Inquiétude pour Kyrie Irving : mais où est donc passé Uncle Drew ?
Le 28 févr. 2016 à 18:32 par Alexandre Martin
Avant-hier, les Cavs ont essuyé une défaite au finish dans l’antre de Raptors très déterminés et surtout emmenés par un Kyle Lowry monstrueux qui a su se mettre à la hauteur de l’événement. On ne peut malheureusement pas en dire autant de son adversaire direct à la mène, Kyrie Irving aka Uncle Drew. Pourtant, au lendemain de ce match, quasiment toutes les critiques se sont abattues sur LeBron James…
Il faut dire que ce 1 sur 2 aux lancers alors que les deux équipes étaient à 91 partout (à 2’43 de la fin) et ce gros airball au buzzer – qui a donc scellé le sort des siens – ne vont pas faire bouger l’idée que le King marque parfois de mental dans le money time. Oh que non… En revanche, l’ami BronBron a fait son match lui avec 25 points, 8 rebonds et 7 passes décisives. Là encore, on ne peut pas en dire autant de ce bon Kyrie Irving. Tout au long du match, le meneur des Cavs n’a pas du tout honoré le talent qui est le sien et fut bien loin de démontrer tout le potentiel qu’on lui prête. Offensivement, il est sensé être un des joueurs les plus dangereux de la Ligue. Cela ne s’est pas vu avant-hier.
Dix petits points à 4/11 au tir, seulement deux lancers obtenus et une seule passe décisive distribuée en 31 minutes passées sur le parquet. C’est le maigre bilan du voyage au Canada du numéro 2 de Cleveland. Se ressentait-il encore des piqûres de punaises subies à Oklahoma City ? A priori non étant donné qu’il avait rejoué deux fois depuis et de manière tout à fait correcte (30 points contre Detroit et 23 contre Charlotte). Toujours est-il que tonton Drew a été quasiment inutile à son équipe dans ce match très intense. Lowry s’est balladé, il a fait très mal en attaque et n’a rien eu à faire en défense alors que ce bon Kyrie a largement les moyens de faire bosser Kyle le Dino. Largement. Un peu comme face à Stephen Curry en janvier quand les Cavs s’étaient faits démonter à domicile par les Warriors, Irving a été passif offensivement, ne tentant que très peu de pénétrations, se contentant de rester dans son coin en attendant que LeBron James voire Gérard Smith ou Kevin Love fassent des différences.
Pour ainsi dire sans intérêt en attaque, Kyrie n’a pas non plus brillé en défense ce qui est en revanche une habitude chez lui. C’est comme ça qu’à 92-91 pour les Cavs (après le fameux 1/2 de LeBron sur la ligne des lancers), c’est Dellavedova qui s’est bien sûr retrouvé sur Kyle “On Fire” Lowry. Et vu qu’Irving peut certainement encore moins défendre sur DeMar DeRozan que sur Lowry, Tyronn Lue l’avait chargé de s’occuper de Terrence Ross. Du coup, qu’ont fait les Raptors à ce moment crucial ? Et bien, ils ont joué sur leur ailier T-Ross qui est au mieux leur troisième meilleure option offensive sur le parquet à cet instant mais qui a marqué en sortie d’écran. 93-92 pour les Raptors. Tout un symbole. Sur cette possession aussi importante, Toronto n’a pas hésité à jouer sur Ross alors que Lowry était en feu, que DeRozan était sur le parquet et qu’un gars comme Luis Scola peut tout à fait aller défier les intérieurs des Cavs si on lui donne la balle dans de bonnes conditions.
Une grosse minute plus tard, à 95 partout et alors que Kevin Love venait de prendre ses responsabilités en égalisant d’un gros tir primé depuis le corner à la suite d’une bonne passe de LeBron, Tyronn Lue a même décidé de ne pas mettre Irving sur le parquet pour défendre. Même chose à 97-95 après que K-Love ait planté ses deux lancers sans trembler. Ce qui n’a pas empêché d’ailleurs les Raptors d’égaliser à 97 partout. Mais lors de l’attaque suivante des Cavs, nous avons vu un Kyrie Irving à l’image de son match : inactif, comme apeuré et paralysé, immobile loin de l’action… Bref, on peut tout à fait en vouloir à King James pour ne pas avoir su être clutch mais n’oublions pas que, pour beaucoup, Kyrie Irving est un All-Star tous les ans, un des cinq meilleurs meneurs de la ligue…
Il n’aura beau avoir que 24 ans en mars prochain, nous attendons bien plus d’un joueur du niveau de Kyrie Irving. Il a les aptitudes nécessaires – techniquement notamment – pour devenir un champion mais cette facheuse tendance qui est la sienne cette année à disparaître dans les gros chocs de la saison régulière n’est pas rassurante. Elle nous fait nous poser des questions quant au mental et à la préparation des grands matchs de l’ami Drew. Il joue d’une hype et d’une cote de popularité parfaitement comprehensible vu ce qu’il propose depuis qu’il est en NBA mais il doit encore passer des caps pour devenir le vrai lieutenant dont LeBron a besoin, celui qui peut – par son talent – permettre aux Cavs d’atteindre cet objectif de bague qui est le leur. Car, avec le Kyrie vu face aux Warriors en janvier ou face aux Raptors avant-hier, l’affaire va prendre une forme de mission impossible.
Encore une fois, il ne sagit pas ici de faire un faux procès à Kyrie Irving mais bien de soulever ce souci qui est le sien cette saison. Il a du mal à revenir à son meilleur niveau suite à sa blessure au genou, ça va venir car son talent offensif est immense. Cependant, il doit progresser sur les autres aspects de son jeu. On a trop vu des joueurs ultra-talentueux finir par ne jamais vraiment dominer faute d’avoir su se faire violence pour combler leur points faibles. On ne veut pas que cela arrive à notre tonton Drew…
Source image : Ezra Shaw | Getty Images
