Trades et free-agency : du coup, ça se passe comment pour les supporters ?

Le 24 juil. 2014 à 12:55 par Clément Hénot

Comme à chaque marché des agents-libres, beaucoup de choses bougent en NBA, que ce soit au sein du staff ou dans l’effectif, parmi les joueurs. Ainsi, bon nombres de rapports de forces s’inversent, et certaines équipes plongent au profit d’autres teams émergentes. On parle également beaucoup de ce phénomène de “bandwagon fan” qui consiste à supporter l’équipe à la mode, l’équipe fashion ou tout simplement l’équipe qui gagne, les anglophobes les appelleront plus aisément “basketix”. Mais avec ce joyeux bordel des derniers jours, il va être difficile d’anticiper le comportement des fans NBA du monde entier qui pourrait bien varier du tout au tout, mais comment on s’y retrouve nous ? 

Migration massive de la Floride vers l’Ohio ?

C’est peut être le plus grand mouvement de fans qui va avoir lieu pour la saison 2014-2015. Après cette bombe que fut le “I’m coming home” de LeBron James, c’est toute une équipe qui a perdu la tête d’affiche qui était la sienne pendant quatre années, pour autant de Finales disputées, et la moitié remportées. Le Miami Heat fut ainsi plongé dans la tristesse, orphelin du King, reparti sévir sur sa terre natale, cet incroyable coup de théâtre risque déjà de signer un grand mouvement de foule chez les fans durant cette free-agency.

Ainsi, dans l’Ohio, on retrouve facilement le sourire à l’annonce du retour de celui qu’ils qualifiaient de “traître” en 2010. Ainsi, tous les fans de l’Elu vont donc inconsciemment (re)devenir des fans des Cavaliers de Cleveland. Mais quid de ces personnes ayant peut être trop vite laissé parler leur haine, ces personnes vont-ils revêtir son jersey, qu’ils ont brûlé en masse à l’annonce de l’exportation de ses talents à South Beach ? Vont-ils cette fois ci lui réserver une standing-ovation bien opposée aux sifflets qui auront fait grincer les murs de la Quicken Loans Arena lors de son retour en terrain ennemi ? Tant de questions auxquelles seuls les “basketix” sauront répondre.

A Miami, on est forcément déçus, et même si l’effectif proposé par le front-office est loin d’être dégueulasse, et que les renforts enregistrés lors de cette intersaison sont plutôt positifs et discount, on commence à croire qu’on ne reverra pas les Finales de si tôt. A moins que D-Wade trouve de nouveaux genoux dans la nature, ou que Chris Bosh soit à nouveau en possession du niveau qui était le sien à Toronto, avec ou sans la télévision. Une chose est sûre, ces fans là ne quitteront plus la salle avant la fin du match, puisqu’ils n’y entreront tout simplement plus, ils préfèreront désormais la salle en 3D de l’Ohio.

A contrario, les haters du King, qui, quant à eux, devraient retrouver une once d’admiration, voire d’affection pour ce Heat déserté, vont probablement retrouver quelque chose à reprocher à James…

Ils l'ont tous suivi jusque Cleveland. Oui, oui, à pied...

Ils l’ont tous suivi jusque Cleveland. Oui, oui, à pied…

Mais attention, si LeBron James fut évidemment la plus grosse attraction de cette free-agency, et qu’il devrait soulever les plus gros mouvements de foule, bien loin de nous l’idée de penser qu’il n’y a que les fans du King qui changeront du jour au lendemain d’équipe favorite. D’autres exemples vont suivre.

Le retour de ces bons vieux Hornets

Autre lifting dont la NBA risque de profiter à fond, et qui fera très certainement plaisir aux vieux dinosaures adeptes du jeu old-school, des gros écrans cathodiques et des shorts au ras des burnes. La résurrection des Charlotte Hornets, anciennements Bobcats, mais dont l’histoire est détachée des Pelicans actuels de la Nouvelle Orleans (ancien Hornets donc, vous suivez ?) amènera un nombre de fans “depuis toujours” conséquent.

Car forcément, lors des “nineties”, les Hornets séduisaient déjà beaucoup grâce à leur jeu ultra spectaculaire et athlétique. Menée par Mugsy Bogues, brutalisée par Larry Johnson et Alonzo Mourning et canardée par Dell Curry, cette franchise attirait les regards malgré l’absence de titres. A la manière des Warriors, ou des Suns aujourd’hui, les Hornets séduisaient, étaient performants, mais n’avaient pas les cannes pour aller jusqu’au bout.

