Ce n’est pas parce que les Warriors ont signé KD qu’ils ne peuvent être acclamés pour leur immense travail

Le 15 juin 2018 à 14:23 par Hugo Chalmin

Apéro Warriors en danger
source image : montage trashtalk made by Léonce

Vous savez ce qu’on dit ? Jamais deux sans trois. Et oui, les Warriors viennent de soulever leur troisième titre en quatre ans. On aime ou on n’aime pas, il faut reconnaître que Golden State fait du sale depuis 2015. Attention cependant à ne pas se laisser ronger le cerveau par l’arrivée de KD lors de l’été 2016, effaçant le fait que la réussite des guerriers de la Baie d’Oakland vient aussi et surtout d’un taf de formation exceptionnel.

Dynastie pour certains ou simple rassemblement de superstars pour d’autres, toujours est-il que les Warriors sont une machine à gagner qui s’est mise en route en 2015. Premières finales et première bague depuis 1975 pour la team composée de Curry-Thompson-Barnes-Green-Bogut. L’année suivante sera le grain de sable dans l’engrenage californien puisqu’ils verront les Cavs revenir d’une avance de 3-1. Inutile de re-préciser que c’est l’unique fois de l’histoire de la NBA qu’un tel exploit a eu lieu. La suite, vous la connaissez tous, Durant et deux trophées Larry O’Brien débarquent dans la Bay. Ça ressemble quand même vachement à une dynastie tout ça… Et lorsque l’on pense à ce règne des Californiens, on peut vite se laisser biaiser par ces deux dernière années durant lesquelles les Dubs ont accueilli un renfort de luxe en la personne de Kevin Durant. En même temps, c’est un peu logique. Le type a récolté deux MVP des Finales et le même nombre de bagues depuis son arrivée du Thunder. Ce dernier n’a manqué de se faire cracher dessus pour avoir rejoint une des meilleures teams de NBA et c’est quelque part compréhensible, l’option de la facilité n’est pas la plus respectée par les amoureux de la grosse balle orange. Mais attention à ne pas réduire le succès de Golden State à la signature du Cupcake. On l’a dit une ligne juste au-dessus, KD a débarqué dans « une des meilleures teams ». Et oui, il ne faut surtout pas oublier tout le taf qui a été fait au sein de la franchise avant qu’un serpent se faufile dans la maison d’Oakland. Un boulot qui n’a pas consisté à attirer free agency après free agency, les tauliers de la Grande Ligue. Non non, la machine à gagner roulant sur la concurrence aujourd’hui s’est construite par des sélections intelligentes à la Draft et par un travail de formation qui pourrait sans aucun doute transformer un joueur de curling en un All-Star indiscutable. On peut dire sans trop s’avancer que cette méthode a été la bonne…

Et c’est tout ce processus qui fait la force de GS, un que l’on va revisiter maintenant. Retournons un peu moins de 10 ans en arrière, lorsque ce qu’on appelle la Golden Dynastie est née. On est en 2009 et la franchise californienne va réaliser un des plus beaux coups de son histoire, si ce n’est le plus grand. Et les fans de l’Oracle Arena peuvent remercier un mec que peu trop connu en la personne de Larry Riley, GM à l’époque et scout pour les Warriors en 2018. Parce qu’avec le 7ème choix, on pouvait s’attendre à voir une autre team tenter le pari nommé Stephen Curry. Notamment les Wolves qui ont chopé deux meneurs juste avant en Ricky Rubio et un certain Jonny Flynn, actuellement éleveur de kangourous au fin fond de l’Australie. Pari réussi pour le bâtisseur puisque ce petit homme chétif deviendra le mec détenteur du record de bombes du parking envoyées dans un match (13) ainsi que pendant une rencontre de Finales NBA (9), sans parler d’un statut de meilleur shooteur de l’histoire qu’il est en train de construire, si ce n’est pas déjà terminé.

Un autre jeune homme familier des filoches va venir s’ajouter à cette très très bonne pioche. Et il ne s’agit ni plus ni moins de son Splash Bro, qui rejoindra les Dubs deux Draft plus tard, en 11ème position. Mais merde, comment ça se fait que Golden State chope des mecs aussi bon avec des picks aussi « pourris » ? C’est ce qu’on appelle le flair, ainsi que le travail de scouting. Et ça, Monsieur Riley n’en manque pas, surtout qu’il a reçu en 2011 le coup de main d’un certain Bob Myers en tant que bras-droit. Si ce nom vous dit quelque chose, c’est normal, car c’est celui de l’actuel General Manager de l’État Doré depuis sa promotion en 2012. C’est donc à ces deux compères que l’on doit la folle et destructrice association de Curry et Thompson. On pourrait penser que ce dernier allait partir bien avant le 11ème choix possédé par les Warriors. Et bien essayez de ne pas rigoler quand on va vous dire que parmi les dix sélectionnés avant, il ne sont que deux à avoir participé au All-Star Game. Avant Klay, Bismack Biyombo a été appelé. L’un des plus grands snipers de l’histoire choisi après un mec incapable de jeter un caillou dans une piscine olympique. Comme quoi, pas besoin d’avoir le first pick pour faire de bonnes affaires, il faut juste attendre les conneries des autres franchises… et avoir de la chance. Bon, on notera aussi qu’il y avait encore Kawhi Leonard de dispo lorsque c’était le tour des Californiens, mais ça c’est une toute autre histoire.

