Ça rigole à Toronto : Fred VanVleet, symbole de la franche camaraderie du collectif des Raptors

Le 03 avr. 2018 à 17:06 par Aymeric Saint-Leger

fred vanvleet raptors
Source image : NBA League Pass

La mentalité à Toronto cette année, c’est “tire-toi une bûche, et viens kiffer avec nous”. Plus on est de fous, plus on rit, et en ce moment chez les Raptors, ça rigole fort, à gorge déployée. L’ambiance est saine, bon enfant, tout le monde est intégré à la dynamique actuelle, cela se passe bien sur le terrain. Autant dire qu’il en est de même dans le vestiaire et en dehors du gymnase. C’est la bonne entente, et s’il y en a bien un qui symbolise ça, c’est Fred VanVleet.

Les Raptors se sont construit un superbe collectif cette année, alors que c’était leur défaut auparavant. On se rappelle d’il y a quelques années, où ça croquait pas mal sur le backcourt entre Lowry et DeRozan, de quoi frustrer Jonas Valanciunas qui ne voyait la gonfle que trop rarement. Les autres membres du cinq majeur, aux postes 3 et 4, ont évolué, entre les passages de Luis Scola, Patrick Patterson, Terrence Ross et ce bon vieux Landry Fields. Si le cinq majeur était déséquilibré, on n’évoquera même pas le banc. La second unit, très faible pendant des années, était en partie responsable des résultats en demi-teinte des Raptors. KL et DMDR étaient obligés de jouer beaucoup, et d’arriver en Playoffs sur les rotules, prêts à se prendre un bon finish it par BronBron. On se rappelle alors des tensions entre Dwane Casey, et JV, puisque même Bismack Biyombo était passé devant le Lituanien dans la rotation. L’ancien meneur de Villanova et l’arrière de la fac de USC n’avaient pas l’air de s’entendre au mieux, le Californien craquant un peu dans les moments importants, alors que K-Low voulait souvent jouer au sauveur de la patrie.

Aujourd’hui, l’entraîneur de Toronto a enfin ouvert les yeux, et s’est rendu compte qu’il fallait une bonne rotation solide pour aller loin, et pas seulement un cinq majeur qui tient la route. Dwane Casey a donc ouvert son banc, donné du temps de jeu à de nombreux joueurs, mais surtout a essayé de construire une alchimie entre son cinq majeur, sa second unit, et des lineups qui mixent les deux. Et hop, miracle, ça marche. Les résultats viennent, les titulaires jouent moins : cinq minutes de moins par match pour le solide meneur, moins une minute trente pour l’explosif arrière. Ça se repose plus, les responsabilités se partagent dans l’Ontario, pour le plus grand bonheur de tout le monde. De quoi former une osmose certaine, et bien faire vivre un groupe. On le voit, c’est une bande de jeunes (seuls C.J. Miles et Kyle Lowry ont plus de 30 ans), ils sont tous potes, jouent tous bien sur le terrain, et s’entendent à merveille. Si l’on doit tirer notre chapeau au coach des Dinos, parce qu’il a réalisé quelque chose dont peu de gens le voyaient capable de faire, on doit aussi rendre hommage au symbole de cette franche camaraderie, un gars qui n’aurait jamais eu sa chance s’il était arrivé il y a quatre ans au Canada, Fred VanVleet, le détonateur de la bonne ambiance qu’il a décrit à Slam Online :

“On plaisante et on rigole toute la journée. C’est tout ce que nous faisons, que ce soit dans le bus, sur le banc, pendant le match, c’est tout ce que nous faisons. Nous faisons des blagues, nous amusons et rigolons. Nous parlons de tout, il n’y a pas de limites. C’est un groupe étroitement lié. Nous nous sommes entraînés ensemble, nous avons fait des summer leagues ensemble. On passe beaucoup de temps ensemble.”

