Le Miami Heat de 2006 : histoire d’une équipe pas vraiment comme les autres

Le 25 juin 2014 à 11:54 par Nicolas Meichel

Miami Heat 2006 Dwyane Wade Shaquille O'Neal 15 juin 2020
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Quand on pense au Miami Heat aujourd’hui, on pense souvent au “Big Three”, au “back-to-back”, à l’été 2010 ou à la superstar LeBron James. Mais le Heat, c’est aussi tout ce qui avait avant, de Rony Seikaly à Shaquille O’Neal en passant par Tim Hardaway et Alonzo Mourning. Créée en 1988, la franchise floridenne avait franchi un cap avec l’arrivée de Pat Riley en 1995. Mais c’est seulement en 2006 que Miami atteindra les sommets. Cette année là, le Heat remporte le premier titre de son histoire face aux Dallas Mavericks, au terme d’une saison folle, ponctuée de hauts et de bas. Retour sur cette équipe pas vraiment comme les autres, qui aura réussi à accrocher la première bannière de champion au plafond de l’American Airlines Arena.

La construction d’une équipe

Juin 2004. Archis favoris, les Lakers de Shaquille O’Neal et Kobe Bryant se font humiliés par les Detroit Pistons en Finales NBA. La série se termine en cinq matchs, et la dynastie californienne est sur le point d’exploser à cause des nombreux conflits internes. On ne le sait pas encore, mais Pat Riley a déjà son plan en tête : faire venir le “Big Man” à South Beach. Et quand Pat veut quelque chose, généralement il l’obtient. Le 14 juillet, Bingo ! O’Neal est transféré à Miami contre Brian Grant, Lamar Odom, Caron Butler et un premier tour de draft. C’est un véritable tremblement de terre en NBA. Le Heat, après une saison prometteuse, est propulsé directement candidat au titre pour la saison 2004-2005. Le roster prend forme autour du nouveau duo Wade-O’Neal, et Miami réalise une superbe saison régulière avec 59 victoires pour 23 défaites. Favori dans la Conférence Est, le Heat échoue aux portes des Finales face aux Detroit Pistons, en perdant le septième match décisif à l’American Airlines Arena. C’est une déception énorme pour la franchise floridienne et pour Dwyane Wade, la nouvelle star de la ligue, touché par les blessures à ce moment là (eh oui déjà !).

Malgré cette saison plutôt réussie, Pat Riley n’hésite pas à faire le ménage dans l’effectif durant l’été 2005, et ce malgré les critiques. Exit Eddie Jones, Rasual Butler et Damon Jones, bienvenue aux vétérans Gary Payton, Antoine Walker, James Posey et Jason Williams. Miami vient de devenir spécialiste en terme de signatures d’anciennes stars NBA. Si cela fait la une des journaux, et que c’est plutôt beau sur le papier, beaucoup remettent en question ce recrutement très “bling bling” . Peu importe au final, car Riley tient à sa philosophie. Il sait que ces vétérans là ont faim de titre, et qu’ils n’auront plus forcément beaucoup d’opportunités dans leur carrière. En entourant le duo Wade-O’Neal de “rôle-players” de qualité et d’expérience, Riley venait de construire une équipe armée pour les Playoffs.

