Le fabuleux destin du millésime 96 – Ray Allen : attaquant fabuleux, tueur de sang-froid, sniper légendaire

Le 11 févr. 2017 à 18:58 par Alexandre Martin

Ray Allen
Source image : montage par @TheBigD05 via image YouTube

On parle beaucoup de la Draft de 1984 ou de sa petite sœur de 2003 en termes élogieux, comme les meilleures que la NBA ait pu connaître. Pourtant, intercalée entre ces deux générations dorées, une autre cuvée a son mot à dire. Avec 18 titres de champion, 2 MVP des Finales, 4 MVP de saison régulière et 10 All-Stars, la classe 1996 mérite toute notre attention. Ce millésime – qui vient de voir son dernier représentant tirer sa révérence avec un feu d’artifice à 60 points – fête donc cette saison les 20 ans de son arrivée dans la Ligue. Et, force est de constater que ces gars ont non seulement brillé sur les parquets mais aussi grandement contribué à changer le visage de la NBA. Pour le meilleur ou le pire, n’est-ce pas monsieur Stern ?

Notre série continue aujourd’hui. Après Ben Wallace – l’exception non-drafté – on revient dans le top 5 pour s’intéresser à Ray Allen cet attaquant fabuleux qui a tout connu en 18 saisons sur les parquets de la Grande Ligue.

Rookie Origins – Du football, du baseball puis du basketball pour cet athlète exceptionnel

Durant toute son enfance et son adolescence, Ray Allen a vécu d’une base militaire à une autre au gré des affectations données son père. Alors qu’il était encore tout jeune, lui et sa famille s’installèrent pour quelques années en Angleterre à Saxmundum, une petite ville pas très loin d’ipswich  et de la base où bossait son paternel. C’est là qu’il découvrit le football – le nôtre, pas l’américain – et s’il n’était pas plus grand que les autres enfants, il montrait déjà des qualités athlétiques exceptionnelles. Il s’essaya au baseball et il y était si doué à l’âge de huit ans qu’on aurait très pu l’imaginer faire carrière batte en main. Mais c’est bien balle en main que Ray-Ray va tout exploser… De retour aux Etats-Unis, en Californie, Ray se mit au basketball et rejoint une league faite d’équipe d’enfants de militaires. Dès lors, son talent devint évident. Sa mère l’encouragea tout de suite à l’exploiter mais sans oublier de cultiver son cerveau également. Il se mit à apprendre sur le basket, à écouter ses coachs, à bosser sur ses fondamentaux avec une discipline tout simplement hallucinante pour un adolescent.

Au lycée en Caroline du Sud, il va tout casser sur son chemin, émerveillant les fans soir après soir de son don incroyable pour le maniement de la grosse balle orange. Il emmènera même les Rams (lycée Hillcrest) jusqu’au titre de champions de l’état. Repéré par le staff de l’Université de Connecticut, il va rejoindre cette fac’ à l’été 1993. Et, après une année un peu dans l’ombre de Donyell Marshall, Ray va exploser et porter les Huskies tout au long d’une excellente saison qui les verra recevoir le siège numéro 2 pour le tournoi NCAA où il se feront sortir par UCLA malgré 36 points de notre ami Allen. Pour sa troisième saison en université (1995-96), Ray envoya du lourd avec 23,4 points, 6,5 rebonds et 3,3 passes décisives. Une saison qu’il ne vivra pas si bien car régulièrement axée autour d’une rivalité imaginaire entre lui et un certain Allen Iverson. Pourtant les deux gars se respectaient beaucoup depuis leur rencontre sous le maillot de Team USA pour les “World University Games”. Une compétition remportée haut la main par les Américains. Il faut dire qu’avec la paire Allen Iverson – Ray Allen sur le backcourt, les représentants de la bannière étoilée était sacrément équipés, injustement équipés même… Et c’est ainsi, qu’ au soir de la Draft 96, Ray arriva avec une excellente cote et fut choisi en 5ème position pour se retrouver à signer son premier contrat pro avec les Bucks.

Rookie Year – “He Got Game”

A Milwaukee, on compte beaucoup sur le jeune Allen d’entrée. Il ne va pas faire partie de ces rookies draftés haut mais laissés sur le banc la première année – voire plus – pour des raisons parfois bien obscures. Pourtant Chris Ford – le coach des Daims de l’époque – dispose déjà de quelques joueurs de bon calibre. Vin Baker, un intérieur gros rebondeur et adepte du poste bas. Glenn “Big Dog” Robinson, un ailier costaud aimant le contact et le shoot à mi-distance. Sherman Douglas, un meneur vétéran et bon gestionnaire. Intelligent, Ray-Ray sait qu’il peut impeccablement se fondre dans ce décor car autour du trio cité précédemment, on ne trouve que des role players assez moyens. Il sait qu’il va pouvoir exprimer ses talents offensifs depuis le poste 2 qui va lui être attribué et qui sera d’ailleurs le sien jusqu’au bout de sa carrière. Du coup, 82 matchs dont 81 en tant que titulaire pour 13,4 points avec déjà un sympathique 39,4% au tir de loin, le tout accompagné de 4 rebonds et 2,6 passes décisives.

