La fête nationale ça se passe aussi sur les parquets, alors voici cinq jolis souvenirs pour être fier d’être Français
Le 14 juil. 2021 à 10:28 par Giovanni Marriette
Changement de programme. Rangez vos pique-niques et vos boules de pétanque, ce 14 juillet est placé sous les signe de la flotte et du rester-chez-soi. Joli temps pour un mois de novembre, de toute façon y’a plus de saison, bla, bla, bla. Journée bien morne donc, mais l’occasion parfaite pour se remémorer quelques beaux souvenirs bleu-blanc-rouge. C’est très patriote, limite chauvin, ça arrêtera pas la pluie mais ça fait du bien.
La France du basket possède une vraie place sur la planète orange et ce depuis une bonne vingtaine d’années maintenant. Des perfs en NBA, des perfs sur le plateau FIBA, certaines campagnes et/ou soirées rentrées dans la légende… bref largement de quoi se vêtir aujourd’hui de son plus beau drapeau tricolore pour jouer les nostalgiques devant un feu d’artifice annulé. Mes chers compatriotes, vive la République enfin faîtes comme vous voulez, et vive la France.
La draft de Tariq Abdul-Wahad en 1997, on ouvre les vannes
Il est bien sympa Jean-Claude Lefebvre, on l’aime beaucoup Herve Dubuisson, mais en 1997 c’est réellement la première page du basket français qui s’ouvre outre-Atlantique. Keith Van Horn, Antonio Daniels, Tony Battie, Ron Mercer, Tim Thomas, Adonal Foyle et Danny Fortson entourent lors de la Draft les futurs Hall Of Famers Tim Duncan, Chauncey Billups et Tracy McGrady, mais le véritable évènement en France n’est absolument pas fêté à l’Elysée est bien sûr la draft d’Olivier Saint-Jean, devenu Tariq Abdul-Wahad par la suite et donc officiellement le premier joueur français de l’histoire. Cursus franco-américain, véritable star du côté de San Jose, et donc drafté par les Kings en onzième position, alors qu’au second tour sortira également cette année-là le nom… d’Alain Digbeu, qui maltraitait à l’époque les cercles de l’Astroballe en récupérant les caviars de Delaney Rudd ou Laurent Pluvy. Tariq jouera six saisons dans la Grande Ligue pour des stats de 8 points et 3 rebonds par match environ, se positionnant assez vite, notamment, comme un défenseur respecté. Alain Digbeu, lui, ne fera jamais le voyage, mais les vannes sont ouvertes et personne n’est prêt pour la suite.
La parenthèse enchantée des J.O. de Sydney en 2000
A l’aube de l’an 2000 pour les jeunes c’est plus l’même deal, pour Thierry Gadou comme pour Makan Dioumassi. Les paroles c’est presque ça, et cette fin d’été 2000 reste en tout cas une story bien à part dans l’histoire du basket français. Laurent Sciarra, Moustapha Sonko et Antoine Rigaudeau à la mène, Laurent Foirest et Stéphane Risacher en dignes représentants des gauchers de France, Cyril Julian, Crawford Palmer, Jim Bilba, Fred Weis et Thierry Gadou pour mettre des buckets (un peu) et des pains (beaucoup) dans la raquette, Makan Dioumassi pour installer le verrou et un Yann Bonato blessé et meurtri de ne pas pouvoir finir la compétition, voilà pour le listing des douze fantastiques, coachés cette année-là par Jean-Pierre De Vincenzi aka JPDV, rien à voir avec JCVD en tout cas pas cette année-là. La phase de poules est compliquée, Fred Weis se fait escalader comme le K2 et le pauvre le paiera toute sa carrière, mais au final les quarts sont rejoints à la rame après, notamment, une annexion de la Chine par le Roi Rigaudeau. L’Australie est tabassée, le Canada est essoré et Makan Dioumassi a d’ailleurs récupéré depuis une procuration sur les comptes de Steve Nash, et en finale la marche Team USA sera de nouveau trop haute, non sans avoir lutté de manière héroïque. El Rei Tonio qui remet la France à six petits points à l’abord du money time, Lolo Sciarra et Crawford Palmer qui s’éclatent, les cainris qui ne rigolent pas des masses, le souvenir est beau, le souvenir est gravé, le souvenir est… argenté.
La carrière de Tony Parker en NBA
Comment peut-on résumer la carrière de TP en dix lignes ? Le défi est énorme mais relevons-le. Une phrase pour résumer tout ça, pour commencer : avant Tony Parker les Américains ne connaissaient pas la France et aujourd’hui c’est le cas, même s’ils ne savent toujours pas la situer sur une carte. Débarqué en NBA en 2001, Tony ne traîne pas. Titulaire au bout de cinq matchs malgré la boude de Tim Duncan et les coups de pieds au cul de Gregg Popovich (qui s’avèreront essentiels à sa progression), Tony se construit très vite un CV long comme les bras de Keon Clark, les anciens savent. Ne tortillons pas du c*l pour ch*er droit, aujourd’hui ce CV ressemble davantage à une collections de bouquins en quatre tomes. Quatre fois champion NBA, MVP des Finales en 2007, sextuple All-Star, quasiment 1 500 matchs en 17 saisons et plus de 15 points de moyenne, dixième meilleur scoreur de l’histoire des Playoffs, cinquième meilleur passeur et cinquième également au classement des joueurs ayant gagné le plus de matchs en postseason de toute l’histoire de la Grande Ligue. Respiration. Le fin mot de l’histoire ? 17 années à faire de la France un vrai bastion du basket mondial, en sélection on en reparle juste en dessous, et au final un maillot retiré à l’AT&T Center et une place tout bientôt du côté de Springfield, aux côtés des plus grands de l’histoire de ce sport, parce que Tony Parker en fait partie.
