Un retour foiré : Russell Westbrook et Kevin Durant, loin d’être sur la même longueur d’ondes

Le 21 févr. 2014 à 09:25 par Bastien Fontanieu

On l’attendait ce retour. Oh oui on l’attendait. Non pas pour voir le Thunder exploser la concurrence sans effort, mais plutôt pour pouvoir analyser le comportement de Russell Westbrook, son impact sur le jeu, et surtout celui sur Kevin Durant. Alors, cet Acte 1 ? Loupé, vraiment bien loupé.

Avant de commencer toute explication scientifiquement étudiée, il convient de rappeler à nos chers lecteurs qu’il s’agit ici d’un simple bilan d’après-match, et non d’une vision du futur qui nous permettrait de construire des vérités en papier-mâché après un seul match joué et deux mois d’absence. Ceci est important pour permettre aux cardiaques de finir la journée encore vivants.

C’est un sentiment bizarre qui nous a traversé, sur le canapé de TrashTalk, en sortant de deux heures trente de commentaires sur ce Heat-Thunder remporté par la Floride. Hormis les stats, les chiffres, les nez qui pissent le sang ou les gamelles habituelles de Kendrick Perkins, c’est surtout dans l’analyse du jeu et dans les débuts de Russell Westbrook que le débat s’est lancé. D’abord opposés, puis de plus en plus focalisés sur des détails du jeu, plusieurs points se sont montrés évidents dans le déroulement du match.

Depuis près de deux mois, Kevin Durant vivait dans une sorte de rêve éveillé, une balade de santé entre des arbres aux allures de défenseurs, comme si de rien n’était. Non seulement le phénomène alignait les performances individuelles exceptionnelles aux quatre coins du pays de l’Oncle Sam, mais en plus il le faisait en remportant des matchs. Westbrook annoncé absent après Noël pour plusieurs semaines : terrible nouvelle n’est-ce pas ? Pas du tout, puisque KD emmènera son Thunder en tête de l’Ouest et ne lâchera jamais prise. Une démonstration de force psychologique, de leadership et de maturité, qu’on espérait voir continuer hier soir lors de la venue du Heat. Et pourtant… Dieu sait si l’inverse s’est produit. Bien gardé par la défense étouffante du Heat, Durant nous a malheureusement replongé dans sa version 2013, voir tout début Janvier 2014, un poil trop gâté et timide dans le jeu alors qu’il agressait considérablement plus quand Westbrook n’était pas là.

Pire encore, plusieurs actions vécues et commentées en direct nous ont poussé à regarder le body language de Durant lorsque Russell se lançait dans des pénétrations casse-gueules : le pauvre Kevin se retrouvait à 7 mètres en tendant les bras pour obtenir la balle, sans succès puisque son meneur fonçait tête baissée. Trainant du coup les pattes pour revenir en défense, KD a alors laissé LeBron l’agresser à foison, sans montrer le moindre signe de rébellion comme il a su le faire par le passé, notamment sur le parquet du Heat justement. Des réactions physiques témoignant  par moment de la lassitude du All Star, comme si retrouver son meneur l’avait complètement…paralysé. Une scène absolument incroyable, surtout devant son public, quand on savait tous l’importance de ce match et la position privilégiée de Westbrook à voir cette équipe dérouler sans lui pour permettre une bonne analyse des rotations et ainsi une réintégration en douceur. Même Reggie Jackson, solide et exubérant depuis le début de saison, nous a choqué en manquant autant d’agressivité. La faute à Scott Brooks qui a fait rejouer Russell trop tôt ? Possible.

Autre fait marquant : le run du scoreur-fou dans le troisième et quatrième quart. Voyant son équipe à la traine et manquant de peps, Durant décide alors d’entamer une remontée folle, parvenant même à recoller à 7 petits points avant les 12 dernières minutes de jeu. Un petit exploit quand on sait à quel point Miami a dominé la partie, et devinez qui n’était pas sur le terrain durant ces explosions offensives ? Russell Westbrook. Libéré alors de cette nouveauté dans la rotation et de retour avec l’effectif qu’il a mené en tête de l’Ouest ces 7 dernières semaines, Kevin se lâche complètement et marque des points à volonté. Son visage, crispé sur la ligne des lancers quand Westbrook veillait pas loin et que le Thunder courrait derrière le score, se délie alors pour laisser échapper deux trois émotions qu’on avait déjà vu ces derniers temps. Le Durant MVP tout simplement, puisque libéré de son fardeau d’un soir. Encore une fois, une scène étrange quand on nous a habitué depuis des semaines à voir un KD plein d’émotions, de communication, et de leadership. Comme s’il passait un entretien, le All Star nous a paru faible, voir dépassé, laissant le navire prendre l’eau et ce sans prendre la parole. Pendant ce temps-là, LeBron conduisait un temps-mort à lui seul, comme pour montrer que le boulot en cours était commun, et Russell écopait d’une faute technique.

Est-il nécessaire de continuer le massacre ? Pas vraiment. Si bien évidemment cette analyse a lieu après un seul match joué, perdu face au Heat et durant lequel les deux meilleurs joueurs ont semblé plus déconnectés que jamais, elle ne doit en rien prévoir l’avenir d’OKC. Miami a fait du très bon boulot en forçant Westbrook à prendre des décisions au lieu de vivre un comeback sans suer, et du coup le Thunder nous a montré un visage déjà vu : celui d’une équipe dont les deux stars ne sont pas forcément sur la même longueur d’ondes. Il reste deux mois pour bosser cet aspect fondamental du jeu de Scott Brooks, et il a plutôt intérêt à nous trouver une solution. Sous peine de vivre un sale été 2014, en plus des histoires de transferts qui referont forcément surface…