Les détails du contrat de Joel Embiid : minutes jouées, matchs validés, une paperasse de 35 pages

Le 11 oct. 2017 à 10:54 par Bastien Fontanieu

Joel Embiid
Source image : YouTube

En apprenant la prolongation contractuelle de Joel Embiid avec les Sixers cette semaine, on se demandait simplement quelles mesures de protection la franchise de Philadelphie pouvait instaurer : des détails ont leaké, on fait le point.

Trente-cinq pages.

Trente-cinq.

Ce qui ne paraît pas immense, quand on se penche sur la plupart des contrats engageant un sportif avec son club, sauf qu’en NBA, on est bien dans un cas unique avec Monsieur Process. Un qui est notamment expliqué par le bilan médical et le parcours exceptionnel de Joel, lui qui a réussi, en une trentaine de matchs, à quasiment faire oublier le fait qu’il n’avait pas joué pendant deux ans. Unique en son genre en tant que joueur, le pivot est aussi unique en son genre dans la façon dont son deal a été structuré. C’est donc via Adrian Wojnarowski et Bobby Marks de chez ESPN que les infos les plus sérieuses ont été validées, avec la notion actée suivante : c’est bien un contrat incluant plusieurs conditions que les Sixers et Embiid ont signé cette semaine. On n’est donc pas dans un cas où les 148 millions de dollars prévus sur 5 ans sont intégralement garantis, chose qui semblait effrayer pas mal de monde et poussait certains à crier sur tous les toits que le management de Philly était incompétent. Bon, pour le coup, on reviendra plus tard sur Colangelo et ses potes, mais dans le cas du géant camerounais il n’y a pas de quoi crier au scandale. Sans révéler de détails, le GM des Sixers s’est tout de même exprimé hier en soulignant bien le fait qu’il s’agissait d’un cas particulier, et que les meilleurs intérêts de la franchise avaient été conservés en mettant de la condition à tour de bras. Mais alors, quelles conditions, mon cher Watson ?

Pour le moment, sans avoir d’officialisation, on partirait sur les éléments suivants, venant donc des grosses têtes d’ESPN :

  • Sur les quatre dernières saisons des cinq inclues dans la prolongation contractuelle (de 2019 à 2023), les Sixers pourront se séparer d’Embiid et obtenir une balance financière s’il subit une blessure mentionnée dans le-dit contrat. C’est-à-dire, la blessure – si elle a lieu – devra avoir lieu dans une région déjà touchée : les pieds et le dos sont, par exemple, inscrits dans le contrat.
  • Mais pour que la franchise puisse justement toucher cette balance et éviter un salaire fantôme trop lourd, il faudra que ces blessures l’empêchent de jouer un minimum de 57 rencontres et 1650 minutes. Sachant, pour vous donner une idée, que Joel a participé à 31 rencontres pour moins de 800 minutes sur sa campagne rookie.
  • Prenons un exemple concret. Si Embiid se blesse aux genoux, au poignet ou à l’épaule, des régions qui ne sont apparemment pas mentionnées dans la liste des blessures à éviter dans le contrat, les Sixers ne pourront utiliser quelconque moyen pour contourner le problème et éviter la garantie de son salaire.
  • Maintenant, si Joel se blesse sérieusement et que ces blessures sont sur la liste en question, les Sixers pourront se séparer du joueur et lui payer entre 84,2 millions (s’il est coupé après la saison 2018-19) et 129,4 millions (s’il est coupé après la saison 2021-22).
  • Mais si, on touche du bois, Embiid parvient à valider minimum 1650 minutes de jeu sur trois saisons consécutives, ou sur trois des quatre prochaines saisons de son contrat, les Sixers ne pourront plus utiliser le levier “blessure” pour obtenir quelconque réduction sur les salaires à verser.

Ajoutez à cela le fait qu’il pourra toucher le supermax en cas de All-NBA 1st Team ou trophée de MVP… cette saison, et vous obtenez un bordel fort sympathique. En soit, on peut comprendre que certains se grattent le front et se demandent à quoi bon se prendre autant la tête sur un gars qui peut exploser à tout moment. Sauf que Joel vaut le risque, et qu’il n’est jamais assez prudent de valider de la condition à tour de bras pour anticiper toute galère future. On est donc sur un dossier exceptionnel, un que certains estiment comme le contrat “le plus élaboré de l’histoire de la NBA”. Difficile, de mémoire, de se souvenir d’un joueur ayant eu droit à ce type de traitement sur son contrat. Pourtant, on en a vu de la belle bête passer par la Ligue et faire suer du manager. Mais Embiid est unique en ce sens qu’il a réalisé une demi-saison rookie phénoménale, qu’il représente bien plus que des chiffres et de la tactique sur un terrain de basket, et qu’il peut slalomer entre les galères physiques. Certes, l’histoire nous dit qu’il n’est jamais bon de surpayer un intérieur dont les pieds et le dos sont en PLS à moins de 25 ans, mais l’histoire ne nous a pas dit qu’on retrouverait un phénomène de ce genre, aussi doué et impressionnant, proposant 31 matchs de ce genre après deux années passées éloigné des parquets. Joueur unique, contrat unique.

En attendant donc d’en savoir davantage sur le contrat final de Joel Embiid, on peut néanmoins rassurer les fans des Sixers ou quelques mauvaises langues : oui, le pari est risqué à Philadelphie, mais il ne s’agit pas d’un all-in. Monsieur Process va donc devoir valider ses conditions, et si c’est le cas plus personne ne reparlera de ce contrat.

 

Source : ESPN