Basket aux Jeux Olympiques – Tokyo 1964 : surprise, les Américains et les Soviétiques encore en finale
Le 28 mars 2024 à 11:21 par David Carroz
En 1964, les Jeux Olympiques prennent la direction de l’Asie pour la première fois de l’histoire. En ce qui concerne le basket par contre, pas de grande nouveauté. Les USA devant, les Soviétiques ensuite, les autres derrière. Tokyo 1964 ne déroge pas à cette habitude, même si l’effectif américain n’est pas le plus clinquant de l’histoire.
En même temps, Hank Iba, le coach qui officie du côté d’Oklahoma State n’en a que faire des individualités et préfère miser sur un groupe homogène. Pas seulement pour gagner l’or, car il a bien conscience qu’il s’agit du stricte minimum pour les Américains. Mais pour remporter chaque rencontre. Une certaine pression, car jusque-là Team USA n’a toujours pas connu la défaite lors des jeux olympiques. Et il ne compte pas devenir celui qui sera victime de cette fin de série lors des JO de Tokyo en 1964
Afin de souder cette équipe, la préparation est longue puisqu’elle débute le premier septembre, soit plus d’un mois avant le début des hostilités nippones. Destination Pearl Harbor, un lieu symbolique chargé d’histoire pour les Américains. Ils ne sont pas les seuls à mettre l’accent sur les souvenirs de la Seconde Guerre mondiale lors de ces Jeux Olympiques.
Du côté japonais, on marque le coup aussi en prenant comme dernier relais de la flamme Yoshinori Sakai. Une sommité dans l’archipel ? Non, un athlète amateur qui ne concourt même pas. Mais né le 6 août 1945 – le jour où la bombe atomique a été larguée sur Hiroshima – il représente la reconstruction du pays et un message de paix, tout en rendant hommage aux victimes.
Pour autant, l’ambiance à Tokyo – qui aurait dû avoir les Jeux Olympiques en 1940 avant que l’organisation ne soit confiée à Helsinki suite à l’invasion de la Chine par le Japon, puis décalés à 1952 à cause de la guerre, toujours en Finlande – n’est pas sans conflit. La guerre froide s’exprime toujours sur les terrains de sport. Les Américains qui remettent en cause le faux amateurisme des Soviétiques. Pendant que l’URSS reste obsédée par l’idée que les américains contrôlent le monde des compétitions sportives.
Autre pays, autres soucis, l’Afrique du Sud voit sa délégation suspendue, suite à la condamnation de l’apartheid. Saupoudrer tout ça avec la construction du mur de Berlin trois ans plus tôt ainsi que la crise des missiles à Cuba en 1962 et le décor est planté pour des Jeux Olympiques affranchis de toute question politique bien entendu.
Si de nombreux pays sortent – ou essaient de sortir – de l’influence des deux géants d’un point de vue diplomatique et sportif, le basket reste la chasse gardée des Américains, suivis par les Soviétiques. Si bien que le tournoi ne révèle pas de grande surprise. Allez, notons quand même la quatrième place de Porto Rico, défait lors de la petite finale par le Brésil. Les Cariocas grattent ainsi leur seconde médaille de bronze consécutive. C’est avant l’arrivée au Yoyogi National Gymnasium – construit pour l’occasion – que les rencontres ont offert un peu plus de piment.
Flashback une semaine avant le début de la compétition, lors d’un tournoi pré-olympique. Les quatre derniers qualifiés doivent être décidés à Yokohama. Lors du deuxième jour de compétition, l’Indonésie refuse de jouer contre Taiwan. Puis en fait de même lors de la dernière journée contre la Malaisie. Preuve que les tensions géopolitiques impactent aussi le sport. Des forfaits qui ne changent pas grand chose vue que ces nations terminent aux trois dernières places. Plus cocasse, la Thaïlande qui mène au score à la mi-temps du match face à l’Australie, décide de quitter le parquet au milieu de la seconde période alors que les Boomers avaient pris le dessus. Un bon rage quit des familles.
Mais revenons-en au tournoi olympique. On l’a dit, ce ne sont pas les plus gros noms de l’histoire qui composent l’effectif américain. Leur meilleur scoreur ? Jerry Shipp, un gars qui joue aux Phillips 66ers en Amateur Athletic Union. Il s’agit du plus grand fait d’armes de cet ailier qui fait partie des trois sélectionnés issus de l’AAU. Derrière lui ? Bill Bradley, peut-être la plus grosse star du groupe, profite de l’occasion pour échanger avec les Soviétiques grâce à l’aide de joueurs australiens parlant russe. Pas encore sorti de la fac mais déjà en train de faire de la politique l’ami, lui qui finira sénateur du New Jersey après une carrière NBA réussie du côté des New York Knicks.
Sont-ce ces discussions qui lui ont valu une certaine reconnaissance de la part des supporters soviétiques ? Probablement en partie. Son jeu fait le reste pour obtenir du camp adverse le surnom de Shootnik, en référence au satellite dont la première version a quitté la Terre sept ans plus tôt.
Pourtant ce n’est pas Bradley qui fait le gros du travail lors de la finale face à l’URSS justement. Plutôt l’intérieur Lucious Jackson avec ses 17 pions mais surtout un taf énorme au rebond. Alors que les choses étaient mal embarquées – les Soviétiques menaient 16 à 13 après dix minutes de jeu – celui qui sera champion NBA aux côtés de Wilt Chamberlain sous le maillot des Sixers en 1967 permet aux siens de retrouver le sens de la marche. Et de s’imposer 73-59. Un écart qui reste conséquent, mais moindre que par le passé. Le déroulement de la compétition le confirme : les Américains ont beau finir invaincus avec un écart moyen de 30 pions, ils ont eu chaud aux fesses lors de la phase de poule face à la Yougoslavie, battue 69-61. Hank Iba avait prévenu
“Les nations étrangères jouent un bon basket et continuent de progresser. Désormais, nous ne pouvons plus prendre ce genre de choses à la légère.”
S’il n’a pas tort, les Américains ont toujours une marge de manœuvre. Pour quelques temps encore. Une domination qui se traduit aussi par deux médailles d’or supplémentaires lors de la deuxième édition des Jeux Paralympiques cette même année. Comme à Rome en 1960, les USA remportent les deux tournois de basket-fauteuil (un pour les athlètes avec une lésion paraplégique complète, un autre pour les athlètes atteints de paraplégie partielle). Il n’y a pas à discuter des heures, les Américains sont les boss de la balle orange.
Le basketball au Jeux Olympiques de Tokyo en 1964 – en bref
– Du 11 au 23 octobre 1964
– Yoyogi National Gymnasium à Tokyo, Japon
– 16 équipes
– Poduim
- Or – États-Unis
- Argent – URSS
- Bronze – Brésil
Source image : United States Olympics and Paralympics Museum