Gordon Hayward – Fracture de fatigue de l’omoplate : l’analyse du Docteur Q

Le 27 nov. 2022 à 15:08 par Quentin Quairière

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Stars, highlights et stats nous font rêver au quotidien en NBA. Mais si tous ces athlètes performent chaque soir sur les parquets, c’est aussi parce que leurs corps si exceptionnels sont surveillés, massés et examinés en permanence. Ainsi, le Dr. Q, étudiant en médecine le jour et supporter NBA la nuit, a installé son cabinet chez TrashTalk pour décrypter et analyser tous les bobos de nos stars de la balle orange. Entorse, déchirure, fracture, luxation… la visite médicale nous permettra de comprendre toutes les blessures de la Grande Ligue. Aujourd’hui, c’est Gordon Hayward qui passe sur la table du doc, pour une fracture de fatigue de l’omoplate gauche.

  • Professeur-étudiant en cinquième année de médecine, le Dr. Q est un grand passionné du corps humain, qui a lui-même pu tester de nombreuses blessures en étant victime de ce qu’on appelle la malchance sportive. Fasciné par l’anatomie et déterminé à exceller en tant que futur médecin du sport, il a déjà participé à des démonstrations en milieu hospitalier à l’âge de 10 ans et a observé en bloc opératoire à partir de ses 13 ans. Le Dr. Q partage ainsi son savoir et ses recherches sur TrashTalk, pour en connaître toujours plus sur les blessures du monde du basket.

Avant-hier soir, alors que les Hornets annoncent Gordon Hayward out pour la rencontre à cause d’une contusion à l’épaule, sa femme s’insurge sur Instagram pour rétablir la vérité. En effet, elle déclare que la franchise a fait jouer son mari malgré une fracture de l’omoplate. Quand on jette un coup d’œil dans le rétro, Hayward a manqué huit rencontres en novembre pour une contusion de l’épaule qui le faisait souffrir depuis plusieurs matchs déjà. Il reprend ensuite pour trois matchs avant de rejoindre l’infirmerie pour la rencontre de vendredi. Aggravation de la blessure ou erreur dans le diagnostic initial, on analyse en détail. 

Contusion osseuse et fracture de fatigue, comment les différencie-t-on ? Une contusion osseuse est une lésion de l’os sans fracture, l’os saigne et une inflammation est présente. Dans une fracture de fatigue, on retrouve des micro-fractures ou des fêlures de l’os. Cependant, il est parfois plus difficile de les différencier. En effet, les signes “cliniques” (que l’on obtient en examinant le patient) peuvent être proches et de nombreuses fractures de stress (ou de fatigue) sont invisibles en radio. Dans le cas d’Hayward, il est difficile de savoir s’il s’agit d’une aggravation de la blessure ou si la fracture était déjà présente il y a un mois. 

Quelle prise en charge pour cette blessure ? La plupart du temps, le traitement d’une fracture de l’omoplate est non chirurgical. Il faut prévoir une immobilisation de deux à trois semaines avec une rééducation précoce, pour éviter une raideur ou des adhérences entre l’omoplate et la cage thoracique. La chirurgie est rare, réservée à des cas compliqués ou n’évoluant pas bien. Hayward attend encore de passer d’autres examens et probablement de consulter d’autres spécialistes avant que la prise en charge ne soit actée, à suivre. 

Si on veut comparer ce cas à d’autres joueurs ayant connu quelque chose de similaire, on peut parler de Darius Bazley. Lors de la saison 2020-2021, il manque un peu plus d’un mois de compétition entre mars et avril pour ce qui est présenté comme une contusion osseuse de l’omoplate. Il a déclaré à son retour qu’il s’agissait en fait d’une fracture de stress, et qu’elle n’avait pas été repérée lors des premiers examens. Localisation différente mais évolution assez proche, Cade Cunningham a lui aussi été annoncé out pour une contusion osseuse, au tibia, avant qu’une fracture ne soit finalement annoncée par l’équipe.  Dans son cas, une opération est même envisagée.

Quelles sont les suites pour Hayward ? Il est difficile à l’heure actuelle d’estimer une date de retour sur les parquets, même si un délai de quatre à six semaines paraît raisonnable. Logiquement pas de séquelles à prévoir, Gordon devrait revenir à 100%. Le principal risque est celui qui l’a amené jusqu’à cette blessure : une aggravation due à un retour trop précoce. Cependant, l’ailier des Hornets n’hésitera probablement pas à prendre un second avis avant de revenir au lieu de suivre simplement le staff médical de la franchise. 

Pour conclure, ce cas met en lumière à quel point la gestion des blessures est compliquée en NBA. Entre les blessures qui échappent aux examens classiques, les pressions sportive et économique, l’envie de la franchise et du joueur et son propre intérêt (médicalement parlant) il est parfois difficile de prendre les bonnes décisions. Hayward en paie le prix cette fois-ci, avec une absence qui sera plus longue que si sa blessure avait été repérée et prise en charge plus tôt.


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