C’était il y a seulement 10 ans – Knicks : le chef-d’œuvre de mauvaise gestion d’Isiah Thomas

Le 09 juil. 2016 à 21:28 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russel Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, direction la Big Apple et les New York Knicks…

Bilan : 23-59, 15ème à l’Est

Le 5 : Stephon Marbury, Jamal Crawford, Quentin Richardson, Malik Rose, Eddy Curry

Le banc : Steve Francis, Jalen Rose, Maurice Taylor, Jerome James, Nate Robinson (rookie),Channing Frye (rookie), David Lee (rookie)

Le MVP : Stephon Marbury, 16,3 points, 6,4 passes, 2,9 rebonds, 1 interception

Au début de la saison 2005-2006, Isiah Thomas est en place au poste de General Manager depuis 2 ans. Les fans de la Big Apple en ont encore des frissons : cette période est la plus obscure de l’histoire des Knicks. Du lourd de chez lourd en termes de mauvaises décisions et d’instabilité. La franchise sort d’une saison maussade avec 33 victoires pour 49 défaites au cours de laquelle le coach Lenny Wilkens a été viré, et Allan Houston forcé de prendre sa retraite à cause de ses blessures. Thomas engage le coach Larry Brown, qui sort de deux finales consécutives avec les Pistons, et tente des choses pour renouveler l’effectif et commencer un nouveau cycle. Les Knicks récupèrent Channing Frye, Nate Robinson et David Lee le soir de la Draft. A côté de ça, Isiah Thomas, probablement à la recherche du nouveau Pat Ewing, réalise deux moves mémorables. Tout d’abord, il va chercher le jeune et talentueux Eddy Curry à Chicago dans un échange articulé autour de Tim Thomas et deux premiers tours de Draft. Le pivot est prometteur, mais vient de refuser des tests pour contrôler le fonctionnement de son cœur alors qu’il a loupé la fin de saison à cause d’un battement irrégulier. Le G.M. signe également Jerome James pour 30 millions de dollars sur 5 ans. Un pivot de milieu de banc, mais qui vient de tripler ses stats dans deux séries consécutives de PlayOffs avec les Seattle Supersonics.

L’arrivée de Larry Brown, originaire de Brooklyn, relance l’engouement pour la franchise. Un engouement qui durera peu. Déjà, la recrue de l’été, Jerome James, arrive au training camp hors de forme… et ne récupérera jamais son poids normal. Résultat, il ne joue que 9 minutes par match pour 3 points et deux rebonds -quand il n’est pas blessé- avec en apogée de sa saison une suspension le 2 Janvier car il n’est pas prêt pour l’entraînement. Ensuite, Larry Brown est en conflit permanent avec à la fois son G.M. et son meneur de jeu Stephon Marbury. Enfin, les défaites s’accumulent et les Knicks n’ont que 7 victoires en 21 matchs à la fin du mois de Décembre. Il faut dire que l’effectif ressemble à une équipe de streetball : les arrières sont talentueux mais trop individualistes, et ça n’hésite pas à arroser. A l’intérieur la recrue Eddy Curry déçoit avec seulement 13 points et des grosses lacunes au rebond et en défense… le joueur de 23 ans est trop soft. L’équipe enchaîne les défaites et Thomas chamboule à nouveau l’effectif avant la deadline de Février. Jalen Rose arrive d’abord de Toronto contre Antonio Davis, puis Steve Francis arrive d’Orlando contre Trevor Ariza et Penny Hardaway. Les lignes arrières des Knicks sont surchargées, sans qu’aucun ne se démarque vraiment par son talent : ces trades n’ont pas l’impact escompté. D’ailleurs, la franchise de Big Apple enchaîne avec 22 défaites en 28 matchs sur les mois de Mars et Avril. La fin de saison est une délivrance pour les fans après une année catastrophique, et l’équipe échappe de peu au record de défaites de la franchise. Mais le pire est encore à venir…