Une ligne de stat très sérieuse pour un rookie entouré de deux stars aux caractères changeants, deux stars pas forcément des plus adéquates pour encadrer un jeune scoreur pour sa première saison dans l’élite. Ce qui n’empêche pas Robinson de devenir instantanément un gros fan de son coéquipier :

“Ray a cette fluidité dans son geste. Il est le shooteur le plus naturel avec lequel j’ai jamais joué.”

En attendant, lors de cette saison, les Bucks ne vont rien faire. Ils ne vont même pas atteindre les Playoffs… Mais Ray lui ne passe pas inaperçu et il n’y pas que son coach ou ses potes des Bucks qui repèrent son talent. Lors d’un passage à New York en mars (1997 donc), il fut approché par Spike Lee qui avait en tête le fameux “He Got Game”. Denzel Washington avait déjà donné son accord pour le rôle du père mais le réalisateur fans invétéré des Knicks recherchait un jeune joueur pour le rôle. Quelques auditions pendant l’été et Ray-Ray fut choisi (devant Iverson ou Marbury notamment). Il incarnera donc Jesus Shuttlesworth dans ce long-métrage qui sortira sur grand écran l’année suivante, une belle réussite qui fera monter en flèche sa réputation faute d’évoluer dans un gros marché.

Petit rookie deviendra grand – Simple All-Star puis double champion et futur Hall of Famer

18 saisons, 1300 matchs de régulière, 24 505 points scorés soit presque 19 par soir. Ray Allen n’est pas seulement un immense joueur de basket, il est le shooteur à trois-points le plus prolifique de l’histoire NBA (jusqu’à ce que Stephen Curry ne vienne le détrôner) avec 2973 bombes rentrées depuis le parking en carrière. Ray Allen est une légende de la Grande Ligue et, comme toute légende, sa carrière a suivi une évolution qu’il a su maîtriser, utiliser… Au départ, c’est un arrière au physique idéal qui a débarqué chez les professionnels : 1m96, 90 kilos, sec mais musclé, rapide et doté d’une très bonne détente, le jeune Ray Allen est avant tout un scoreur fabuleux. Un slasher muni d’un shoot meurtrier, un gars qui pouvait aller dunker sur la tête de n’importe qui mais qui pouvait aussi tuer le match de loin. Chez les Bucks pendant six saisons et demi, et encore plus chez les Sonics pendant quatre saisons et demi, “Jesus” a régalé grâce à son aisance pour faire trembler les filets. Il n’a jamais été un très gros créateur pour les autres même s’il avait la vision et la technique pour distribuer quelques superbes caviars mais ces coéquipiers l’ont toujours adoré pour sa gentillesse, sa pertinence et son éthique de travail sans faille.

De 2000 à 2007, Ray plantera toujours plus de 20 points de moyenne sans jamais obtenir le moindre succès significatif d’un point de vue collectif. All-Star évident, Ray-Ray n’en était pour autant qu”un scoreur seulement magnifique ou magnifiquement seul. C’est selon. Et puis, à l’été 2007, sa carrière va prendre un tournant décisif. Il va être échangé et partir à Boston rejoindre des Celtics ambitieux afin de former un Big Three monstrueux avec Paul Pierce et Kevin Garnett. Ray verra sa production individuelle baisser mais il s’en fiche. Il a compris – tout comme Paulo et KG – que c’est par là que va passer cette campagne magique que vont nous offrir les Celtes dès la saison suivante. Il découvre autre chose. Il découvre le goût de la victoire avec ce titre 2008 auquel il va participer grandement que ce soit en saison ou en Playoffs. Faire partie d’une équipe des Celtics ayant battu les Lakers en Finales NBA, ça doit être quelque chose… La suite n’offrira pas d’autre bague en vert malgré des Playoffs chaque année et de belles campagnes. Nous finiront par voir Ray Allen signer au Heat en tant qu’agent-libre en juillet 2012. Un coup que Pierce et Garnett ne vont que moyennement apprécier mais même s’ils considèrent qu’Allen les a trahi en filant en Floride, ce n’est rien par rapport à ce qu’on dû ressentir les fans des Spurs en ce soir de juin 2013, le 18 précisément. Ce soir-là, Ray n’état pas titulaire mais il a tout de même joué plus de 40 minutes malgré ses (presque) 38 ans. Ce soir-là, Ray va hériter d’un ballon dans le corner et faire mouche pour permettre au Heat d’arracher une prolongation, puis une victoire, puis un titre.

C’est ça Ray Allen. C’est un gamin fabuleusement doué pour le sport, un athlète qui aurait pu réussir dans bien d’autres disciplines que le basket. C’est un type tellement doué pour faire rentrer la grosse balle orange dans le panier que peu d’adversaires ont réussi à l’en empêcher. C’est un homme intelligent qui a su faire quelques bons choix et prendre ses responsabilités au bons moments pour faire de son épopée en NBA, un voyage inoubliable pour lui, comme pour nous. 

Stats en carrière : 

18,9 points à 45,2% au tir dont 40% de loin, 4,1 rebonds, 3,4 passes décisives et 1,1 interception en 35,6 minutes de moyenne sur 1300 matchs de saison régulière.

Un bout de palmarès : 

  • Champion NBA 2008 et 2013
  • 10 fois All-Star
  • Champion olympique en 2000
  • Shooteur à trois-points le plus prolifique de l’histoire (2973 tirs rentrés).

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