Collier de défaites et fans à mémoire courte : bienvenue chez les Nets…

Le 20 nov. 2014 à 17:54 par Alexandre Martin

En laissant filer la nuit dernière, après une triple prolongation, ce match sous forme de thriller face aux Bucks, les Nets viennent ainsi de perdre pour la cinquième fois d’affilée et se retrouvent à la tête d’un bilan peu flatteur de 4 victoires pour 7 défaites (11ème à l’Est). Pas de quoi fanfaronner donc pour les protégés de Mikhail Prokhorov mais pas encore de quoi paniquer non plus. Il y a, en revanche, de quoi se poser des questions sur les fans des Nets qui n’ont rien trouvé de mieux à faire que de huer l’un des plus grands joueurs de leur franchise…

Ces Nets n’ont ni âme, ni fond de jeu

Depuis qu’il est à Brooklyn, le propriétaire russe n’a jamais caché que son objectif ultime était une bague. Pour l’instant, ses Nets n’ont pas fait mieux qu’une demi-finale de conférence (la saison dernière). Cet été, malgré la perte de Paul Pierce, Brooklyn a gardé ses joueurs clés comme Joe Johnson, Deron Williams ou Brook Lopez tout en faisant venir quelques bons role players. Avec l’arrivée de l’expérimenté Lionel Hollins sur le banc, les Nets semblaient armés pour prétendre se positionner assez haut à l’Est (dans le top 4 par exemple). Malheureusement pour eux, le début de saison indique une toute autre tendance. En effet, après avoir perdu le match inaugural contre les Celtics qui ne sont pas des terreurs non plus, Kevin Garnett et sa bande s’étaient plutôt bien repris et avaient enchaîné 4 victoires en 5 rencontres. Il est vrai que c’était contre des équipes présumées moins fortes comme les Pistons avec Josh Smith au poste 3, un Thunder à poil, les Knicks ou le Magic dont les meilleurs joueurs ont au mieux 3 ans d’expérience en NBA mais ces quelques victoires – pas forcément très significatives – avaient permis aux Nets de se lancer sans pour autant vraiment convaincre.

Puis, les pensionnaires du Barclays Center sont partis pour un court road trip dans l’Ouest sauvage. Trois matchs (à Phoenix, Golden State et Portland), trois défaites qui vont les ramener sèchement sur terre. A aucun moment de l’un de ces affrontements, les Nets n’ont paru en mesure de faire mieux que résister même face à des Blazers pourtant amputés de LaMarcus Aldridge et de Nicolas Batum. Incapables de rivaliser athlétiquement avec des équipes qui aiment courir comme les Suns ou les Warriors, incapables de trouver des solutions collectives en attaque dès que l’affaire se complique, ces Nets s’en remettent trop fréquemment à une isolation pour Joe Johnson. Cette équipe de Brooklyn est décevante alors qu’elle dispose, sur le papier, de nombreuses solutions pour mettre de bons systèmes en place, pour poser de gros soucis à tout adversaire. De retour à la maison, les Nets se sont faits surprendre par un Heat solide et concentré qui a su bien défendre et exploiter le manque de mordant offensif, voire le manque de mordant tout court, de Deron Williams, Brook Lopez et consorts. Lionel Hollins semble encore tâtonner en terme de choix dans sa rotation. Comme son prédécesseur, il n’a pas l’air emballé à l’idée de faire jouer Andrei Kirilenko. Après avoir vu la place de titulaire donnée à l’excellent rookie Bojan Bogdanovic, l’ailier russe a vu ses minutes redistribuées entre Alan Anderson et Mirza Teletovic, si bien qu’il n’a même pas participé à tous les matchs depuis le début de saison, pour d’ailleurs un temps de jeu moyen famélique (à peine plus de 5 minutes par rencontre). Quelles sont les raisons de la sous-utilisation d’un joueur du calibre de AK47 ? Est-il encore un peu juste physiquement ? Hollins n’aime peut-être pas son profil en 3 et préfère peut-être jouer en quasi-permanence avec deux vrais intérieurs si tant est qu’on puisse qualifier Teletovic de “vrai intérieur”…

Siffler Jason Kidd ? Sérieusement ?

