Retour sur l’équipe de France : ils sont revenus, ont démarré, et ont montré de beaux signes pour la suite

Le 13 sept. 2017 à 14:17 par Bastien Fontanieu

France
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Dans cette équipe de France qui a malheureusement dû quitter le tournoi plus tôt que prévu, il n’y avait pas que des anciens connus de Rio. Des nouveaux, des retours, du neuf, de l’avenir : retour sur six têtes qui ont quand même fait plaisir.

Lorsqu’on se retrouve dans une période de transition, comme celle traversée par l’EDF en ce moment après les départs de Tony Parker, Mickael Gelabale et Florent Pietrus, les compétitions qui suivent sont forcément l’occasion de découvrir ou redécouvrir des profils gardés sous le coude. Des joueurs qui étaient là par le passé, certains médaillés et d’autres non, et des jeunes qui représenteront l’avenir du coq partout dans le monde. L’EuroBasket 2017 n’a d’ailleurs pas dérogé à la règle, puisque 6 garçons sont rentrés dans cette boîte. Avec du bien, du moins bien, mais surtout du neuf. Avant de passer à la suite donc, avec une saison qui les emmènera de la NBA à l’Europe en passant par la Chine, il fallait bien qu’on fasse le point. Voir si, d’ici quelques années, ces gars seront des cadres du groupe, ou qu’on reviendra sur ce tournoi comme un one-shot individuel.

# Evan Fournier (15,8 points de moyenne)

Cas particulier, que celui de Vavane. Car de retour, certes il fût, mais Rio était un épisode plus oubliable qu’autre chose. Et pas que pour lui. Sur ce tournoi, l’ailier a très bien commencé et fini, mais au milieu le trou noir fût plus inquiétant. 25, 21, 7, 4, 11 puis 27 points, pas vraiment ce qu’on appelle de la régularité même si dans l’agressivité Evan en eût un max et l’équipe l’emportait. Capable de provoquer plus de lancers que tous les autres Bleus, Fournier a fait plaisir à revoir avec la rage qui le caractérise, même si celle-ci aurait dû mieux être contrôlée. Triste à dire, mais le souvenir de nombreux fans de son Euro 2017 restera le pétage de plomb contre la Slovénie, quand l’EDF avait déjà une valise de retard au score. Ce qui fût bien plus intéressant à regarder, cependant, c’est cette intégration dans le cinq majeur à un poste d’ailier où Batum sévit habituellement. Solide en 3, Champagne serait peut-être encore plus appréciable à son vrai poste d’arrière, offrant une belle taille sur les ailes avec Nico. Mais au final, pour une première compétition de retour dans le groupe, Fournier a fait le job. Du Vavane dans le texte quoi, percutant et capable de tirer la caravane quand ça rentrait pas pour les autres.

# Kevin Seraphin (8,2 points de moyenne)

Cela faisait cinq ans qu’on ne l’avait pas vu, depuis les JO de Londres en 2012. Et pour son comeback, Kevin a apporté ce que Kevin apporte. C’est-à-dire ? Des limites défensives reconnues, mais une puissance intérieure que les autres Bleus ne pouvaient offrir. Parfait contre l’Islande (14 points), c’est surtout son temps de jeu qui nous a interrogé sur les choix de Vincent Collet. De 4 à 13 puis 20 minutes sur le tournoi, on savait bien que Seraphin n’était pas à 100% mais ça allait de paire avec son utilisation dans le groupe. Sachant que le type est doué au poste avec la balle, pourquoi ne lui avoir filé que… zéro ballon avec un défenseur dans le dos ? Allez, on veut bien qu’il en ait eu cinq, grand max. Mais sachant que sur défense pick and roll c’était un poil galère, ne pas avoir plus utilisé un grand qui score au poste aussi bien était un peu de l’ordre du gâchis. Quand tu sais que KSLife tourne à 73% au tir sur toute la compétition, ça peut imposer deux ou trois questions. En tout cas, rien que pour le fait de le revoir porter le bleu avec envie, ça faisait plaisir. Il aurait pu en faire une tonne sur les compétitions passées, il est venu et a apporté comme il pouvait.

