Draft 2014 : Tanking maximal pour les pauvres, la fête des loosers cette saison

Le 14 sept. 2013 à 09:31 par Bastien Fontanieu

Chaque jour qui passe nous rapproche un peu plus de la terrifiante cuvée des rookies 2K14, qui devrait dominer la Ligue sur la prochaine décennie au vue du talent proposé à chaque poste. De Jabari Parker à Julius Randle en passant par les frères Harrison et l’inévitable Andrew Wiggins, les 10 premiers heureux nommés qui serreront la main d’Adam Silver dans 9 mois ont dors et déjà le potentiel pour devenir de véritables franchise-players en puissance, une évidence qui n’échappe pas la moindre seconde aux 30 équipes de notre belle Ligue et qui appelle forcément au tanking.

Pour nos jeunes fans avides de connaissances, ce terme assez récemment labellisé NBA consiste à plomber entièrement sa saison avec des intentions plus ou moins marquées, afin de récupérer un choix de Draft haut-placé via la Lottery. De nombreux exemples scandaleux sont disponibles sur ces dernières années, le plus récent et évident concernant les Golden State Warriors qui auraient largement pu assurer une belle saison 2011 avant de s’effondrer de façon surprenante en fin de parcours (sic), pour finir par rapatrier Harrison Barnes dans leurs filets, petite perle formée à North Carolina et qui devrait faire des ravages en Californie sur les saisons à venir. Passée inaperçue, cette énième tentative de construction factice a permis aux hommes de Mark Jackson de se faire plaisir sans dépenser le moindre sou, un mensonge technique et légal de plus en plus utilisé qui trompe complètement l’envie d’égalité compétitive instaurée par les bureaux new-yorkais. Comment les fans peuvent-ils donc aborder leur saison sereinement ? Que pensent de ce fait les joueurs, qui passent en un clin d’œil des PlayOffs aux abysses du classement ? La réalité est inévitable, et la course à la honte prend alors place. A l’heure où ces lignes sont écrites, certaines équipes se préparent déjà à vendre leur prochaine campagne dans leur intégralité, les jumelles étant rivées sur les pépites qui se régaleront en NCAA d’ici quelques mois.

Sauf blessure, dépression ou fin du monde, Andrew Wiggins devrait s’attribuer la première place de la prochaine Draft. Mais Jabari Parker et Julius Randle seraient aisément numéro 1 de n’importe quelle Draft si le canadien n’était pas dans la même.

Du côté des fans, le système reste du coup le même : au lieu d’espérer une qualification à l’arrache en phases finales, prions pour perdre le plus de matchs possibles et ainsi décupler les chances de récupérer un Carmelo ou un Durant. Triste quand on supporte une équipe avec ferveur depuis des années, mais inévitable quand on arrive en fin de cycle et que l’heure est au tourné de page. Qui de mieux placés du coup que les Lakers et les Celtics pour nous témoigner de cet engouement si tentant, les deux franchises les plus titrées de l’histoire vidant entièrement leur roster de leurs contrats lourds et talents sur ces dernières semaines pour mieux attaquer l’avenir, quitte à flinguer une saison entière. Cependant, comment faire moralement en tant que joueur ? Où retrouve-t-on la clause de compétitivité signée sur le contrat rookie quand on sait déjà que les 8 prochains mois seront longs et remplis de défaites ? Comment accepter la médiocrité quand le désir de chaque sportif professionnel est de dominer dans sa discipline ? C’est le cas notamment de Marcin Gortat ou Rajon Rondo, laissés sur le bas-côté sans le moindre intérêt, avec pour demande de continuer à carburer dans un bordel sans nom et ce sans se plaindre : la NBA est un business sans pitié qui demande souvent à ce que ses actionnaires fassent davantage preuve de management plutôt que de sportivité.

Essai

Du coup, comment remédier à ce troublant phénomène ? Est-il seulement possible de l’anéantir pour obtenir une Ligue de bisounours où tout le monde est honnête et compétitif ? Une proposition a déjà été effectuée, et devrait être analysée sur les prochains mois pour tenter de rétablir l’ordre dans la NBA. Flippante au possible et à éviter de toute urgence, elle consisterait à redonner une part de chance égale à toutes les franchises NBA concernant le premier choix de la Draft. Ainsi, le Miami Heat tout juste couronné champion pour la seconde année consécutive pourrait enchaîner sa parade en bord de plage avec la sélection d’Anthony Bennett ou Nerlens Noel dans son effectif. Injuste ? Totalement. Mais ce système extrême pousserait-il vraiment chaque équipe à se donner le plus possible afin de ne pas dépendre de la Lottery ? Mieux encore, pourquoi ne pas prendre les 15 plus mauvaises équipes, comme la NBA le fait actuellement, et mettre en place cette méthode d’égalité des chances pour obtenir le Saint Graal ? Le Heat et les Spurs ne pourraient donc pas en bénéficier, mais Bucks comme Cavaliers seraient possiblement vainqueurs du loto, au lieu de nous vendre du rêve avec un système de balles de ping-pong complètement fake dont le tirage au sort n’est visible par personne. Une belle façon de séparer les bons des mauvais, et de pénaliser ceux qui pensent être récompensés de par leur mauvais bilan sans pour autant faire parler de possibles affaires de corruption.

La NBA ne peut plus continuer son petit manège à la façade dorée mais aux coulisses crades : chaque saison propose son épisode spécialement dédié aux possibles affaires de coups montés, d’arrangements et de grosses enveloppes, et les fans n’y voient pour la plupart que du feu. La campagne qui arrive proposera du coup l’avènement du tanking, plusieurs franchises préparant les pires artifices possibles et imaginables pour remporter moins de 20 rencontres sur 82. Qui sera le plus mauvais ? Et sera donc récompensé pour ses talents de martyr ? On préfère fermer les yeux et se retrouver à la Lottery en Mai : jusque là, faisons semblant de croire au classement final, tous en cœur.


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