Thunder – Spurs, Analyse du Game 6 : c’est toujours les mêmes qui gagnent à la fin

Le 01 juin 2014 à 07:49 par Benjamin

La série était de retour à Oklahoma City ce soir, où le Thunder allait devoir tout tenter pour prolonger sa saison d’au moins un match. En face les Spurs voulaient forcément éviter le hasard d’un Game 7, leur leçon était bien apprise, et il fallait tout faire pour finir ce soir, avec en joker une dernière chance à domicile en cas d’échec.

Ce qu’on attendait

Après cinq premiers matches tout bonnement insipides pour la plupart du temps, du fait que tout était à chaque fois déjà joué après trois quart temps, on attendait forcément de quoi vibrer enfin devant cette finale de Conférence.

Le Thunder s’était complètement raté lors du Game 5, ne parvenant pas à capitaliser sur ses deux victoires consécutives à la maison, et allait devoir se retrousser les manches pour rester en vie. On pouvait donc anticiper un match classique d’OKC version survie, comme les petits gars d’Oklahoma en ont déjà joué pas mal dans ces PlayOffs, avec de l’intensité, de l’intensité, et encore de l’intensité.

Coté Spurs, l’ambiance était forcément plus sereine, mais néanmoins studieuse, San Antonio en a vu d’autres, et savait évidemment l’importance d’éviter un match 7 qui peut tourner sur un coup de dés. Les texans avaient leur destin en main, mais devaient quand même réussir l’exploit de mettre fin à une série de 10 défaites consécutives à la Chesapeake Arena.

Les cartes étaient donc distribuées, et l’opposition de style allait pouvoir continuer, nous simples spectateurs, priions simplement pour un match enfin serré, et pour ne pas finir avachis dans le canapé au milieu du troisième quart temps à regarder Steven Adams et Aaron Baynes travailler leurs prises de catch pendant que les titulaires sont sur le banc.

Ce qu’il s’est passé

Le moins qu’on puisse dire, c’est que nos prières ont été exaucées à la lettre près. Les deux équipes nous ont peut être livré le match le plus tendu de la saison pour l’instant.

La première mi temps ne se terminait pourtant pas dans cette direction. Après un quart temps d’observation, qui servait à Westbrook et Durant de tour de chauffe, le Thunder mettait la gomme pour finir la mi temps avec 7 points d’avance (49-42). Les Spurs paraissaient légèrement sur les rotules, et on pouvait craindre de les voir s’agripper encore un peu avant de se laisser glisser, et de s’économiser en vue du retour à San Antonio. Pour couronner le tout S.A. annonçait avant la reprise des débats, que le match de Tony Parker était terminé, à cause d’une cheville douloureuse. Cory Joseph prenait sa place au coup d’envoi du 3ème quart temps, laissant augurer le pire.

Et bien entendu, dans cette série complètement folle, le total contraire s’est produit. Après certainement un discours dont Gregg Popovich a le secret, les Spurs sortaient du vestiaire enragés, et se déchaînaient sur la tête du Thunder qui passait 12 longues minutes. Au final, un 37-20 pour San Antonio, avec 4 tirs à 3 points réussis, et 10 points d’avance (79-69) avec 12 minutes à jouer. Oklahoma City était pour la première fois de la saison vraiment dos au mur, la saison du Thunder ne tenait plus qu’à un fil.

Dès lors le schéma du dernier quart temps devenait limpide, une équipe qui résiste à tout prix pour tenir son avance, et une autre qui tente tout avec l’appui de son public pour ne pas mourir. OKC s’est souvent retrouvé dans de telles situations en saison régulière, la course folle était lancée.

Et les Spurs tenaient parfaitement le coup, menant encore de 9 points à la mi chemin du quart temps. Le Thunder passait toutefois un 9-2 express pour revenir à un panier, on tenait enfin notre fin de match à suspens tellement demandée. Il fallait attendre la dernière minute pour que Oklahoma City parvienne enfin à égaliser, sur la contre attaque suivant une interférence défensive oubliée à Serge Ibaka qui aurait du valoir deux points aux Spurs (97-97 sur deux lancers francs de Kevin Durant), ce qui marquait la première égalité de toute la série dans un dernier quart temps.

Le momentum était à 100% en faveur du Thunder, le public n’attendait plus qu’un panier pour sentir la victoire. Celui-ci venait des mains de Kevin Durant, qui filait rapidement au panier après un temps mort du Thunder (99-97). A ce moment là, il était encore difficile de croire que San Antonio en avait encore sous la pédale. Et pourtant Manu Ginobili ponctuait un système parfaitement exécuté d’un tir à 3 points qui redonnait 1 point d’avance aux Spurs avec 27 secondes à jouer (100-99), tout était à refaire pour OKC. En sortie de temps mort, KD se prenait inexplicablement les pieds dans le tapis avant même de déclencher un tir rendant la balle aux Spurs pour deux lancers francs. Après un 1 sur 2 de Manu sur la ligne, la balle de match revenait à Oklahoma avec 15 secondes à jouer, et deux points de retard. Durant serré de près, Russell Westbrook prenait ses responsabilités en effaçant Danny Green pour aller provoquer la faute. Les lancers rentraient sans faire d’histoire, le score était de nouveau égal (101-101). Le dernier tir de Ginobili était trop long, et comme un symbole, le suspens allait être prolongé, avec 5 minutes de jeu supplémentaires.

