Toumani Camara x TrashTalk, l’interview exclusive !

Le 17 juin 2024 à 13:06 par Nicolas Vrignaud

ITW Toumani Camara x TrashTalk
Source : Montage TrashTalk via NBA League Pass

Auteur d’une très belle saison rookie chez les Blazers, Toumani Camara s’est posé avec TrashTalk pour un entretien exclusif. Retour sur sa saison à Portland, mais aussi sur ses axes de progression, sa relation avec la Belgique, ses envies de sélection nationale… et même les frites belges. Aucun sujet n’a été mis de côté, enjoy !

TrashTalk : Ton arrivée en NBA s’est passée d’une manière particulière, avec ta sélection par les Suns au 52e choix puis la Summer League et le transfert à Portland à la fin de l’été. Comment tu as vécu tout ça ?

Toumani Camara : Arriver en NBA, c’est un rêve d’enfance, c’était magique. J’aurais jamais pensé que ça se serait passé comme ça. Tu découvres plein de choses, comment ça se passe derrière les caméras, et vraiment comprendre le système, le business… c’était vraiment incroyable, eye opening comme ils disent ici. Concernant le transfert, ça été un peu choquant, c’était quelque chose que je n’attendais pas mais David [Son agent, NDLR] m’a toujours dit que c’était quelque chose qui pouvait arriver. Ça m’a appris que peu importe à quel niveau, à quel moment de ta carrière… tout peut changer. Ça dépend de quelle route ton équipe veut emprunter, il faut être capable de rester concentré, et savoir que cela peut arriver à n’importe quel moment.

TT : Quel ressenti tu as sur ta première saison en NBA ?

TC : Cette année s’est très bien passée. J’ai pu apprendre énormément, avoir beaucoup d’expérience pour ma première année, pouvoir jouer énormément, être sur le terrain, commencer beaucoup de matchs [70 matchs joués en 2023-24, 9e rookie de sa cuvée et 8e au nombre de minutes sur le terrain, NDLR]. c’était une expérience magique et je suis encore en train de rêver rien qu’avec le fait d’en parler maintenant. 

TT : Et justement, est-ce qu’il y a des domaines dans lesquels tu souhaites progresser, qui pourraient te faire passer un cap pour ta deuxième saison ?

TC : Là où j’ai eu le plus de difficultés, c’est vraiment la régularité, être régulier chaque match pendant la saison. Il faut garder la tête froide, comprendre que la saison est longue, qu’il y a énormément de rencontres et qu’il y a des hauts et des bas. Là où je veux m’améliorer, c’est mon tir, avoir de meilleurs pourcentages à 3-points, être plus régulier sur mes finitions au cercle. Il y a aussi ma maîtrise balle en main, je veux avoir plus de contrôle. Je ne suis pas satisfait par mon jeu, je dois continuer à être plus régulier dans tous les aspects. Je dois continuer de regarder des vidéos, gagner en QI basket. 

TT : Tu as réalisé tes quatre années universitaires entre la fac de Géorgie et celle de Dayton (Ohio), quelle différence avec l’environnement NBA dont tu as pu profiter chez les Blazers ?

TC : Déjà, le fait de ne plus avoir l’école, c’est quelque chose qui aide beaucoup. Tu comprends que tu peux te concentrer seulement sur le basket, mettre toute ton énergie dedans. Ça aide énormément de ne plus avoir de stress extérieur lié aux cours. Être à la salle tous les jours, avoir plus d’entraînements… vivre le basket à 100%, ça permet d’atteindre un niveau complètement différent. 

Toumani Camara dunks on Chet Holmgren!!! pic.twitter.com/DYwPN8BAOf

— Oh No He Didn’t (@ohnohedidnt24) November 20, 2023

TT : À Portland, là où l’équipe entame une reconstruction post-Lillard, comment tu as trouvé le public malgré une saison qui n’a pas été marquée par des bons résultats collectifs ? 

TC : Les fans ont vraiment été énormes. Pour une équipe qui a eu beaucoup de difficultés cette année, voir les fans venir à tous les matchs même s’ils savaient qu’on n’irait pas en Playoffs, c’est génial. La culture basket est très importante là-bas, les gens aiment beaucoup leur équipe de basket, et ça aide énormément en tant que rookie, en tant que joueur, en tant qu’équipe quand c’est compliqué niveau résultats. 

TT : Vous avez, chez les Blazers, un groupe particulièrement jeune. Est-ce que c’est quelque chose qui a pu t’aider, notamment pour t’intégrer ?

TC : C’est vraiment cool d’être avec un groupe jeune. Il y a beaucoup de jeunes qui arrivent dans des groupes de vétérans. C’est difficile de trouver sa place, de se faire des amis en dehors avec la différence d’âge. Dans notre équipe, on vit tous l’expérience ensemble, on apprend et on comprend ensemble, on s’entraide plus facilement que d’autres. L’amitié, l’esprit de camaraderie que j’ai créé avec mes coéquipiers… je n’aurais jamais pu imaginer que ce soit comme ça en NBA, avec le niveau de compétition, les effectifs qui changent chaque année. 

