Retour rapide sur les grands moments de l’histoire du basket français : l’objectif ? En rajouter un ou deux demain matin
Le 06 août 2021 à 15:08 par Giovanni Marriette
Demain à 4h30 du matin, quelle heure magnifique quand on est un hibou, la France du basket sera debout pour pousser derrière ses Bleus, lors d’une Finale olympique qui s’annonce incroyable face à Team USA. Le rêve d’une première médaille d’Or historique est bien présent, mais avant de plonger à 200% dans cette confrontation en train de devenir un classique, place à quelques doux souvenirs bleus, blancs et rouges. Sorte de devoir de mémoire mais, aussi, une manière de se booster avant la Finale de nos gars, et avant la petite finale de nos filles.
2000 : Les pionniers de Sydney
Laurent Sciarra, Moustapha Sonko, Antoine Rigaudeau, Stéphane Risacher, Laurent Foirest, Makan Dioumassi, Yann Bonato, Cyril Julian, Thierry Gadou, Jim Bilba, Crawford Palmer, Frederic Weis
On ne va pas se mentir, en 2000 la France commence à entendre parler d’un tout jeune crack au poste 1 mais sort surtout d’une sacrée période de vache maigre. Les individualités dominantes sont là depuis dix ans (Hervé Dubuisson, Stéphane Ostrowski, au hasard) mais en EDF c’est surtout un bail de Groupes B européens auquel on a le droit, avec des campagnes de qualif usantes et des compétitions internationales décevantes. Quatrièmes de l’Euro en France un an auparavant, les Bleus s’adjoignent cette fois-ci un préparateur physique de type Pascal le Grand Frère mais clairement pas grand monde n’y croit et les premiers jeux depuis seize ans servent surtout à relancer la machine. Moins de pression dans les pneus peut-être, mais lors de la phase de poule les hommes de Jean-Pierre de Vincenzi n’y sont pas ou du moins pas assez. La Nouvelle-Zélande est essorée d’entrée, logique car Jonah Lomu est un piètre basketteur, mais derrière la France est battue par la Lituanie, s’en sort de manière incroyable face à la Chine grâce à un Antoine Rigaudeau impérial, puis perdent ensuite contre l’Italie et Team USA, dans un match pas loin d’être équilibré mais surtout marqué par le poster mythique de Vince Carter sur le géant Frederic Weis. Les Bleus arrachent tout de même leur place en quarts et on se dit que tout à partir de là sera du bonus et rien d’autre. Cinq jours plus tard ? Makan Dioumassi a lessivé Steve Nash et le Canada, Fred Weis a dominé Luc Longley et l’Australie, et la France rejoint… Team USA en Finale, pour une revanche mais surtout pour le feu d’artifice foufou d’une quinzaine magique. Sans Yann Bonato, blessé en début de compétition et rentré à Paris jouer les consultants de luxe, la France va tenir sur ce match, tenir, tenir encore, et même revenir à six petis points à l’orée du money time sur un shoot énorme du Roi Rigaudeau encore lui. Laurent Sciarra et Crawford Palmer sont les hommes de la finale mais la France s’incline au final de dix petits points, premier acte posé d’une double-décennie et plus complètement folle pour le basket français.
# Bonus track : votre serviteur était ce jour-là en sortie de bal, rincé comme un coing, à jouer les vomito à chaque temps-mort, ça ne s’invente pas.
2001 : Championnes d’Europe !