OKC faisait figure de rescapé, et entamait l’over time dans la peau du favori, avec le public pour les pousser. Et pourtant, le Thunder ne trouvait quasiment jamais la vie dans cet extra time.

Beaucoup trop brouillon en attaque, et dépassé par la patience des Spurs en défense, OKC se faisait peu à peu subtiliser une victoire qui lui tendait les bras. Les Spurs remportaient la prolongation 11-6, tenant un Kevin Durant visiblement fatigué (peut être gêné par une cheville tordue plus tôt dans le match) à 0 points dans la période, pendant que Russell Westbrook jouait au super héros, malheureusement sans succès. Le Thunder se cassait les dents sur la défense des Spurs, ne marquant aucun point lors des deux dernières minutes, pendant que Tim Duncan faisait le travail au poste grâce à ses moves de vétéran. Boris Diaw finissait le boulot sur la ligne après une dernière tentative de Durant loupée à 3 points pour égaliser. Scott Brooks faisait même par la suite sortir son duo de choc avant la fin du match, Durant et Westbrook s’en retournaient vers le banc la tête basse, mais sous l’ovation unanime de leur excellent public.

Cette série dingue depuis le début a donc connu un finish encore plus fou, puisque les Spurs l’ont emporté ce soir sans Tony Parker et alors qu’ils étaient menés à la mi temps (jusqu’alors dans la série, l’équipe qui gagnait le deuxième quart temps gagnait le match à chaque coup). La variété et la patience des Spurs ont finalement pris le pas sur le commando du Thunder, qui n’a pas réussi à jouer avec la même puissance et la même intensité que d’habitude, et peut s’en mordre les doigts.

Il a assuré : Tim Duncan

Le vieux Timmy mérite une part énorme du crédit de cette victoire. Avec la sortie de Tony Parker, tout le monde allait devoir se remonter les manches, et l’éternel Duncan n’a pas manqué à l’appel, surtout en prolongation, alors qu’on voyait le Thunder coiffer les Spurs au poteau après le retour in extremis du 4ème quart temps.

Duncan a marqué 7 des 11 points des Spurs sur la période, et termine le match à 19 points et 15 rebonds, signant au passage son 155ème double double en carrière en PlayOffs, à deux longueur du recordman Magic Johnson. Battre un tel record dans une Finale NBA serait évidemment un honneur de plus dans une carrière qui en compte déjà tant.

Il a déçu : Scott Brooks

Si certains joueurs sont à critiquer du côté d’Oklahoma, Scott Brooks n’a certainement pas aidé les siens à se sentir en confiance, dans un match d’une telle importance. Il avait annoncé des changements dans sa rotation, et il y en a eu mais qui ont plutôt surpris dans le mauvais sens. Brooks a tout simplement choisi de se passer de la moitié de son effectif, puisqu’à part Fisher qui a joué 33 minutes, et Adams 12 minutes, aucun joueur du banc n’a joué plus de 5 minutes pour OKC. Face à une équipe qui compte sur une rotation large, le résultat a évidemment été catastrophique. Au final le banc des Spurs bat son homologue 51-5, et Scott Brooks prouve si il le fallait encore qu’il n’a pas le niveau pour coacher une équipe jusqu’au titre.

Son plan de jeu défensif ajoute simplement de l’eau au moulin. En choisissant de changer sur tous les écrans sans jamais varier sa stratégie, on a souvent vu Reggie Jackson ou Derek Fisher devoir défendre au poste bas sur Boris Diaw (qui finit d’ailleurs avec 26 points grâce à cela) ou Tim Duncan. Les Spurs avaient juste à choisir leur match up et à travailler en bas pour obtenir un tir potable, on doit proposer mieux que ça en Finale de Conférence NBA.

La suite des évènements

San Antonio a maintenant cinq jours pour recharger les batteries avant de commencer les Finales Jeudi prochain à la maison, il faudra surveiller l’état de Tony Parker qui n’est pas très rassurant. Si S.A. a eu assez de hargne pour s’imposer sans TP ce soir, il ne fait aucun qu’ils ont peu de chances de triompher sans un Parker au top physiquement.

Pour OKC, cela fait donc un an de plus sans apparition en Finales. Scott Brooks a encore montré qu’il était trop juste, on attend de voir ce que la franchise va faire en ce sens, car l’horloge tourne pour Kevin Durant qui s’approche d’année en année de sa fin de contrat. Brooks est peut être très apprécié de son vestiaire, mais sans choix fort de la direction le Thunder a peu de chance de concourir pour un titre en l’état actuel. Pas mal de coaches chevronnés aimeraient certainement prendre la tête d’un effectif aussi riche, certains auraient peut être même déjà ramené un titre au Thunder. Les dirigeants vont devoir se demander si ils veulent garder leur ambiance bonne enfant ou si ils veulent vraiment se retrousser les manches et amener un titre à la franchise. La situation actuelle d’Oklahoma rend la position des joueurs cadres bien trop confortable, il est difficile d’accomplir de grandes choses sans pression, et OKC ne se la met vraiment pas assez.