Une saison régulière sous le signe de l’irrégularité

Vous aimez les montagnes russes ? Vous êtes au bon endroit. La stabilité et la régularité sont souvent les clés de la réussite, mais avec le Miami Heat de 2005-2006, c’était tout le contraire. Entre changement de coach, blessures et résultats en dent de scie, la saison régulière était loin d’être un long fleuve tranquille pour le Heat. Dès le second match, Shaquille O’Neal se blesse à la cheville, il ne reviendra que 18 rencontres plus tard. Durant ce temps là, Miami est en difficulté, et ne trouve pas les automatismes. Avec un bilan de seulement 11 victoires pour 10 défaites début décembre, Stan Van Gundy, coach du Heat depuis 2003, laisse sa place sur le banc à Pat Riley, qui reprend les commandes de l’équipe. Des rumeurs laissent entendre que Shaquille O’Neal est à l’origine du départ de Van Gundy, mais c’est sans doute Riley qui l’a poussé vers la sortie. Avec Riley et Shaq, le Heat va mieux, sans pour autant être exceptionnel. Le niveau affiché est loin d’être celui d’un candidat au titre, et les critiques se multiplient. Pire, le 9 février 2006, Miami se fait humilier à Dallas, en perdant de 36pts. Le Heat touche le fond ce soir là, mais c’était sans doute la meilleure chose qui pouvait arriver à cette équipe. Dès le match suivant, Miami, emmené par un Dwyane Wade magistral, réalise un come-back superbe dans le dernier quart-temps face aux Detroit Pistons. C’était la victoire référence et le déclic tant attendu. Une équipe était née, tant au niveau de la cohésion qu’au niveau du jeu.  Avec 52 victoires pour 30 défaites, le Heat finit finalement deuxième de la Conférence Est. Après une longue saison régulière, le moment tant attendu était enfin arrivé pour la franchise floridienne. It’s Playoffs Time !

L’adversité comme source de rapprochement

Dans le grand bain des PlayOffs, le Miami Heat rencontre les Chicago Bulls au premier tour. Favori, le Heat connait les plus grandes difficultés pour se défaire de cette équipe jeune mais ambitieuse. Pire, des conflits se révèlent au grand jour. Que ce soit Wade, Shaq, Payton ou Antoine Walker, les égos se rentrent dedans et personne ne mâche ses mots. Finalement, cela aura eu le mérite de rapprocher les différentes individualités. Miami remporte la série en six matchs, et se retrouve soulagé. Au second tour, le Heat est opposé à une équipe complètement différente. Face à lui, les New Jersey Nets de Jason Kidd, Vince Carter et Richard Jefferson. Dès le premier match de la série, New Jersey domine Miami en Floride. Mais cette défaite ne sera en fin de compte qu’un signal d’alarme. Le Heat va remporter les quatre prochaines rencontres et donc la série, en pratiquant son meilleur basket jusqu’ici. Mais il reste une marche à franchir pour atteindre les premières Finales de l’histoire de la franchise. Comme la saison dernière, c’est Detroit qui se dresse sur la route de Miami. Champions NBA en 2004, Finalistes en 2005, les Pistons sont une équipe au collectif redoutable. Mais le Heat a une revanche à prendre. Et dès le premier match, l’équipe floridienne envoie un message. Portée par ses vétérans, elle remporte le Game 1 dans le Michigan et prend la série en main, pour ne plus la lâcher. Derrière “Flash” et Shaq, des rôles players comme Udonis Haslem, Antoine Walker et Jason Williams apportent leur pierre à l’édifice. Detroit n’arrivera pas à s’imposer à l’American Airlines Arena, et le Heat remporte la série en six manches, et par la même occasion la Conférence Est. Miami est en fête, et la salle est en fusion. Welcome to the NBA Finals !

Les Finales de 2006 : “Wade’s World”

En battant sans doute le meilleur collectif de la NBA, le Heat a prouvé qu’il était bien plus qu’une somme d’individualités. Face à lui en Finale se trouvent les Dallas Mavericks de Dirk Nowitzki, équipe qui avait humilié Miami en février. Les deux premiers matchs de la série se déroule dans le Texas, et comme en saison régulière, le Heat est encore dominé par les Mavs. Shaquille O’Neal n’est que l’ombre de lui même, alors que Wade a du mal à trouver son rythme offensif. Défensivement, Miami est dépassé par les offensives texanes de Dirk Nowitzki, Jason Terry et Jerry Stackhouse. Dallas s’impose deux fois à domicile, et on ne voit pas vraiment comment le Heat pourrait inverser la tendance. Mais c’est alors que Pat Riley va utiliser toute son aura pour remotiver ses troupes, que ce soit en leur montrant ses bagues de champion, ou en leur assurant que le 20 juin 2006 (date du Game 6), ils auront l’occasion de remporter le titre à Dallas.