Yannick Souvré, Edwige Lawson, Laure Savasta, Cathy Melain, Audrey Sauret, Sandra Le Dréan, Dominique Tonnerre, Laetitia Moussard, Nathalie Ledesma, Nicole Antibe, Sandra Dijon et Isabelle Fijalkowski (Jardel)
Septembre 2001, les basketteuses françaises sont au sommet de l’Europe avant même… de disputer cet Euro à domicile. En effet, quelques mois auparavant la finale de l’Euroleague oppose Bourges à Valenciennes et voit les Berruyères … Valenciennes, qui fera d’ailleurs le doublé en 2004 après avoir échoué l’année précédente en finale. Bref nos nanas sont des tueuses, et sur cet Euro français absolument personne ne bougera l’équipe d’Alain Jardel. Edwige Lawson est déjà là, teasing, Yannick Souvré est incroyable à la distribution, Cathy Melain, Audrey Sauret et Sandra Le Dréan sont inarrêtable et la première sera d’ailleurs élue MVP du tournoi, et après un tournoi passé à tabasser tout le monde les Russes se dressent sur la route des Bleus en finale, au Mans, finale perdue deux ans plutôt face à la Pologne lors de l’Euro 99. Cette fois-ci la bête noir russe trépassera face à la furia et la science françaises, et l’Equipe de France s’imposera finalement 73-68 pour offrir à la France le premier titre européen de son histoire. Bonus track ?
Bonus track : ce jour-là votre serviteur a regardé ce match dans une salle d’attente d’hôpital après avoir fait des tonneaux avec une Toyota Yaris, merci les cinq étoiles au crash test, ça ne s’invente pas.
2005 : L’exploit serbe… et la traumatisme grec
Antoine Rigaudeau, Tony Parker, Frederic Fauthoux, Mickael Pietrus, Mickael Gélabale, Mamoutou Diarra, Boris Diaw, Sacha Giffa, Jerôme Schmitt, Cyril Julian et Frederic Weis (Bergeaud)
2005, et le dernier pont entre la génération Sydney et la génération Zadar, épopée qui pourrait d’ailleurs très bien faire partie de ce mini-dossier des réussites françaises. Trois finalistes olympiques sont encore là (Tonio, Julian et Fred Weis), mais les gamins Tony Parker, Mike Pietrus, Boris Diaw ou Mike Gélabale sont cette fois-ci les patrons. Coup dans l’eau deux ans plus tôt en Suède, et débuts… ratés lors de cet Euro serbe, avec deux défaites face à la Grèce et la Slovénie en poule, deux défaites qui nous obligent à jouer un barrage bouillant à Novi Sad contre… la Serbie. Aïe. Un match sous tension devant une salle pleine évidemment, un match lors duquel les Bleus ne mèneront jamais, ou du moins jamais jusqu’au milieu du dernier quart. Tony Parker, Boris Diaw, Mike Gélabale, Mike Pietrus et Antoine Rigaudeau ne lâchent pas le steak, font l’accordéon comme sur l’A7 au mois de juillet, et au final les Bleus maitriseront l’hôte au terme d’un money time maitrisé de manière ma-gi-strale. L’exploit est considérable face à une équipe blindée de superstars (Bodiroga, Jaric, Rakocevic, Krstic…), les Bleus éteindront ensuite la Lituanie en quarts sans trop peiner, avant de… s’écrouler en demi-finale face à la Grèce. Sept points d’avance à deux minutes de la fin, des lancers qui ne veulent pas rentrer et un exceptionnel (enfoiré) Dimitris Diamantidis au buzzer pour “offrir” à la France l’un de se spires souvenirs basketballistiques, mais stop, on a dit qu’aujourd’hui on gardait le sourire alors retenez surtout ce barrage historique face aux Serbes, considérés par un bon panel de spécialistes comme l’un des meilleurs matchs de l’histoire des Bleus.
Bonus track : votre serviteur a pu voir ce match chez un dénommé Jean-Claude, à Montcusel dans le Jura, chez un mec qu’il ne connaissait pas dix minutes avant le match. Bah ouais, j’avais pas Canal, ça ne s’invente pas.
