Les Warriors ont zappé leurs principes offensifs : 14 passes décisives, 16 balles perdues, CQFD

Le 23 mai 2018 à 07:45 par Bastien Fontanieu

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Source image : NBA League Pass

La défense de fin de match ? Le temps-mort zappé par Steve Kerr ? Les espaces donnés à Chris Paul ? La température dans la salle ? Ne cherchez pas plus loin : si les Warriors ont perdu cette nuit, c’est avant tout à cause d’une attaque totalement enrayée.

Et pour qu’une attaque soit aussi enrayée, il faut bien que l’adversaire soit en partie responsable de ce gigantesque bordel. Du coup, rendons à César ce qui lui appartient, et félicitons les Rockets qui ont exercé une pression folle sur les Warriors. De Trevor Ariza à PJ Tucker en passant par Gerald Green, Chris Paul et compagnie, tout le monde était sur son 31 défensif et il fallait se démener pour planter un panier côté Golden State. Même James Harden, déterminé, y allait de son impact en défense avec quelques interceptions bien senties entre deux séquences. Maintenant que les applaudissements ont été envoyés, revenons aux choses sérieuses et à la réalité dans laquelle nous vivons. Toute défense de notre système solaire peut exceller à son maximum, elle ne dérangera pas les Dubs s’ils restent appliqués et concentrés. Telle est la nature de cette bête, une armée offensive comme jamais la NBA n’a pu en voir. Trop de talent, trop de discipline, trop d’options, trop de shooteurs, trop de stars, trop de systèmes, trop d’intelligence de jeu, trop de tout en fait. Vous pourriez mettre une cinquantaine de gars sur GS que, dans un bon soir, cela ne servirait à rien. Du vent, plus ou moins. Par contre, quand les hommes de Steve Kerr et le coach lui-même oublient ce qui a fait leur réussite, ce qui place cette troupe dans des hauteurs divines, c’est toute une machine qui déraille. Et ce mardi, à domicile, les Warriors ont bien touché le fond, offensivement parlant. Déjà d’un point de vue numérique, avec 14 passes décisives (plus faible total de la saison) pour 16 balles perdues…

… mais dans la manière aussi, et surtout. Le débat fera encore rage pendant longtemps, car il met en opposition deux joueurs complètement dingues en attaque. Kevin Durant et Stephen Curry, deux phénomènes suffisamment patients pour laisser l’autre briller, deux mâles alpha qui ont besoin aussi de briller en plantant des tirs venus d’ailleurs. Sur bien des rencontres depuis son arrivée à Oakland, KD a aidé les siens à survivre, ce qui a totalement tué la narration qui pousse les Warriors à avant tout passer par Steph. Dans un grand soir, Durant est tout bonnement indéfendable, et cela a déjà aidé Golden State dans cette série (Game 1). Maintenant, on l’a notamment vu pour lui depuis des années, Curry est l’allumette qui fait exploser la NBA. C’est lui, quand il est chaud, qui permet à Golden State d’accéder à un niveau all-time. Ce qui se voyait d’ailleurs ce mardi soir : embourbés dans un sacré merdier à la pause, les Warriors s’en remettaient à leur meneur pour reprendre 10 points d’avance. Du coup, dans le dernier quart-temps et sur les dernières possessions du match, pourquoi cette soudaine perte d’identité offensive ? Pourquoi les isolations de la première mi-temps, les tirs forcés du money-time, les balbutiements jusqu’à l’écoulement de l’horloge et ainsi de suite ? Poussés dans leurs derniers retranchements jusqu’à tomber amoureux du hero ball, les Californiens ont abandonné tout principe de mouvement de balle et de patience offensive pour tenter le home run, le tir ultime. Comme un trois-points rushé de Curry alors qu’il restait assez de temps pour avoir une meilleure option. Comme un pull-up de KD alors que Harden était devant lui et il y avait de quoi construire. Quelque part, ce mardi soir, les Warriors ont offert leur pire visage offensif de toute la saison.

Ce qui s’est évidemment traduit en une défaite. Golden State ne peut pas et ne doit pas tomber dans la facilité, dans la tentation du jeu sauvé par les stars. Le succès des Warriors et leur domination vient de leur collectif, ces 29 passes décisives en moyenne… divisées par deux le temps d’un soir. Game 5 ce jeudi, c’est toute une franchise qui doit se ramener à Houston : les joueurs, ainsi que l’identité de leur équipe.