Question de la mort pour les Bulls : est-ce suffisant d’avoir plein de mecs “pas mal” pour faire une saison “pas mal” ?

Le 30 sept. 2019 à 10:56 par Giovanni Marriette

Lauri Markkanen
Source image : YouTube

Paradoxe étrange en cette avant-saison pour les Bulls : le roster de Jim Boylen est excitant au possible mais dans les previews qui pullulent ça et là… Chicago ne trouve pas grâce aux yeux des bookmakers et autres fans de NBA. Excitants donc mais peu expérimentés, groupe complet mais pas de garantie de complémentarité, énormément de talent mais pas forcément de vrai boss dans la place. Doit-on être hypé par cette jeune troupe de Taureaux ? Doit-on s’inquiéter ? Être patient ? On tente d’y voir plus clair.

La plupart des fans des Bulls ? Probablement qu’ils le sont devenus car à une époque bénie… un homme et pas n’importe lequel portait sur ses épaules l’une des plus grandes équipes de l’histoire. Rajoutez d’ailleurs un lieutenant parmi les meilleurs défenseurs – entre autres qualités – de l’histoire, et vous comprendrez qu’avec un GOAT et un GDOAT dans la même équipe, ça devient tout de suite beaucoup plus facile de gagner six titres en huit ans. Deux décennies plus tard ? Les ruines des années 90 fument encore et l’Illinois tente de survivre au gré des coachs étranges, au gré des rosters bricolés, au gré d’une mélancolie divine qui fait des Bulls, quoiqu’il arrive, une franchise dont on suit la progression de près. Cette saison 2019-20 ne dérogera pas à la règle et peut-être même plus encore, le projet en cours étant plutôt excitant grâce à la présence d’un paquet de joueurs frissons. Mais joueur frisson rime-t-il avec… compétitivité ? Est-ce que les sourires dus à un jeu souvent léché et parfois organisé peuvent s’enchaîner avec des applaudissements en fin de match ? Beaucoup de questions en ce début de saison, la base, mais la plus importante est donc celle-ci : est-ce suffisant d’avoir plein de mecs “pas mal” pour faire une saison “pas mal” ?

Lauri Markkanen ? Un espèce de cyborg venu du froid, coincé quelque part entre un sous-Dirk Nowitzki et un sur-Andrea Bargnani. Corps bâti pour aller se frotter aux plus puissants mais envie (souvent fructueuse) de balancer dix tirs à 3-points par match, 22 ans à peine et des bouclettes qui pourraient très vite entrer dans l’histoire de la ville. Attaquant +++, attiré par le panier comme Nicolas Batum ne l’est plus, 19 points et 9 rebonds par match dès sa saison sophomore, la promesse d’un duo avec Wendell Carter Jr. terriblement complémentaire et même d’un trio avec WCJ et Thaddeus Young… terriblement complémentaire, bref trop de hype dirigée vers le grand sniper finlandais. La question ? Quid du partage des responsabilités avec… Zach LaVine (voir ci-dessous), quid de la mission qui sera sienne de transposer des performances dans la défaite en performances pour la gagne. Lauri est encore tout jeune et on peut donc encore lui pardonner pas mal de choses, d’autant plus que le garçon n’a pas franchement déçu depuis deux ans, mais cette troisième saison, aka le lancement officiel de sa carrière d’adulte, sera intéressante notamment à ce niveau : prouver qu’il peut passer le level up, à savoir devenir un leader qui fait gagner ses troupes.

Zach LaVine ? Un peu le même problème finalement, au détail près que lui semble prêt et motivé à prendre les rênes de la franchise, au détail près… que l’on a peut-être moins de garanties qu’avec son copain blond. Ce qui est officiel depuis son arrivée à Chicago et sa totale remise en forme, c’est que Zach a prouvé à tous qu’il n’était pas qu’un simple dunkeur, qu’il n’était pas un sixième homme, et qu’il était clairement candidat pour être un patron. Les pointes à 40 pions et plus n’ont aucun secret pour lui, ses qualités de basketteur ne sont pas loin d’être les qualités du basketteur… parfait, et c’est finalement plus au niveau de la tête que le plus gros boulot reste à faire. Zach LaVine en général des troupes dans les bons comme les mauvais jours ? L’idéal un peu bohème dit oui, mais la raison demande de poser immédiatement ce verre de White Spirit. Ce qui donne, respiration, Lauri Markkanen en boss de la maison, et Zach LaVine en dynamiteur occasionnel. Allez, on enchaîne.