Cependant, jusqu’à la nuit dernière, il n’y avait pas encore lieu de trop s’inquiéter : Brookyn venait de perdre contre trois bonnes équipes de l’Ouest, difficiles à battre sur leurs terres et venait de se faire dominer par ce Heat costaud défensivement. Le genre de choses qui peut arriver à d’autres et la venue des Bucks sur leur parquet devait permettre aux Nets de retrouver le goût de la victoire pour repartir du bon pied avant une autre série de trois déplacements (Oklahoma City, San Antonio et Philadelphie). Mais lors de cette fameuse soirée d’hier, la franchise de Brooklyn n’a pas montré son meilleur visage, loin de là. Déjà, voir le public des Nets huer Jason Kidd est quelque chose de choquant et surtout la preuve que les pseudo-fans ayant la chance de remplir le Barclays Center ont la mémoire très courte et sont à la limite d’être qualifiés de basketix. Ok, les circonstances du départ du J-Kidd, l’été dernier, ont l’air plutôt moches mais il est n’est pas du tout sûr que les dirigeants n’y soient pour rien. Prokhorov n’a pas une réputation d’enfant de chœur et Billy King n’est pas connu pour être un génie de la communication (cas Paul Pierce notamment…). Les fans pourraient au moins laisser à Kidd le bénéfice du doute !

Mais bon, admettons que Kidd ait orchestré à lui seul son départ, admettons que Kidd en ait un peu trop demandé, admettons… Il n’en reste pas moins qu’il n’était là que depuis un an et que, finalement, il a quand même laissé une base honnête à ces Nets qu’il a emmenés en demi-finale de conférence. Ce n’est pas comme s’il était en place depuis 10 ans et qu’il avait filé à l’anglaise pour coacher les Knicks par exemple. Là, les fans des Nets auraient été plus faciles à comprendre. A noter au passage, que depuis qu’ils sont en NBA, les Nets n’ont eu que deux fois le bonheur de faire mieux qu’une demie-finale de conférence. C’était lors des saisons 2001/2002 et 2002/2003 et leur leader était un certain… Jason Kidd. A l’époque, entouré de role-players, ce bon vieux Kidd avait fait des Nets l’une des équipes les plus sexy de la ligue ! D’ailleurs, si le jersey floqué du numéro 5 flotte au plafond de la salle, c’est bien qu’il y a une raison. En fait, à Brooklyn, il n’y a pas que l’équipe qui manque d’âme, il y aussi les fans. Mais je préfère rester mesuré et parler de mémoire courte. En tous cas, pour un fan de basket qui a adoré les Nets du début des années 2000, ça me met un coup d’entendre J-Kidd se faire siffler de la sorte ! Il ne faut pas ensuite qu’on vienne me parler de Nets qui veulent “prendre” New York aux Knicks. Ah non ! Les Knicks peuvent perdre autant de matchs qu’ils veulent, ils resteront LA franchise de New York car ils ont un public capable de reconnaître le mérite de ses anciennes gloires même s’il y a eu quelques accrocs…

Comble de l’ironie d’ailleurs, ce sont bien Jason Kidd et ses jeunes Bucks qui sont repartis de Brooklyn victoire en poche ! Pourtant, Brandon Knight avait fait de son mieux, à la fin de la première prolongation, pour maintenir les Nets en vie avec ce raté mémorable. Plus sérieux en défense, emmenés par la fougue du trio Parker – Knight – Antetokounmpo et bien aidés par le scoring d’O.J. Mayo, les hommes venus de Milwaukee ont mérité la victoire. Typiquement le genre de match que Brooklyn doit gagner mais que Brooklyn a perdu par manque d’envie, par manque de rigueur, ce qui est tout à fait inadmissible pour une telle équipe munie d’autant de joueurs expérimentés.

C’est donc un joli collier de 5 défaites consécutives que peuvent revêtir aujourd’hui les joueurs et les fans des Nets. On est encore extrêmement loin de la bague et pour ne serait-ce qu’avoir une place correcte en PlayOffs, Lionel Hollins et ses hommes vont devoir nous montrer tout autre chose sur le parquet. Ils en sont largement capables. Leurs fans sont-ils capables de montrer plus de respect à une ancienne gloire ? Pas sûr…

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