2009 : le doublé pour les filles et la naissance des Braqueuses
Céline Dumerc, Anaël Lardy, Cathy Melain, Florence Lepron, Emilie Gomis, Emmanuelle Hermouet, Pauline Krawczyk, Endy Miyem, Sandrine Gruda, Emilie Godin, Isabelle Yacoubou et Emmeline N’Dongue (Pierre Vincent)
Huit ans après le titre de 2001, l’Equipe de France de Pierre Vincent se pointe en Lettonie sans trop de certitudes et les matchs de poule confirment les doutes. Sandrine Gruda domine comme jamais, mais la Biélorussie n’est vaincue qu’après prolongation et Israël passe également tout prête de battre les Bleues. Un surnom est né, les Braqueuses, que les filles se donnent du fait de leur propension à gagner des matchs qui semblaient perdus. En quarts de finale Céline Dumerc et Florence Lepron plantent des tirs énormes pour venir à bout de la Grèce, en demi les Biélorusses sont cette fois-ci battues de manière plus stricte, et en finale c’est à un remake de la Finale de 2001 face aux Russes qui nous est offert. Becky Hammon et Maria Stepanova sont les deux leaders russes, mais les Françaises peuvent compter sur la Grudance et une Cécé Dumerc solide pour s’imposer sans coup férir 57 à 53. Des braqueuses qui n’en sont qu’à leur coup d’essai, car le meilleur reste à venir.
Bonus track : votre serviteur a regardé ce match à la “Brasserie du théâtre”, seul, après avoir saoulé le patron pour mettre cette foutue télé en marche, ça ne s’invente pas.
2012 : Céline Dumerc et Céline Dion à la folie
Céline Dumerc, Edwige Lawson, Florence Lepron, Clémence Beikes, Emilie Gomis, Marion Laborde, Jennifer Digbeu, Endy Miyem, Sandrine Gruda, Emmeline N’Dongue, Elodie Godin et Isabelle Yacoubou (Pierre Vincent)
Là, on entre clairement dans le scénario type compte de fée. Des filles qui débarquent à Londres des lumières plein les yeux, et qui vont très vite comprendre que, tant qu’à faire, elles sont grandement capables de gagner des matchs. Brésil, Australie, Canada sont battues d’entrée, les filles de Pierre Vincent jouent TROP bien, et lors du quatrième match de poule Céline Dumerc envoie deux shoots mythiques pour sortir la France du guêpier grand-briton. Les Russes sont ensuite battues et place au quart de finale, pour un groupe qui vit tellement bien que la France entière attend après chaque match des interviews devenues mythiques, à grands coups d’éclats de rire, de bisous, de danse et de chansons de Céline Dion. En quarts de finale la République Tchèque pose mille problèmes aux Bleues mais Céline Dumerc fait découvrir le mot clutch à la France et les Braqueuses se transforment en pu*ain de Braqueuses. Les Russes se prennent l’effet Kiss-cool en demi-finale et c’est finalement, évidemment, Team USA qui se pointe sur la route de nos nouvelles meilleures copines en Finale. La marche est trop haute face à une armada invincible mais les filles tiennent leur médaille, une médaille d’argent, et viennent surtout d’offrir l’une des quinzaines les plus rafraichissantes de l’histoire du basket français.
Bonus track : votre serviteur regarda à l’époque ce match avec son papa, qui a longtemps cru être dans le vrai en encourageant “Cécile Dumerc”, ça ne s’invente pas.