Aujourd’hui, la franchise reprend des couleurs dans les deux sens du terme, après avoir enregistré le renfort d’Al Jefferson à l’époque des Bobcats, et après un lifting complet, les Hornets ont ajouté un second nom ronflant dans leur escarcelle en la personne de Lance Stephenson, joueur frisson par excellence, aussi talentueux qu’imprévisible, aussi complet que fou. “Sir Lancelot” ne laisse personne indifférent, et pour cause, son arrivée pourrait bien entraîner une nouvelle vague d’engouement pour les Hornets, qui risque de se découvrir beaucoup de “fans depuis toujours” lors de la prochaine saison. Les vieux de la vieille trouveront très certainement leur compte dans cette nouvelle franchise qui saura refléter son passé glorieux, et les newbies verront également d’un bon oeil l’arrivé du coton tige officiel de LeBron.

Il sera difficile de cerner les vrais parmi ces “bandwagon fans” malheureusement. Mais ceux-ci auront le respect de TrashTalk, et il vaut plus que de l’or. Mécréants.

Ces équipes attirantes, sans forcément gagner des masses

Chaque année, dans la grande ligue, une ou plusieurs équipes ne gagnent pas forcément une flopée de matches, mais s’attire la sympathie d’un bon nombre de fans de “basket champagne”. On pense notamment aux “nouveaux Clippers” et leurs alley-oops enfin délestés de cette loose qui leur collait aux basques depuis la nuit des temps. Ou bien les Warriors qui canardent à tout va, de par le jeu qu’ils proposent, l’identité de la franchise ou encore l’enthousiasme proposé par les joueurs ou la surprise qu’ils créent en se hissant plus haut que prévu.

Où est Charlie ?

Où est Charlie ?

Le cas le plus parlant est celui des Suns par exemple. Alors qu’ils étaient annoncés dans les bas fonds de la conférence Ouest au début de la saison dernière par bon nombre de bookmakers, les Cactus auront finalement dépassé toutes les attentes et auront été mêlés à la course aux PlayOffs jusqu’aux dernières joutes de la saison. Mais les coéquipiers de Goran Dragic auront du prévoir leurs vacances plus rapidement que prévu, l’ultime marche étant effectivement trop haute pour cette jeune troupe, malheureusement. A ces jeunes Suns de désormais franchir ce palier si important et de renouer avec les PlayOffs, mais attention, l’effet de surprise ne prendra plus cette fois ci.

Au delà de la surprise, c’est également leur jeu qui aura séduit bon nombre de fans, basé sur le “Run & Gun”, terrain de jeu parfait pour des bêtes de foire comme Gerald Green, Channing Frye ou encore les Morris twins, les jeunes Soleils auront canardé à longueur de saison, et Jeff Hornacek, le coach rookie, aura su tirer un maximum de profit de l’effectif qu’il avait à disposition. Ce jeu n’était pas sans rappeler les Suns de la belle époque, ayant fréquemment échoué aux portes des Finales, mais ayant fait lever les foules grâce à leur jeu explosif dynamitant les défenses, avec Steve Nash en chef d’orchestre, Amar’e Stoudemire en démolisseur, notre Boris national en all-around player, Shawn Marion en couteau suisse et Raja Bell en tant que chien de garde attitré, Phoenix avait tout pour plaire, et nul doute que les fans de la première heure ont dû être très heureux de cette saison, même sans PlayOffs, ils seront déjà moins ravis de ces gens qui se disent “fans” mais qui déserteront au très probable même moment qu’Eric Bledsoe.

Pareil pour les Raptors, que pas grand monde n’attendait à ce niveau, et qui ont pourtant répondu présent avec un plutôt bel effectif, et des fans qui se sont découvert une passion pour les dinosaures, la neige et le sirop d’érable.

La fameuse équipe “à la mode”

Autre exemple criant : les Blazers de Portland, anciennement l’équipe la plus thug de la NBA à l’époque des Jail Blazers menés par Zach Randolph, Bonzi Wells, Sebastian Telfair, Ruben Patterson, et l’indécrottable Rasheed Wallace, ils étaient catalogués comme rugueux et “dirty”. Mais aujourd’hui, tout semble aller pour le mieux dans l’Oregon, et tout le monde chie des arc-en-ciels et des licornes roses.

Symbole de ce renouveau, Damian Lillard, très apprécié des fans et des grandes marques, au point de signer un contrat à 100 patates avec Adidas, fait figure de premier de la classe grâce à son accessibilité auprès des supporters, de son humilité mais surtout de ses performances sur le terrain. Difficile de ne pas apprécier ce joueur sérieux qui ne fait jamais de vagues, et qui est le symbole d’une nouvelle équipe de Portland. Avec LaMarcus Aldridge, nouveau symbole de l’équipe prêt à s’engager sur le long terme, Portland fait office  de Borussia Dortmund 2013, c’est à dire une équipe qui ne gagne pas énormément, que pas grand monde ne connait vraiment, mais qu’on aime bien, parce que c’est stylé de bien les aimer. Même s’ils retomberont dans l’oubli d’ici quelques années, et que plus personne ne s’en souviendra.

