Rockets – Blazers, Analyse du Game 3 : et la lumière est venue de… Troy Daniels

Le 26 avr. 2014 à 13:31 par Clément Hénot

Troy Daniels

James Harden l’avait annoncé : ils jouaient leur saison sur ce Game 3, et même s’il a encore bouffé la feuille tel un Raymond Felton affamé, ses Rockets repartent quand même avec la victoire du Moda Center, et donc toujours un mince espoir de passer ce premier tour des PlayOffs. Encore une fois un match de haute facture proposé par ces deux équipes, qui nous ont offert 5 nouvelles minutes de rab et un dénouement hollywoodien.

Ce qu’on attendait

Un nouveau match de haute voltige, que nous avons eu d’ailleurs, mais également une nouvelle victoire de Portland, porté par son incroyable public chauffé à blanc pour l’occasion, nous ne donnions pas cher de la peau de ces Rockets trop brouillons et prévisibles qui allaient encore une fois subir la loi du tandem Aldridge-Lillard en pleine confiance après deux victoires hors de leurs bases.

De leur côté, les Rockets devaient absolument réagir après les deux déconvenues à la maison, remise en question et intensité défensive ont dû être les mots d’ordres du speech d’avant match de Kevin McHale, qui devait bien faire réagir ses joueurs, qui pensaient que les PlayOffs étaient en fait une colonie de vacances.

Ce qui s’est passé

Un scénario aussi époustouflant qu’une course dans le souterrain pour obtenir le dernier métro qui ferme ses portes. Tout simplement. Houston avait toujours la mainmise sur ce match, mais comme lors des deux games précédents, ils avaient cette incapacité chronique de tuer le match et de mettre ces vaillants Blazers à terre.

Damian Lillard, encore lui, va remettre son équipe dans le match après un 11-4 initialement orchestré par ce bon vieux Patoche, qui abat un énorme boulot en attaque, mais Lillard n’est pas d’accord, enchaînant les paniers primés au nez et à la barbe de … James Harden, qui lui répondait en pick & roll avec son frigidaire Dwight Howard, mais c’est le (presque) génial barbu qui aura le dernier mot en inscrivant les 7 derniers points de son équipe avant la fin du premier quart-temps, dont un panier à 9 mètres au buzzer qui permet à Houston de prendre 9 points d’avance à l’issue des 12 premières minutes.

Alors que Harden régale Howard tout au long de la première mi-temps par ses alley-oops on se dit que les Rockets ont enfin décollé, les Blazers sont dans le dur et il faut un Robin Lopez aux mains aimantées au rebond offensif pour maintenir à flot les Oregonians. On aura longtemps cherché Aldridge dans ce match, sauf que le discret mais valeureux Omer Asik aura sorti la machette à kebab pour mettre LMA sous l’éteignoir. C’est bien la peine d’avoir des initiales d’assurance mutuelle tiens. Sauf que Lillard et Batum ne sont pas d’accord et remettent Portland devant d’un petit point à la pause : 55-54

Ce sont les Blazers qui démarrent le mieux la deuxième mi-temps, toujours dans le sillage du duo Lillard-Batum, qui profitent de l’absence de Dwight Howard, benché à ce moment là, et du mauvais match de Terrence Jones, relégué sur le banc dès l’entame du match et en totale perte de confiance sur la série. C’est alors que Kevin McHale tente un énorme coup de poker en faisant rentrer, non pas Jordan Hamilton, ni Francisco Garcia, ni même Omri Casspi, mais bien Troy Daniels, qui s’est aiguisé toute la saison en D-League et qui a moins de 5 matches NBA dans les guiboles, et qui se retrouve d’un seul coup dans un match d’une rare intensité, et qui va même plutôt bien s’en sortir en balançant 2 bombes primées dans la troisième période pour contrer l’insolente réussite de Dame.