De retour en Floride, le Heat est confiant, même s’il sait qu’aucune équipe dans l’histoire de la NBA a remporté le titre après avoir été menée 2-0 en Finale. Le match 3 est dominé par Miami en première mi-temps, mais Dallas impose son tempo en seconde période, et prend les commandes de manière assez sérieuse. Le Heat semble une nouvelle fois depassé, et se retrouve mené de 13pts à six minutes de la fin. Les espoirs s’amincissent, mais un joueur va inverser la série définitivement. Dwyane Wade, auteur de 42pts, réalise une fin de match d’anthologie et porte son équipe pour un come-back exceptionnel. Miami arrache une victoire inespérée et revient à 2-1 dans la série. Cette dernière ne sera plus jamais la même car nous sommes officiellement entrés dans le “Wade’s Word”, le monde de Dwyane Wade. A 24 ans seulement, il va porter son équipe tout le reste de la série. Avery Johnson et Dallas ne trouvent aucune solution pour le stopper. A la fois scoreur, playmaker et décisif dans les derniers instants, il rappelle Michael Jordan dans sa capacité à emmener son équipe vers la victoire. Comme Detroit deux ans auparavant, Miami fait le plein à domicile et remporte ses trois matchs à l’American Airlines Arena. Le Heat n’est plus qu’à une victoire du sacre. Nous sommes le 20 juin 2006, et la série est de retour à Dallas. Comme Pat Riley l’avait dit une semaine auparavant, c’est à cette date que Miami aura l’occasion de finir le boulot. Il reste 48 minutes, seulement 48 minutes à jouer pour une bague de champion. L’expérience et la confiance sont clairement du côté floridien. Malgré un début de match difficile, Miami s’accroche tel un champion, et prend même l’avantage en seconde mi-temps. Comme un symbole, c’est Alonzo Mourning qui va jouer un rôle essentiel pour son équipe dans la quête du titre. L’ancienne star du Heat, qui avait vu sa carrière menacée par une infection rénale, retrouve une seconde jeunesse et protège son panier comme il protégerait ses enfants. Le “Zo” est infranchissable, et le Heat se rapproche doucement de son rêve. Mais Dallas, porté par son public, n’abdique pas. La fin de match est irrespirable, mais Wade, Haslem et Posey inscrivent des paniers cruciaux pour Miami. Avec trois points d’avance à dix secondes de la fin, le Heat est à une action du sacre. Un dernier test, un dernier stop avant d’être champion. C’est Jason Terry qui prend le tir, la balle rebondit et finit dans les mains de Dwyane Wade, qui balance cette dernière au sommet de l’American Airlines Center. Le banc exulte, Miami est champion pour la première de son histoire, 18 ans après la création de la franchise.

Evidemment, Dwyane Wade est élu MVP de la Finale, avec des statistiques exceptionnelles : 34.7pts, 7.8rbs à 47% au tir. Ce jeune joueur de 24 ans vient de mettre le monde de la NBA à ses pieds, seulement trois années après être sorti de l’université de Marquette. Souvent dans l’ombre de LeBron James et Carmelo Anthony, c’est bel et bien “Flash” qui aura représenté au mieux la génération 2003. Mais même si cette Finale a ressemblé à un “one man show”, le Heat de 2006 était avant tout une équipe exceptionnelle. Cette incroyable saison correspond à l’histoire d’un groupe qui aura su rester uni malgré les critiques, les doutes et les moments difficiles. Mais ce dernier avait un objectif, une âme, une solidarité qu’on retrouve chez les champions. Et comme Pat Riley l’a dit à ses 15 joueurs dans le vestiaire après les Finales : “Plus personne pourra vous dire que vous n’êtes pas un champion !” 


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