La suite de l’histoire est tout aussi exceptionnelle. On est en 2012, Andrew Bogut s’incruste à la fête et le projet des guerriers de la Baie prend forme petit à petit avec l’éclosion de ses deux bombardiers qui peuvent s’épanouir depuis le départ de Monta Ellis. L’avenir s’annonce donc radieux, d’autant plus que la Draft de cette année va marquer un tournant pour l’édifice de GS. Avec les 7ème, 30ème, 35ème et 52ème choix (qui ne donnera rien de ouf), on se dit que la team du Chef Curry a de quoi ramener du bon petit minot, sans pour autant toucher le gros lot. Le premier à être invité chez les Dubs a été Harrison Barnes. Plutôt une bonne pioche, sans non plus être un steal complet puisque derrière le natif de l’Iowa, il ne restait qu’Andre Drummond comme prospect intéressant. Ça y est, Marc Jackson tient son meneur, son arrière et désormais son ailier. Qu’est-ce qu’il manque à tout ça ? De la viande dans la raquette. Bob Myers a tout prévu et va en apporter, avec la sélection d’un big man bien imposant en la personne de Festus Ezeli. On passe maintenant au deuxième tour, et oui, Draymond Green n’a encore pas été convoqué. La franchise de Bump City s’en chargera avec leur 35ème pick. Le nom de 34 basketteurs est bien sorti avant celui de Raymond Vert, de la bouche d’Adam Silver. Le moins qu’on puisse dire, c’est les scouts de Golden State ne sont pas payés à trier les lentilles car ils vont faire du phénomène de Michigan State un des meilleurs ailiers-forts de la NBA, un Défenseur de l’année et un multiple All-Star. Si on prend le temps d’analyser la situation, on remarquera que les Guerriers ont construit une équipe championne trois ans plus tard, avec des choix de Draft jamais supérieurs au septième pick. Bien évidemment, le débarquement d’Andre Iguodala en 2013 n’est pas étranger au titre de 2015 (MVP des Finales, même si c’est Baby Face qui doit l’avoir), le cinq majeur est composé de quatre oiseaux tombés du nid d’Oakland.

Voilà pour le cas des trois gros steaks (quatre si vous voulez mettre Barnes, bon artisan du parcours de 2015 mais qui partira après l’échec de 2016). Mais Golden State, c’est aussi la formation de soutiers qui certes ne joueront pas 25 minutes par rencontre mais seront prêts au moment où l’on va faire appel à eux. Quoi de mieux pour illustrer la qualité de ce travail avec les gamins que l’ami Kevon Looney. Le 30ème choix de la Draft 2015 n’a quasiment pas joué lors de la régulière, mais son apport durant la postseason a été crucial. Remis en route au mois de mars, il a trouvé sa place dans la rotation contre San Antonio et New Orleans. Toujours présent à faire le sale boulot, se battre au rebond, KL s’est vu offrir encore plus de minutes lors des finales de conf face aux Rockets. Le pépère de 2m06 (assez petit pour un pivot) a été bien loin d’être ridicule lorsqu’il se retrouvait en défense sur un certain James Harden. À tel point que Steve Kerr lui a filé un peu plus de 19 minutes de moyenne sur la série. C’est bon, Kéké a rempli sa part du contrat, il peut donc aller se reposer et laisser la place à un autre soldat pour les Finales.

Et qui ça ? Le fou furieux de la dernière parade des champions, Jordan Bell. MVP de la célébration du titre de 2018, il a également été très bon lorsqu’il avait la grosse balle orange dans les mains et non une bouteille de Hennessey. Après avoir été quelque peu en galère contre les Texans, Mr Cloche va se transformer en super saiyan une fois la confrontation contre BronBron venue. Encore une fois, c’est un 38ème choix de Draft… On ne va pas dire qu’il valait plus, mais ce n’est pas tous les jours que des picks de second tour sont utilisés de cette façon en Playoffs. Et n’oublions pas ce bon Pat McCaw qui a fait un travail remarquable lors du succès de 2017, mais qui n’a pas pu apporter sa contribution à celui de 2018 en raison d’une terrible chute durant la régulière. Et cerise sur le gâteau, il n’y a pas qu’avec les jeunes que Golden State fait un carton, Steve Kerr et son staff sont aussi très forts pour réactiver des gars en totale perdition. N’est-ce pas Javale McGee ? Moqué de toute part depuis 7-8 ans, le chouchou du Shaq a été parfait dans son rôle de tour de contrôle pour mettre des crêpes et des tomars à tout va. Et la résurrection de Shaun Livingston, sans vouloir manquer de respect aux Nets, elle ne vient pas de Brooklyn.

Bien sûr, on ne peut pas toucher le jackpot à tous les coups ! Il y a eu de nombreux choix de Draft bien étranges et qui s’avéreront comme étant de sacrés flops, notamment celui d’Ekpe Udoh en 6ème position de la cuvée 2012. Gordon Hayward et Paul George étaient encore disponibles, impossible d’être chanceux chaque année. Mais telle est l’histoire et le principe de cet événement excitant qu’est la Draft NBA : il y a des fois où l’on gagne et d’autres où l’on perd. Et à ce petit jeu là, il faut reconnaître que les Warriors ont été plus souvent les vainqueurs que les couillons. Ajoutez un staff parfait pour entourer les joueurs, faire entendre les jeunes avec les vieux, se ramener concentrés tous les soirs, faire en sorte que les grands ego s’entendent… et vous avez les bases d’une dynastie.