Cette quatrième période sera également ultra disputée, à un moment donné, James Harden se souviendra qu’il est quatrième meilleur scoreur de la ligue et fera passer les Blazers pour des plots à plusieurs reprises pour faire prendre 11 points d’avance à Houston à l’aube du money-time, mais c’est ensuite à Mo Williams de prendre sa DeLorean et de se mettre en mode “Cleveland époque LeBron James” et de coller 3 gros shoots d’affilée, dont un 3+1 dans les gencives de ces Rockets qui retombent dans leurs travers et qui n’arrivent plus à produire un jeu d’équipe, ils sont obligés de se réfugier derrière Harden pour tenter de marquer. Le hack-a-Dwight dans les dernières minutes n’aura aucun effet, mais Harden se met en mode jardinier et arrose à tout va, il poursuit sa vendange. Portland ne laisse pas passer l’occasion et inflige alors deux paniers avec la faute à Houston par l’intermédiaire d’un Aldridge emprunté, et de Lillard, toujours lui. Alors que les Rockets mènent de 3 points à 30 secondes de la fin, Jeremy Lin file au panier aussi vite qu’un high-kick de Jackie Chan dans le pif de son adversaire mais foire lamentablement un lay-up tout cuit, Aldridge prend le rebond, transmet à Lillard qui décale Batman esseulé en transition à 3 points : BINGO, égalité 110-110. Aldridge dans son jardin, et Harden du centre du terrain auront la balle de match, mais les deux shoots ressortiront : OVERTIME.

Cette prolongation sera un échange continuel de coups, tel un combat MMA, aucune des deux équipes ne souhaitant lâcher ce match. Le match semble basculer lorsque Chandler Parsons, discret mais efficace, est expulsé pour 6 fautes, McHale tente encore une fois le “tapis” en relançant Troy Daniels dans le match. Le score est de 116 partout à 20 secondes de la fin, Harden s’emmêle les pinceaux sur la dernière action, et se fait chiper la balle par le précieux Mo Williams, qui croit réaliser l’interception, mais il trébuche et Jeremy Lin surgit derrière lui pour reprendre la gonfle, il dribble, transmet à Troy Daniels tout seul à trois points, le rookie ne se démonte pas, prend sa chance à 11 secondes de la sirène, et c’est FILOCHE ! INCROYABLE, ce shoot de Daniels qui aura végété en D-League toute la saison, et qui aura pris ses responsabilités au bon moment. Batum aura le shoot de l’égalisation, mais il se manque et le rebond atterrit dans les mains de … Troy Daniels qui envoie tout de suite à son barbu qui scellera le sort de Portland aux lancers-francs. Houston is alive !

Il a assuré : Troy Daniels

On aurait pu mettre Dwight Howard pour son boulot monstrueux en défense et dans la raquette, et pour avoir fait 4/6 aux lancers francs, ou même Harden pour ses 37 points malgré son 13/35 aux shoots, mais comment mettre quelqu’un d’autre que Troy Daniels après un tel finish ? En sachant que le mec s’est fait les dents toute la saison en ligue de développement à martyriser les défenses à coups de 3 points, aura attendu son heure pendant si longtemps, et aura au final été appelé à un moment si crucial du match avec le dénouement que l’on connait. avec 9 points à 3/6 aux shoots (tous à 3 points) donc cet improbable coup de poignard à 11 secondes du terme, on se dit que le newbie n’a pas volé cette récompense. Et il le dit lui même :

“Je vis un rêve éveillé, quelques temps avant, je regardais ces types jouer à la télé, et maintenant ce sont mes coéquipiers, c’est fou.”

Il a abusé : Wesley Matthews

L’assassin silencieux sera resté silencieux, mais n’aura assassiné personne, là est bien le problème, car on connait la faculté de Wes’ à dégainer de loin et à défendre comme un affamé sur son vis-à-vis, sauf qu’avec 5 points 2/7 aux tirs dont 1/5 de loin, et avec 6 fautes au compteur, Matthews n’aura jamais vraiment été dans le match, et n’aura pas su faire la différence alors qu’il est l’un des facteurs X de cette équipe dans laquelle il fait figure de vétéran. Lorsqu’il est sur le parquet, Portland en est à -15, triste constat, mais réel. Allez Wesley, t’auras des jours meilleurs.

La citation du match : James Harden à propos de Troy Daniels

“Il y a quelques semaines encore, il jouait en D-League, et aujourd’hui, il sauve notre saison, c’est incroyable”

Et maintenant

Houston reprend un peu du poil de la bête mais ne rassure pas encore totalement, face à ces Blazers toujours aussi combattifs, les Rockets auront au moins ramené une victoire qui les maintient à flot, les trois premières rencontres auront été des orgies offensives, et cela ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin, d’autant que ça nous donne des matches d’excellente facture et deux OverTimes en 3 rencontres. Portland va devoir réagir et ne pas se laisser abattre par ce match dantesque, au moins, on sait qu’Aldridge et Lillard restent des êtres humains. James Harden, quant à lui, va devoir faire le tri sélectif dans son choix de shoots, sinon il pourrait précipiter bien malgré lui le crash de ses jeunes fusées.

Boxscore Rockets

Houston 2

Boxscore Blazers

BLAZERS 2

Highlights du match

source image : Zimbio


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