2013 : le chef d’oeuvre
Tony Parker, Thomas Heurtel, Antoine Diot, Nando De Colo, Charles Kahudi, Mickael Gélabale, Nicolas Batum, Boris Diaw, Joffrey Lauvergne, Florent Pietrus, Alexis Ajinca et Johan Petro
Le tournoi de toute une vie, le Graal d’une génération qui aura tout vécu. Ca commence par un faux-pas face à l’Allemagne sinon c’est pas drôle, puis derrière ça enchaine face à Israël, la Grande-Bretagne, l’Ukraine et la Belgique, encore heureux. Les Bleus montent en régime mais ne le savent pas encore, Tony vient de connaitre la pire défaite de sa carrière quelques mois plus tôt avec les Spurs et a terriblement faim de victoire, mais la deuxième phase de poule remet les Français devant leurs vieux démons avec deux défaites face à la Lituanie et la Serbie, il faudra se bouger pour aller chercher une médaille. On souffle quelques jours plus tard avec une victoire étriquée face à la Slovénie du grand-père de Luka Doncic (pas du tout), et en demi-finale c’est la terrible équipe d’Espagne qui se dresse sur la route des Français. Une Roja considérée à juste titre comme la bête noire des Bleus, et face à elle des souvenirs terribles pour la France et pour l’entre-jambes de Juanca Navarro. En première mi-temps les Français sont timorés et ne mettent pas un pied devant l’autre mais à la pause Tony Parker nous sort l’un des coups de gueule les plus mythiques et les plus utiles de l’histoire du ballon orange en France, et au retour des vestiaires la bande à Tony va… tabasser sa meilleure ennemie. TP termine à 32 points, les vingt minutes de la deuxième MT entre dans l’histoire et les Bleus s’en iront corriger la Lituanie en finale sur la lancée de ce match historique face aux Ibères. La boucle est bouclé pour Tony, Boris et les deux Mike, la France est championne d’Europe après avoir mis à terre la terrible Roja, tout va bien dans le meilleur des mondes à un an de la Coupe du Monde en… Espagne, hum hum.
Bonus track : votre serviteur a vécu la finale avec son équipe de basket, dans le restaurant de Jerôme Sanchez, si si la bûche de Betclic Elite. Un match où chacun aura pu y aller de sa petite anecdote concernant Antoine Diot (son panier au buzzer de la mi-temps ouloulou), puisque Tonio est originaire comme chacun le sait de la capitale française du basket et du poulet : Bourg-en-Bresse.
2014 : le shoot et le short de Thomas Heurtel
Thomas Heurtel, Antoine Diot, Edwin Jackson, Charles Kahudi, Evan Fournier, Mickael Gélabale, Nicolas Batum, Boris Diaw, Kim Tillie, Florent Pietrus, Joffrey Lauvergne et Rudy Gobert
Peut-être le plus inattendu de tous les exploits français contemporains. Pourquoi ? Parce que si l’Equipe de France est championne d’Europe en titre, elle se pointe surtout en Espagne privée de Tony Parker et Nando De Colo, elle se pointe sans trop le dire en Espagne pour préparer au mieux l’Euro qui se déroulera l’année suivante en France. Comme souvent vous l’aurez compris, les Bleus sont dans le dur en début de compétition. Deux défaites face au Brésil et à l’Espagne, une win au couteau contre les Serbes grâce à un monstrueux Joffrey Lauvergne et une autre pas vraiment folle contre l’Iran, puis une victoire plus utile que rassurant en quarts contre la Croatie. On y est, la France retrouvera donc… l’Espagne en quarts, une Roja toute pressée de rappeler aux Bleus que la défaite de 2013 n’était qu’une entorse à leur terrible domination du moment. Fort dommage pour eux, puisque les hommes de Vincent Collet vont ce jour-là sortir l’un des matchs les plus solides qui soit. Rudy Gobert est impérial et se découvre au monde en dominant la raquette espagnole avec 13 rebonds et 4 contres, Florent Pietrus réveille tout le monde en dégommant Sergio Llull, puis Thomas Heurtel fait naître l’une des expressions les plus iconiques du basket français en rentrant un tir énorme en fin de match. Les Espagnols sont à terre, la victoire est acquise sans aucune forme de contestation, et après une triste défaite en demi face à la Serbie la France ira chercher une magnifique médaille de bronze face à la Lituanie grâce à un duo Batum / Diaw au sommet et des lancers cette fois-ci rentrés sans trembler.
Bonus track : un match vécu en tant que membre de la rédaction de TrashTalk et un titre de récap resté dans la légende : on est v’nu, on a vu, on leur a mise dans l’c**.
21 années de basket français, quelques défaites terribles mais des victoires, beaucoup de victoires, beaucoup de BELLES victoires. Messieurs vous savez ce qu’il vous reste à faire demain matin, pour entrer vous aussi dans ce si beau cercle de fabuleux champions.