Wendell Carter Jr. ? Le genre de soldat parfait. Quelque part entre Elton Brand ou le Zach Randolph des débuts et… Tim Duncan ou Al Horford. Ce genre de mec qui peut coller avec à peu près tous les cinq. Qu’on soit clair et en osant une conclusion un peu hâtive c’est vrai, WCJ a tout du n°2 ou 3 parfait pour cette franchise. Ou une autre hein. Un ou deux leaders croqueurs qui attirent les défenses, lui grandement capable de profiter de quelques unes de ses match-ups pour enfiler ses buckets. Wendell franchise player ? Boarf. Wendell facilitateur de vie pour un franchise player ? Un grand oui.

Otto Porter Jr. ? Le facteur X, qui devra lui aussi se muer en facilitateur +++ pour le duo LaVine/Markkanen. Capable de tout faire et plutôt très bien, inconstant au possible et beaucoup trop bien payé pour son apport actuel, un beau gloubi-boulga tout ça. On part donc sur un mec qui aura sans doute du mal à n’être plus qu’un second couteau… mais quel second couteau ! Altruiste, solide au rebond, bien meilleur défenseur que ce que ses errances passées ont pu montrer, scoreur compulsif, pile-poil ce mec à qui l’on demande de se sortir les doigts quand les go-to-guy ont coincé les leurs. A 27 millions c’est cher payé mais ce qui est fait est fait, on ne fera jamais d’un âne un cheval de course mais croyez-nous, on connait des ânes très utiles.

Et le reste dans tout ça ? Vous savez quoi ? Eh bien c’est pas tout mal. Thaddeus Young en vétéran / boucheur de trou / aboyeur, Tomas Satoranski qui peut pratiquement rentrer dans cette famille-là compte-tenu de son expérience FIBA et même NBA au sortir d’une vraie saison avec les Wizards, Ryan Arcidiacono en mascotte efficace à la T.J. McConnell, on a notre tiercé valeureux en sortie de banc, avec un Cristiano Felicio pour faire le pitre et un Daniel Gafford qui pourrait bien être la belle surprise de la saison chez les gamins. Deux autres interrogations pour finir, l’une très excitante et l’autre de moins en moins, mais disons que tant que le ? finit la phrase on garde encore un peu d’espoir. La grosse hype cette année ? C’est un presque Mamba puisqu’on parle de Coby White, meneur fantastique et fantasque, le genre de mec qui peut donner très vite un nouvel élan à une franchise qui se cherche. Update directe néanamoins : on parle d’un mc qui n’a pas encore joué une seule minute en NBA donc prenez garde tout de même, et on s’en reparle dans quelques semaines/mois. L’autre interrogation sur les lignes arrières ? Kris Dunn, aka l’un des plus beaux combos potentiel de ouf / déception incoming de la Ligue. Véritable moto de compétition, physique parfait du meneur de jeu moderne, mais gros retard à l’allumage du aux blessures et aux projets collectifs jusque-là rencontrés. Ce qui nous amène à la conclusion logique de ce paragraphe : Jim Boylen va devoir être plus qu’un épouvantail rigolo au bord du terrain, il devra être plus que le simple sosie de Jeff Daniels. Devenir un mec respecté car à la tête d’un groupe de jeunes qui se cherchent un rôle.

Pour résumer et pour répondre à la question en titre ? Oui ces Bulls peuvent gagner des matchs sans véritable franchise player, et notamment car leur poste 4 tout blanc a les arguments pour le devenir. Cette saison ? Partons sur ce principe : Lauri en leader qui apprend, Zach qui apprend pour sa part à être un vrai numéro 2, WCJ et Otto Porter Jr. pour jouer les soupapes, Thad qui sort le fouet, Sato qui gère le tempo, Coby White et Daniel Gafford pour rêver plus grand et l’espoir d’une vraie naissance pour Kris Dunn. Si toutes les planètes s’alignent ? Franchement ? Les Bulls pourraient ne pas être si loin… des Playoffs. Si si.