A la suite de ses multiples désaccords, Larry Brown est licencié par le propriétaire Scott Layden, bien qu’il lui reste 4 ans et 18,5 millions de dollars de contrat. Il nomme Isiah Thomas coach avec un ultimatum en terme de résultat. Et oui, l’ex meneur des Pistons n’était pas le seul à prendre de très mauvaises décisions. En plus de cette affaire, les Knicks n’ont aucune marge de manœuvre pour la Free Agency. En récupérant les gros contrats de Francis et Rose au lieu de laisser ceux de Hardaway et Davis expirer, Thomas a bloqué la masse salariale de la franchise. Le contrat de Jeromes James pèse également beaucoup dans le salary cap, tout comme ses dizaines de kilos en trop pèsent sur le parquet. Du coup, même si les Knickerbockers ont le deuxième plus mauvais bilan de la ligue, ils ont également la plus grosse masse salariale. Quant à une amélioration par la Draft, ce n’est également pas possible. En effet, Thomas n’a pas protégé les picks envoyés à Chicago lors de l’échange pour Eddy Curry. La protection est une clause classique dans les échanges de pick, au cas où ils seraient très bien placés. Résultat, avec ces picks les Bulls draftent LaMarcus Aldridge en 2ème position en 2007 et Noah en 9ème position en 2009, soit deux références à leur poste sur les années 2010. Un vrai chef-d’œuvre de mauvaise gestion, inégalé dans l’histoire de la NBA. Enfin, la cerise sur le gâteau, ou plutôt le coup de grâce pour les fans des Knicks : Eddy Curry, après une saison 2006-2007 convaincante à près de 19 points et 8 rebonds se pointe au training camp avec des kilos en trop. Pour sa fin de carrière aux Knicks, Isiah Thomas continuera à s’enfoncer. Tout d’abord on l’accuse d’avoir poussé ses joueurs à déclencher la bagarre générale de Décembre 2006 face au Nuggets. Ensuite, il sera condamné pour harcèlement sexuel après les accusations d’une employée du Madison Square Garden. Vous l’aurez deviné, mieux vaut éviter la mention du nom d’Isiah Thomas lorsque vous faites face à un fan des Knicks…

Le moment marquant de la saison : 2 janvier 2006, la victoire en triple prolongation contre les Phoenix Suns, au MSG

Les Knicks sortent d’un mois de décembre catastrophique, mais leur joueur vont leur offrir un moment de répit dans cette saison maussade. Ils reçoivent les Suns du MVP Steve Nash. Avec le run’n’gun de Phoenix, tout le monde s’attend à un match d’attaque et à du spectacle, du coup le Madison Square Garden est plein. En revanche, personne ne s’attend à ce que le match ait un tel scénario. Les Knicks alignent trois intérieurs dans leur cinq de départ : Antonio Davis, Eddy Curry et le rookie David Lee,  et on se dit que c’est mal barré. Le choix sera néanmoins payant, les Knicks massacrant les Suns au rebond. De plus, le 30ème choix de la Draft 2005 sort un énorme match avec 25 points à 10/11 et 15 rebonds, même s’il laisse Shawn Marion en planter 39 de l’autre côté du terrain. Mais ce match est avant tout celui du duel de meneur entre Steve Nash et Stephon Marbury. Le MVP sort un double double monumental à 28 points et 22 passes mais son tir n’est pas au niveau de ses standards. En face de lui, le natif de New York plante 32 points, accompagné de 10 passes et 5 rebonds, et surtout arrache le dernier mot. Les Knicks enchaîneront avec 5 victoires, pour ce qui sera le seul éclairci de leur saison.

10 ans plus tard, les Knicks peuvent enfin espérer retrouver les sommets sous la direction de Phil Jackson. Après des choix questionnables sur ses deux premières années, l’homme aux 11 bagues de champions vient de réaliser une free agency de haut niveau. Derrick Rose, Courtney Lee, Brandon Jennings et Joakim Noah sont des renforts de choix pour le franchise player, Carmelo Anthony, et le chouchou du public, Kristaps Porzingis. Cet effectif ne jouera probablement pas le titre, mais devrait permettre aux Knickerbockers de retrouver les PlayOffs. Dans tout les cas, sa gestion de la franchise ne souffrira jamais de la comparaison avec celle d’Isiah Thomas…

Source image : Steve Freeman/NBAE via Getty Image


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