TT : Est-ce que tu as eu des moments où tu t’es dit ‘Wow, je suis en NBA’ cette saison ? 

Quand j’ai défendu Luka Doncic et Kyrie Irving dans le même match. Je défends Luka, puis Kyrie colle 10 points d’affilée, donc je vais défendre Kyrie, puis c’est Luka qui prend feu… C’est difficile de défendre contre des équipes avec de si bons marqueurs. Bien sûr, il y a aussi le fait de jouer contre LeBron James, Stephen Curry, et réaliser que t’es en NBA. Ce sont des gars que je n’avais jamais rencontré en vrai, et jouer contre eux pour la première rencontre… c’est indescriptible. 

TT : Parlons maintenant un peu de la Belgique. Est-ce que tu notes du soutien venu de ton pays ?

Oui, clairement. Ma maman m’appelle souvent et m’envoie les articles et magazines belges dans lesquels j’apparais, ça fait plaisir. Je n’ai pas encore ressenti la chose vraiment car je n’ai encore pu rentrer depuis mon transfert à Portland. Je rentre fin juillet pour animer un stage avec des jeunes, et je vais vraiment sentir le soutien des jeunes. Je suis impatient de pouvoir redonner, rendre la pareille. 

TT : Tu as commencé à jouer au basket en Belgique, jusqu’en U16. Comment tu compares le système de formation basket belge par rapport aux autres pays d’Europe, notamment la France, l’Espagne qui forment beaucoup de joueurs de haut niveau ? 

La France et l’Espagne ont toujours été très fortes pour mettre les jeunes en valeur, je pense que c’est la bonne manière de faire. En Belgique, il y a encore du travail à faire à ce niveau-là, et j’aimerais bien pouvoir m’y investir, plus tard dans ma carrière. Permettre aux jeunes belges d’avoir plus d’exposition, plus d’opportunités, de pouvoir voyager dans des pays basket, avoir plus de chances de se montrer. Au niveau jeune, on peut avoir des bons clubs, mais il n’y a pas un très gros suivi sur la transition jusqu’au monde professionnel. Ça doit continuer à évoluer, le basket jeune en Belgique peut avoir un très bon niveau.

TT : Tu es le deuxième Belge de NBA, après Didier Mbenga. Est-ce que tu as envie de reprendre, en quelque sorte, le flambeau ?

TC : J’ai envie de mettre mon pays en avant. Montrer qu’en tant que Belge, en tant que Bruxellois, c’est possible d’aller aux États-Unis et réussir dans le basket. C’est le message que je veux faire passer !

TT : Et concernant le basket international, est-ce que jouer pour la sélection belge est un objectif ? Et à terme, en devenir, via ta posture et ta place en NBA ?

TC : Bien sûr, je veux y participer. Je l’ai fait en jeune, j’ai toujours voulu représenter mon pays, ça me tient vraiment à cœur. Maintenant, être le visage de cette sélection n’est pas mon objectif. J’ai encore beaucoup à apprendre, notamment auprès des joueurs qui jouent en équipe nationale depuis de nombreuses années. C’est définitivement un objectif de jouer pour la Belgique, avec des gens de mon pays qui ont la même ambition que moi. 

TT : On a quelques petites questions hors basket pour conclure cet entretien. Quand tu es en day off, tu trouves de quoi t’occuper ? C’est comment la vie à Portland ? 

TC : Il y a énormément de choses à faire à Portland, surtout si tu aimes bien le côté nature. Ça me rappelle un peu Bruxelles, surtout niveau météo. L’été, c’est super, c’est très vert comme ville. Il y a beaucoup de magasins pour faire du shopping, des food trucks qui bougent partout dans la ville et tu peux essayer beaucoup de cultures culinaires différentes. 

TT : Mais du coup, les frites sont meilleures en Belgique quand même ?

TC : Bien sûr, c’est même pas une question ça ! 

TT : Dernière question, tu as un message pour les fans belges qui se lèvent à 4h du matin pour regarder tes matchs ?

TC : Merci beaucoup, ça me fait chaud au cœur. Quand j’étais enfant, je le faisais aussi. Je volais l’ordinateur de ma mère et je montais dans ma chambre pour regarder la NBA sur des sites parfois un peu bizarres qui mettaient parfois des virus… Mais oui, merci pour le support. Même si je ne le vois pas au moment même, les messages de fans belges que je reçois après les matchs sur les réseaux me donnent beaucoup de force !

Merci à Toumani d’avoir pris le temps de discuter avec nous. Le rendez-vous est donné très vite pour la suite de son parcours, qu’on devine plein de bonnes choses vu le caractère travailleur et humble du garçon !


Dans cet article