Masai Ujiri prend sur lui l’échec des Raptors : oubliez Casey, Lowry ou DeRozan, on a le responsable

Le 10 mai 2018 à 20:08 par Mathieu Leprince

Masai Ujiri Toronto Raptors
Source image : YouTube

Défaits lundi pour la quatrième fois par les Cavaliers, les Raptors ont été une nouvelle fois sweepé par la bande de LeBron James. Une élimination qui fait mal dans les têtes canadiennes et, bien évidemment, on cherche les responsables. Casey ? DeRozan-Lowry ? Drake ? Non, le GM Masai Ujiri décide de tout prendre sur lui.

On le savait depuis le début, cette saison des hommes de Dwane Casey allait être déterminante. Éliminés les deux saisons précédentes par la bande de King James, les Canadiens avaient montré de nombreuses difficultés à répondre présents dans les grands rendez-vous. Alors quand la saison régulière s’est finie le 11 avril dernier, les félicitations étaient de rigueur pour le nouveau record de franchise (59 wins), mais les attentes étaient encore plus grandes. Les Playoffs devaient nous permettre de voir si le groupe de l’Ontario avait réellement progressé tactiquement, collectivement mais surtout mentalement. Malgré un premier tour qui démarrait parfaitement avec deux victoires gérés à la maison contre les Wizards, lorsque le moment fut venu de se déplacer dans l’antre des hommes de la capitale, les Dinos ont marqué le pas se faisant remonter à 2-2. Les faiblesses habituelles ? Les Raptors répondaient vite en gagnant les deux matchs suivants avec autorité. Au second tour, ce sont leurs pires ennemis épuisés par un premier tour en sept manches face aux Pacers qui se présentaient face à eux. Enfin l’heure de la revanche pensait-on. La série a vite tourné court, une mixtape magistrale de LeBron sur quatre matchs et voilà le duo DeRozan-Lowry en vacances de façon bien crade. Manque de leadership, coaching défaillant ou tout simplement un gros choke, le dossier Raptors est encore bien fourni. Cependant pour le GM, Masai Ujiri, ce sweep s’est joué à quelques détails et le Game 1 en est le point central. Interrogé en conférence de presse, l’ancien manager des Nuggets de 2010 à 2013 s’explique dans des propos rapportés par Bruce Arthur du Sports Columnist :

“Je reviens sur le Game 1, pour être honnête. Qu’est-ce qui a changé les choses ici ? Abandonner notre avance ou les coups de sifflet, les lay-ups ratés. Toutes ces choses. La marge d’erreur en NBA est si petite. Je sais à quel point nous étions confiants dans le premier match. Pas seulement de nous, ni de nos fans, pas seulement des joueurs, mais même de vous. Tout le monde se sentait bien à ce sujet. Même après ce match, tout le monde se sentait bien à ce sujet. OK, pourquoi avons-nous donné ce match ? Mais pour moi, la marge d’erreur lorsque vous jouez dans les Playoffs est si petite. Il y a des tournants et le premier match en est un pour nous… pour une raison quelconque, nous avons juste perdu quelque chose là-bas.”

Certes le Game 1 est désastreux pour les Canadiens tant leur emprise sur le match était bonne jusqu’aux ultimes instants de la rencontre. Mais cela n’explique pas forcément l’effondrement lors des matchs suivants. Si la série fantastique de LeBron James est une explication plausible, et ce pour un tas d’autres équipes depuis des années, il faut noter qu’une nouvelle fois les Dinos n’ont pas supportés la difficulté. Un peu comme un château de cartes qui paraît joli après une belle régulière mais qu’un petit coup de souffle de Bron-Bron envoie valdinguer. Mais à qui doit-on imputer la faute ? Le projet autour de DMDR et Lowry avec Casey-Ujiri à sa tête est maintenant présent depuis cinq ans et il montre toujours les mêmes limites. A ce sujet le GM est clair, il prend tout sur lui :

“Je pense qu’il y a plusieurs façon de s’améliorer. C’est sur moi. Posez ça sur moi. Oubliez tout les autres trucs dont vous parlez. Posez ça sur moi. Nous irons mieux. Nous irons mieux ici. Nous croyons en cette ville, ce pays, cette équipe ici et aller de l’avant. Je l’ai mis sur moi-même.”

Des propos à la fois pour protéger un peu ses joueurs et le staff mais surtout tintés d’une énorme frustration. La saison était si belle que la sortie n’en est que plus horrible. En effet tout n’est pas à jeter dans le projet de Toronto. Le collectif et la culture de l’équipe étaient en bonne évolution et les progrès se voyaient clairement. La draft amenait chaque saison de nouveaux joueurs pas forcément haut placés mais qui venaient se fondre dans un moule pour en ressortir performant. Le cas de OG Anunoby – qui a disputé cette année près de 62 matchs en tant que titulaire – en est le meilleur exemple. Cependant les Dinos souffrent toujours des mêmes maux malgré une progression importante à tous les étages de l’institution. L’heure de faire quelques retouches est alors peut-être arrivée. Les chances de gagner un titre avec DeMar et Kyle paraissent proche du néant et les premières rumeurs autour de Dwane Casey sont bel et bien présentes. Mais pour Masai Ujiri, il faut avant tout observer l’intégralité du projet pour avancer au mieux.

“Ouais, tout le monde peut interroger Casey sur tout ce qu’ils veulent, vous pouvez questionner Kyle sur tout ce que vous voulez, vous pouvez interroger DeMar DeRozan sur tout ce vous voulez. Vous savez quoi ? Je dois regarder le corps du travail. En tant que leader, je dois regarder le corps du travail qui a été fait ces cinq dernières années et réfléchir à ces cinq dernières années et aux cinq prochaines. C’est ce que je dois faire, et c’est ce que je vais faire. Oui il y a des faiblesses. Et oui il y a des forces… Et je dois trouver une direction à prendre.”

Si les propos autour de sa responsabilité par rapport à l’échec paraissent honnêtes sur certains points, ils n’en cachent pas moins une grande frustration chez le boss des Raptors. La franchise ne peut pas gagner de titre en l’état actuel des choses et cela pose problème. Une base de culture et d’identité Toronto a été mise en place mais il y a aussi de grosses défaillances. Après cinq années de croissance, le groupe a sans doute atteint son plafond et l’heure des changements, ou au moins des retouches, a peut-être sonné…

Source : The Star