Voyage dans la tête de Derrick Rose

Le 28 nov. 2013 à 12:41 par David Carroz

Depuis sa blessure à Portland, Derrick Rose n’a toujours pas communiqué sur sa situation. Dur de savoir ce qu’il ressent après ce nouveau coup dur. Colère ? Résignation ? Toujours au plus près des coulisses de la NBA pour vous informer, Trashtalk n’a pas hésité une seconde à se glisser dans le crâne de Derrick Rose pour connaître son état d’esprit. Voici ce que nous avons entendu.

Pourquoi ? Pourquoi moi ? J’avais pourtant tout bien fait… J’avais pris mon temps. J’étais persuadé d’être en forme…J’étais en forme ! Certes, ça ne se voyait pas encore, mais je me sentais bien. Je retrouvais même mon rythme. Ils auraient vu, d’ici 2 semaines max, j’aurais de nouveau fait des Bulls un vrai candidat au titre… et là je les abandonne, une fois de plus… Je suis tellement désolé pour eux. Je sais à quel point ils ont lutté l’an dernier, comme ils se sont battus. J’étais tellement fier, j’avais hâte de les retrouver. Leur rendre tout ce qu’ils m’ont apporté pendant ces longs mois sans jouer. Ils avaient compris mon absence et respecté mon choix. Des coéquipiers ? Non, des amis. Une famille. Et ils vont devoir revivre cette attente. C’est injuste, pour moi, pour eux.  Et que va-t-il se passer ? Seront-ils encore là à mon retour ? J’espère. Je n’ai pas besoin d’une superstar, elle ne pourrait pas les remplacer. Et si jamais ils créaient l’exploit… Je sais, impossible, mais ils le mériteraient tant…

Et les fans ? Que vont-ils penser ? Que je suis fini ? Trop fragile ? Que je me gave bien de millions en restant au chaud chez moi ? Ils doivent bien se moquer de moi… J’avais dit que je reviendrais meilleur, que je pourrais tuer ma mère sur le parquet… Et bien c’est un échec. Retour à la case infirmerie avant même d’être complètement revenu finalement. J’aurais mieux fait de fermer ma gueule… Et Adidas qui me soule déjà… En même temps, ils ont beaucoup investi sur moi, je les comprends un peu… Ils me parlent déjà de spots à tourner, d’opération com’… Je n’ai juste pas envie. Pas le goût, pas de motivation… Je veux juste être avec ma famille. Demain peut être, mais aujourd’hui…

L’avenir m’appartenait, et aujourd’hui je ne suis plus rien. Ou pas grand chose. Tout juste bon à pouvoir espérer rejouer au basket. Brandon Roy, Penny Hardaway… on me compare à eux, je le sais. Je les comprends. Mon corps m’a déjà trahi deux fois… ne va-t-il pas recommencer? Comment l’apprivoiser de nouveau? Il faut que je trouve une solution, dans ma vie, dans mon jeu. Ca ne se passera pas comme ça. Je suis revenu une première fois, et c’était bien plus grave. Certes, je n’étais pas encore au top, mais je serais redevenu un joueur incontournable de la ligue. Je le sais. Et ce n’est pas ce nouveau contre temps qui m’empêchera de donner tort à mes détracteurs. Et surtout raison à ceux qui m’ont soutenu, et qui me soutiennent aujourd’hui encore. Pour eux, pour mes coéquipiers, je ne peux pas baisser les bras. De toute façon, je ne peux pas montrer que je n’y crois plus, que je suis à bout… Je n’ai pas le droit pour tous ceux qui croient en moi.

Coach Thib est venu me voir. Il m’a rassuré. Je sais que c’est dur pour lui aussi. Il est tellement exigeant avec nous et avec lui même. Mais il a tenu un discours positif. Qu’ils étaient toujours compétitifs et qu’ils feraient tout pour gagner. Je sais qu’il ne le pense pas, que pour lui le titre s’est envolé lorsque j’ai quitté le parquet de Portland. Mais il veut que je sois positif, alors il se montre optimiste. M’encourage. Il a vu que j’étais mal, mais il a dit l’inverse aux médias. Pour garder l’effectif motivé et concerné. Pour me protéger aussi je pense. Mais je dois suivre le même chemin. Ne pas me laisser abattre par ce coup du sort. Rebondir. Encore une fois. Revenir. En travaillant dur. Les gars se battent sur le terrain, je ne vais pas baisser les bras. Dès que je pourrai, je commencerai la rééducation. Puis les heures au gymnase. Comme l’année dernière. Je sais que ça sera dur, mais il faut passer par là. Et puis les médecins sont optimistes, alors pourquoi ne pas les croire? Et puis finalement, cette déchirure du ménisque, ce n’est rien à côté de ma rupture des ligaments.

Je ne serai plus le même ? Et alors ? Ca ne m’empêchera pas de revenir et de tout donner.  Et je ramènerai un titre à Chicago. Je le promets. Même si cette fois, c’est moi que je dois tuer sur le terrain. Première option, deuxième option, franchise player ou non. Chicago est mon équipe, ma ville, ma famille. Je leur dois bien ça. Et même si ça prend du temps, que je dois y laisser toute mon énergie, je ferai tout pour que les Bulls soient champions. C’est mon objectif, et ce n’est pas cette blessure qui m’en empêchera.