C’est tellement mignon, on croirait presque que la saison des Raptors ressemble à une colonie de vacances trop cool (pas celle à Quiberon hein). Au Canada, il y a une corrélation positive entre les résultats et l’ambiance. Si ça gagne des matchs, l’entente est top, si l’ambiance est super, les résultats sont bons… Le cercle vertueux se répète encore et encore pour VanVleet et ses partenaires. Ils sont tous heureux, qu’ils soient vétérans dans la Ligue ou très jeunes comme Jakob Poeltl ou OG Anunoby. Parmi les joueurs de rotation, dont peu auraient eu de telles opportunités il y a quelques temps (il faut le rappeler, l’utilisation du banc de Casey était aussi bonne que celle de Thibs), c’est bien le petit meneur en provenance de Wichita State qui aurait ciré le bout du banc sous l’ancien Dwane. En effet, le petit tank a passé quatre bonnes années dans sa fac, avant de se présenter à la Draft 2016, sans succès. Non sélectionné parmi les soixante heureux, ça aurait pu rapidement sentir mauvais pour celui qui a plus un nom de cyclo-crossman néerlandais qu’un patronyme de basketteur ricain. Cependant, il s’est battu, a impressionné en Summer League, à tel point qu’il signe avec les Raptors en 2016. Il naviguera entre D-League (à l’époque) et NBA lors de sa saison rookie, puisqu’il était le quatrième dans la rotation, derrière Lowry, Joseph et Wright.

Après le départ du Canadien pour Indiana, il se retrouve propulsé dans la second unit dans son année sophomore. Il tourne actuellement à 8,8 points, 2,5 rebonds et 3,2 passes en 20,2 minutes par match, soit un apport conséquent. Le clone un peu bouffi de Deron Williams aime les responsabilités, ça se sent, et il n’hésite pas à demander les ballons en fin de match. Sang-froid et et efficacité sont les maîtres mots du meneur d’1 mètre 83 pour 88 kilos lorsqu’il se trouve sur le parquet. En-dehors, il suffit de jeter un coup d’œil sur le banc pour voir à quel point FVV met l’ambiance. Toujours debout, à se marrer, son énergie est communicative, et fait même agiter la touffe de Tahiti Bob Lucas Nogueira, qu’on croyait en période de cryogénisation. Déconneur en dehors du parquet, plus que sérieux sur ce dernier, Fred VanVleet est le joueur à avoir dans son effectif, parce qu’il peut rendre des services, en attaque et en défense, par son agressivité et son QI basket. Surtout, à l’approche des Playoffs, que les Raptors vont aborder en tant que champion de la Conférence Est en saison régulière, il pourra s’avérer plus qu’utile. Même si son temps de jeu risque de baisser un peu, au profit des titulaires, il sera prêt. À l’image d’un Norman Powell l’an dernier, il peut s’éclater en postseason et aider Toronto. Au-delà de cela même, l’interrogation plane toujours sur les Dinos, qui sont souvent en voie d’extinction lorsque cela compte vraiment. Un joueur avec la tête bien visée sur les épaules comme VanVleet, même du haut de ses 24 ans, pourra suppléer Lowry ou DeRozan en cas de disette sur un (des) match(s). En plus, le monsieur sait être clutch, il l’a déjà prouvé.

Symbole s’il en est de la cohésion des Raptors sur et en dehors du parquet, Fred VanVleet n’a pas fini de nous surprendre. Le Deron Williams rétréci et protéiné est en constante progression, et pourrait aider Toronto a enfin franchir un pallier. Individuellement, on lui souhaite la même réussite que l’ancien meneur du Jazz et des Nets (en début de carrière tout du moins…). Mais on lui souhaite surtout de continuer à apporter son énergie collectivement à un roster NBA. Savoir rigoler et être sérieux quand il le faut, c’est important dans la Ligue. À 24 ans, FVV a déjà compris beaucoup de choses.

Source texte : Slam Online