#Louis Labeyrie (5,5 points de moyenne)

Dans un profil nickel pour le jeu moderne, grâce à ses longs segments, sa taille (2m09) et une bonne petite détente sèche des familles, Louis a montré des séquences qui ont rappelé qu’il était encore sur le board de quelques équipes NBA après une nouvelle Summer League intéressante. Difficile pour un nouveau comme lui de s’intégrer efficacement dans le groupe bleu, mais dans la famille des hyperactifs qui parviennent à contribuer dans le jeu sans forcément avoir de positions, Labeyrie était là. Pas hésitant sur son shoot, il avait évidemment une sélection parfois douteuse, mais c’est le package complet qu’apporte un garçon comme Double-L. Il y a du très bien, comme du finish avec autorité et une montée en altitude entre deux interviews fun. Il y a du moins bien, comme un jeu parfois peu sous contrôle et une attitude chelou entre deux coups de pression à l’adversaire. N’empêche qu’à 28 ans, en 2020, avec encore plus d’expérience, Louis en 4 remplaçant c’est volontiers.

# Edwin Jackson (5 points de moyenne)

Après sa retraite internationale qui finalement n’en était pas une, on a accueilli Edwin les bras ouverts en se demandant justement ce qu’il allait apporter. Du tweet à foison pour tacler ses détracteurs, ça on savait. De la création de shoot qui transpire la NBA, ça on savait aussi. De la défense intense sur l’homme et une envie de calmer le jeu, ça par contre on ne savait pas. Et ce fût assez appréciable, entre deux heat check qui faisaient même glousser Gérard sur le canapé. Acceptant volontiers de se coltiner du dragster en face, Edwin a apporté une densité athlétique assez chouette avant de faire des mixtapes en Chine. Le seul regret qu’on peut avoir, finalement ? Peut-être le fait de ne pas l’avoir assez mis en avant, ou de l’avoir trop menotté. Car avec le 9ème temps de jeu du groupe, Jax aurait pu avoir plus, et aurait surtout pu se lâcher plus. L’envie de s’appliquer sur les demandes de Collet, volontiers, mais Edwin reste un garçon qui cartonne à l’instinct et à l’imprévisible. Avoir plus de temps de jeu qu’Antoine Diot ou ne pas en donner autant à Westermann aurait pu être une option. En sortie de banc, quoi qu’il en soit, une gâchette comme EJ qui accepte de défendre, c’est oui toute l’année.

# Vincent Poirier (3 points de moyenne)

Trop compliqué de pouvoir juger Poirier quand on ne sait à quel temps de jeu s’attendre. Normal, quand t’es un peu le grand qui vient “en cas de besoin”. Volontaire et immense, Vince a quand même fait plaisir à voir mais les limites restent présentes dans son jeu. Disons que miser sur son retour dans le groupe en 2019 et les compétitions suivantes, c’est pas forcément notre came. Il suffit du retour d’un autre cadre pour qu’il soit sur le téco, mais cela n’enlève en rien la solidité du job effectué contre l’Islande. Seulement âgé de 23 ans, VP pourrait devenir VIP s’il revient dans deux ans avec un jeu encore plus costaud, confiant et affirmé.

# Axel Toupane (2,8 points de moyenne)

Tristesse pour Axel. Pas pour son tournoi en fait, compliqué de faire quoi que ce soit avec un profil similaire à Poirier dans l’obtention du temps de jeu. Tu dois rester prêt, on t’envoie dans le feu, pas forcément ce qu’il y a de plus simple. Mais tristesse oui, car en l’absence de Nico Batum, c’était peut-être lui la meilleure option défensive sur l’aile… dans tout l’effectif. Certes moins efficace et prévisible en attaque, Toupane a montré par séquences qu’il pouvait faire transpirer les extérieurs adverses. Et dans un Euro qui a vu l’EDF prendre des valises de points, le voir obtenir aussi peu de temps de jeu faisait forcément grincer des dents. Mais sans hésiter en attaque, tout en respectant le plan de jeu collet, et en apportant cette dimension athlétique NBA mentionnée dans le paragraphe d’Edwin, Axel a fait son boulot. Typiquement le genre de gars qu’on pourrait retrouver dans le groupe, même si c’est ric-rac, car sa patience défensive était ce dont l’EDF avait besoin.

Au final ? Difficile de savoir qui dans ces 6 garçons va pouvoir retourner en EDF par la suite. Il faudra s’ajuster, en fonction du retour de certains et le développement d’autres. Ce fût quand même plaisant de revoir des visages, d’en découvrir de nouveau, et prendre part à ce processus de transition qui demandera de la patience. Il en faut, comme de sales compétitions, afin de trouver l’équilibre de demain.


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