James Harden grand absent du All-Star Game 2023 : y’a les injustices et les « à débattre », là c’est une injustice

Le 03 févr. 2023 à 05:11 par Arthur Baudin

James Harden Sixers 10 octobre 2022
Source image : YouTube / Sixers

C’est l’aberration de ce petit matin. Cette nuit, la NBA a communiqué les quatorze remplaçants du All-Star Game 2023 parmi lesquels aucune barbe de plus de dix centimètres. Aurait-on manqué une phase de relooking chez James Harden ? Les deux moitiés de barbe plaquées sur les joues ? Que tchi. Les 30 entraîneurs lui ont préféré d’autres silhouettes. Y’a de quoi s’interroger. 

Il y a les stats brutes.

James Harden : 21.4 points à 45% au tir dont 39% à 3-points, 6.4 rebonds, 11 assists et 1.2 interception par match. 33 victoires et 17 défaites pour Philly, 3e à l’Est.

DeMar DeRozan : 26.3 points à 51% au tir dont 31% à 3-points, 4.9 rebonds, 5 assists et 1 interception par match. 23 victoires et 27 défaites pour Chicago, 10e à l’Est.

Tyrese Haliburton : 20.2 points à 48% au tir dont 40% à 3-points, 4 rebonds, 10.2 assists et 1.8 interception par match. 24 victoires et 29 défaites pour Indiana, 11e à l’Est.

Et il y a le contexte 

Depuis son départ de Houston, on ne cesse de demander à James Harden de se réinventer. Difficile de passer d’un franchise player sous Mike D’Antoni à un lieutenant d’une équipe aux forces réparties. Ça faisait cinq piges qu’on lui demandait de décocher une possession sur deux, il est l’inventeur du step-back à trois pas (dangereusement repris par la nouvelle génération), son profil a été le plus clivant de NBA et pouf, d’un coup d’un seul, tout ce confort s’envole au profit d’un nouveau rôle. Moins central, plus porté collectif. C’était pas mal à Brooklyn : y’avait la feuille de match mais pas forcément le fond. C’est encore mieux à Philly.

Cette saison, The Beard n’a disputé que 34 des 50 matchs des Sixers (68%) et n’atteint pas le seuil requis des 70% de rencontres jouées pour être pris en compte dans les classements statistiques. Du coup, à un match près, il n’est pas le meilleur passeur de NBA avec 11 assists par match. C’est marrant cette malédiction des passes décisives : Trae Young, qui est leader de NBA en nombre d’assists cette saison, n’a pas non plus été sélectionné pour le All-Star Game. On glisse ça juste pour la coïncidence hein, Ice Trae ne mange pas du tout à la table de James Harden. Il y a cette saison un fossé entre les deux hommes. Fossé qui aurait dû être marqué d’une sélection au All-Star Game pour celui qui en compte déjà dix (dit comme ça, on relativise). La qualité de mise en lumière des coéquipiers par El Barbudo est sous-estimée. Même chose pour son tir : sans en prendre moins – 7,4 tentatives par match contre 7,6 en carrière – Harden dégaine cette saison à 39,4% du parking. Pour le voir faire mieux, il faut remonter à… à jamais. Ce pourcentage est son meilleur en carrière. Puisse-t-il le tenir jusqu’à la fin de régulière.

James Harden’s IG Story. pic.twitter.com/duddPSurLN

— Hoop Central (@TheHoopCentral) February 3, 2023

Quand on positionne James Harden à côté de la saison livide d’un DeMar DeRozan – bon au milieu du médiocre – ça contraste fort. Loin de nous l’idée d’insinuer que DeRozan ne mérite pas son statut de All-Star : le papier brut l’y envoie. Mais dans un monde où l’impact positif d’un joueur sur son équipe est récompensé, Harden lui grille la priorité. Pour Tyrese Haliburton c’est différent. Les Pacers ont dégringolé en son absence. Il est le seul garant des résultats collectifs de son équipe et pose quand même, à seulement 22 ans, 20 points et 10 assists de moyenne en 48/40/88. Comme James Harden n’a pas ses 70% de matchs joués, c’est lui, le meilleur passeur de NBA cette saison. Monstre devenu et très grand joueur en devenir. Rien à redire sur sa sélection. Jrue Holiday ? Quand le Grec et les grandes dents n’étaient pas là, le meneur des Bucks a assuré en solitaire. L’un des top défenseurs de la période. La croix rouge sur le calendrier de tous les postes 1 de la Ligue. Le pire, c’est qu’à deux ou trois inconstances près, il est presque aussi bon de l’autre côté du parquet. Le sortir pour Harden reviendrait à sortir le basket-ball pour faire entre le basket-ball. Bref, on ne voulait pas en arriver à cette conclusion « pointage du doigt », immorale et anti-journalistique au possible, mais c’est bien DeMar DeRozan le problème.

Y’all got some explaining to do @NBA

— Joel “Troel” Embiid (@JoelEmbiid) February 3, 2023

On l’a tellement vu aller à contresens du basket que beaucoup n’ont pas encore mis à jour la perception qu’ils ont de James Harden. Comme un acteur, le barbu s’est redéfini dans un tout nouveau genre, celui du métronome qui perd moins de ballons, rate moins de tirs, délivre plus de passes décisives et se fait quand même douiller. Pas cool.