Une autre équipe un peu hipster qui devrait attirer l’oeil très bientôt, c’est (ne riez pas s’il vous plait) les Milwaukee Bucks, propriétaires d’un nouveau parquet remis à neuf et d’un maillot franchement borderline, les Daims proposent toutefois un effectif jeune et séduisant qui devrait s’attirer la sympathie des personnes avec une barbe longue, des tatouages faisant office de manchon, ou encore une chemise boutonnée jusqu’en haut avec un nœud pap’. Avec Larry Sanders le hollandais, Jabari Parker qui devrait déjà tout casser, Brandon “Dobby” Knight et d’autres jeunes pousses, les Bucks sont peut être sur le chemin de la rédemption.

A Dallas, c’est toujours Kaizer Dirk qui suscite l’admiration, professionnel au possible, et toujours au top niveau, les adorateurs des Mavs sont forcément des adorateurs du géant allemand, ou presque. Dommage que ce soit un peu démodé depuis 2011 les Mavs, ça a pourtant de la gueule de supporter la ville de Chuck Norris.

Pour prendre l’exemple opposé, les Pacers, qui n’auront décidément jamais été très sexy, devrait perdre un bon nombre de fans depuis le départ de “Born Ready”, qui était un peu la mascotte de cette équipe, mais également du fait que le Heat ne constitue plus son rival numéro 1, et que ces oppositions étaient toujours attendues en PlayOffs… En même temps, remplacer Stephenson par Stuckey…

Il est là, le vrai gagnant des deux dernières Finales NBA

Il est là, le vrai gagnant des deux dernières Finales NBA

Préconisations pour les fidèles

Non, ce n’est pas le Psy de TrashTalk qui débarque, c’est juste son stagiaire, et en plus il est même pas payé, donc pardonnez le s’il dit n’importe quoi, mais bon, faut bien commencer quelque part non ?

Bref, trêve de blabla, les fidèles de cette histoire n’ont pas été oublié, qu’il s’agisse des dernières personnes qui aiment souffrir et qui restent accrochées tant bien que mal aux Kings ou encore au Jazz, ou encore les visionnaires fans des Bulls et des Spurs de la première heure. Personne ne passera à la trappe.

Ainsi, pour les fans des Kings par exemple, une cellule de crise sera ouverte pour faire face à toutes ces décisions plus incongrues les unes que les autres, et il faudra également prévoir une bonne dose d’antidépresseurs pour tenir le coup malgré la victoire en Summer League de Las Vegas. Chez les Rockets, on en est pas loin, au menu, de la gnôle, toujours de la gnôle et encore de la gnôle pour oublier cet été dégueulasse offert par Daryl Morey himself. Du côté des Suns et des Warriors, il faudra beaucoup de climatiseurs, d’une part pour éviter les crampes, et d’autre part car bon nombre de matches risquent d’être chauds à Phoenix et Oakland. A Philadelphie, on conseillera plutôt les somnifères, pour s’endormir longtemps, très longtemps… Et se réveiller, dans l’espoir de supporter une team meilleure lors des prochaines années, et pas seulement une équipe de Summer League (les Kings, les Sixers, décidément, c’est Emmaüs en ce moment la NBA). Une bonne dose de kif et de cœurs avec les doigts pour les Bucks, qui ont malgré tout un avenir pas si dégoûtant que ça devant eux, tout comme les Wizards qui peuvent bien jouer les trouble fêtes, même avec un Paulo en fin de course. Enfin, une maison de retraite dernier cri devrait être instaurée pas loin d’Orlando pour le Magic, et des casques seront distribués à l’entrée du Palace pour parer aux briquasses de Josh Smith. Du miel pour les fans des Grizzlies, et Kent Bazemore pour les fans d’Atlanta.

On oublie forcément beaucoup d’équipes, mais on pense quand même à elles. Mais bon, vivement la reprise… On en peut plus, nous…

En bref, beaucoup de mouvement chez les fans, qui vont parfois changer d’équipe de cœur comme de slip troué. Si certains joueurs attisent la sympathie, d’autres attisent la haine, et cela influe sur l’équipe qu’ils supportent. Parfois, une équipe attirera par son jeu, et d’autres vont repousser à cause d’une identité dégueulasse. Toutefois, certains vieux dinosaures vont jurer fidélité à leur “franchise de toujours” sans jamais être influé par quel joueur que ce soit. Et d’autres vont donc devoir revendre leurs jerseys désormais “périmés” pour en trouver un autre, brûlé ou non, plus en adéquation avec leur nouvelle équipe de cœur. Et vous, vous êtes quel type de supporter ? Vous avez quatre heures.

source image : ESPN


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