CHAMPIONS D’EUROPE !!!
Les filles avaient montré la voie en 2001 et 2009, Céline Dumerc et ses braqueuses avaient inspiré les créateurs de La Casa de Papel en 2012, et il aura donc fallu attendre 2013 pour voir nos gars au sommet de l’Europe. La cerise sur le gâteau pour une génération arrivée aux commandes des Bleus en 2003 et qui aura vécu nombre de désillusions avant de toucher son Graal. 2003 justement, et le difficile passage de témoin entre deux groupes bien distincts, le difficile apprentissage de Tony Parker en tant que trop jeune patron. Puis 2005, la Serbie mais surtout la Grèce, Dimitris Diamantidis, les lancers, bref, on oublie. Pas de Jeux en 2008, grosse désillusion, et une nation qui va alors gratter les Bleus au point d’en faire une équipe dominante : l’Espagne. Une demi-douzaine d’années à se fracasser la tronche tous les étés, du trucage, des coups de poings dans les valseuses, des coups de la corde à linge, et en 2013 l’exploit, enfin. La France affronte ses démons, la France affronte la Roja en demi, et après une première mi-temps à se regarder bégayer Tony Parker prend la parole et démarre alors l’une des plus belles mi-temps de l’histoire du basket français. Verrou installé, voisins piétinés, qualification historique et les Lituaniens aspirés en finale. La France est championne d’Europe, et si un an plus tard une médaille de bronze aux Mondiaux viendra confirmer la force de cette équipe, 2013 sonne clairement comme la conclusion de l’époque Tony / Boris / Flo Pietrus / Gelabale avec les Bleus, et on oublie volontairement ici l’Euro 2015 qui n’a pas existé. Une génération médaillée, une génération dorée, née un soir de 2000 à Zadar et arrivée au bout du chemin treize ans plus tard à Ljubljana.
Quelques oscarisés maison
Y’a pas que Tony dans la vie, y’a les autres, aussi. En effet, si Tariq Abdul-Wahad a ouvert la porte et que Tony Parker l’a tabassé six ans plus tard, d’autres Frenchies ont depuis confirmé le talent du vivier français en NBA, sans compter – évidemment – nos dignes représentants gaulois en Euroleague, Antoine Rigaudeau et Nando De Colo en premier lieu. Parmi les étoiles françaises ayant brillé dans la Grande Ligue ? Joakim Noah, à deux doigts d’être statufié sur le campus de Florida et devenu ensuite All-Star et meilleur défenseur de la Ligue sous les ordres de Tom Thibodeau. Puis son successeur chez les elite defenseurs, Rudy Gobert, sportif français le mieux payé au monde, deux fois All-Star et meilleur défenseur de la Ligue à trois reprises, là ça commence à parler all-time et Hall Of Fame. Deux immenses tours auxquelles on peut ajouter un Ronny Turiaf à l’histoire aussi folle que son sourire est ravageur ou encore un Ian Mahnimi champion NBA en 2011 avec les Mavs. En plat de résistance ? Boris Diaw, fan des plats de résistance justement mais surtout MIP en 2006 avec les Suns et champion NBA avec les Spurs en 2014, au soir d’une arrière qui l’aura vu passer en quinze ans de rookie à fort potentiel à joueur collectif ultime, tout en cochant également les cases “joueur le plus all-around de la Ligue” et “joueur le plus gros de NBA”, tout en assurant dans le même temps le capitanat de l’Equipe de France. Puis Nicolas Batum et son QI basket, sa longévité, sa naissance à Portland et sa renaissance à Los Angeles, Evan Fournier et son statut de border All-Star depuis trois ans, Rodrigue Beaubois et ses 40 pions, j’en passe et des meilleurs et la suite n’en sera peut-être que plus belle, ça c’est juste pour la transition avec le dernier paragraphe, beau gosse.
Bonus track : Future is bright
Regarder dans le rétro c’est bien, avoir un télescope c’est encore mieux. Car si les vingt dernières années furent hautes en couleur pour le basket français, les vingt prochaines s’annoncent également plutôt intéressantes. Evan Fournier et Rudy Gobert ne sont pas si vieux, Sekou Doumbouya, Frank Ntilikina et Killian Hayes ont tout à prouver mais leur talent existe évidemment, le contingent français pourrait se voir étoffé dans quinze jours de trois ou quatre nouveaux noms (Joel Ayayi, Yves Pons, Malcolm Cazalon, Juhann Begarin ?), et vous avez tous découvert ou redécouvert ces derniers jours l’immense potentiel de Victor Wembanyama – et de quelques uns de ses potes – lors de la Coupe du Monde U19. Un All-Star en plein prime, un chauve charentonnais en pleine bourre, trois lottery picks ou pas loin et un potentiel first pick en 2023, les Jeux à Paris en 2024, bref les trois prochaines années s’annoncent sucrées pour le basket français.
1997 – 2021. 24 années de basket, 24 années de réussites en tous genre pour la France de la balle orange. Alors qu’on soit d’accord : le barbecue chez Arnaud a peut-être été annulé, mais vous allez pouvoir aller vous balader sur YouTube toute l’après-midi en chantant la Marseillaise, en espérant aussi que, tiens c’est vrai ça, nos Bleus écrivent une nouvelle belle page de leur histoire dans dix jours à Tokyo.