année précédente, Mike D’Antoni à sa droite et 100 millions de dollars sur cinq ans à sa gauche, le projet s’annonce colossal d’entrée. Mais il en faudra bien plus pour arrêter Stoudemire, une bête féroce que personne ne pourra contrer sur ce début de saison, claquant trentaines sur trentaines comme si sa vie dépendait d’une qualification en PlayOffs. Candidat légitime au titre de MVP, Amar’e réinstalle la franchise mythique de la Big Apple dans le Top 8, ce groupe ultra-privé que les fans n’avaient pas connu depuis 2004, et efface les nuages les plus épais en quelques semaines. Dingue, impensable, incroyable ! Ses 26 points de moyenne sur les quatre premiers mois de compétition représenteront un véritable régal pour les yeux, des défenses pilonnées sur des genoux retrouvés, un show dirigé par D’Antoni et permettant aux Landry Fields ou Raymond Felton de ce monde d’obtenir un peu de lumière. Tout ça, en grande partie créé par la détermination d’un homme, qui croyait en son projet comme n’importe quelle star devrait faire, prêt à tout donner pour sa ville, devenant la figure emblématique de New York lors de l’hiver 2011.

Et puis, la chute…

Voyant le plan initial dépasser ses plus folles espérances, le management des Knicks décidera alors de doubler la mise en attirant Carmelo Anthony dans ses filets. Blasé à Denver, fâché avec son entraîneur et souhaitant rejoindre un groupe ambitieux, Melo se tatoue les lettres NYC le 27 février 2011 et vient former sur le papier un duo explosif avec Stoudemire. Sur-le-pa-pier… Les premiers mois servent de test, mais la saison suivante annonce un calvaire qui poursuivra Amar’e jusqu’au moment où ces lignes sont écrites. Le lock-out, la blessure au dos, le décès de son frère, l’absence de véritable meneur pour lui filer la gonfle et le nouveau monopole instauré autour du numéro 7 : celui qui démarrait le All-Star Game 2011 pour y claquer 29 points les yeux dans les yeux avec LeBron sera totalement oublié par les fans et les coaches, un plongeon inarrêtable qui sera accentué par un karma clairement retourné contre l’homme. Linsanity, de nouvelles blessures, changement d’entraîneur, la totale. Alors que les maillots floqués du numéro 1 se vendaient comme des petits pains quelques mois auparavant, Stoudemire deviendra vite ce joueur pointé du doigt, ce vilain petit canard qui voulait pourtant redonner à New York un véritable élan, une mission accomplie que peu de monde accordera en y repensant.

Baron Davis et les Warriors, Gilbert Arenas et les Wizards : deux autres exemples d’artistes oubliés, enterrés sous des images modifiées, eux qui souhaitaient simplement se faire une petite place dans un coin peu éclairé. Amar’e Stoudemire sera probablement oublié par de nombreux fans à cause de sa fin de carrière chez les Knicks, mais l’histoire retiendra ceci : quand tout le monde avait peur de se lancer à New York à cause de leurs nombreux soucis, un seul homme a osé retrousser ses manches. Et c’était bien lui.

 Source image : newyorkknicksmemes.com