Twist ending : Embouteillage d’arrières chez les Blazers

Le 05 sept. 2013 à 08:10 par Kevin

C’est peu dire que le banc de Portland leur a fait défaut l’année dernière. Surtout dans la dernière ligne droite lorsque le cinq majeur était trop touché physiquement pour accrocher un strapontin pour les playoffs. Cette saison, Neil Olshey a revu ses ambitions à la hausse en tentant d’apporter à ce cinq homogène et pétri de talent, un banc capable de prendre le relais quand les ténors sont essoufflés. Outre Robin Lopez qui va prendre numériquement la place de JJ Hickson, les Trail Blazers ont vu les choses en grand en enrôlant Dorell Wright et une pléthore d’arrières, de Mo Williams à Earl Watson, en passant par les rookies CJ McCollum et Allen Crabbe. Revue d’effectif de deux postes où Damian Lillard et Wesley Mathews vont (enfin) avoir de la concurrence.

L’avenir de l’Oregon : Damien Lillard

Rookie de l’année en titre, 82 matches disputés en tant que titulaire pour 38,6 minutes de jeu en moyenne. Un record du nombre de 3 points inscrits pour une première année NBA (185, l’ancienne marque étant détenue par Stephen Curry, lui-même). Les chiffres sur le meneur des Blazers ont de quoi donner le tournis. Et en plus de ça, l’ambition du jeune homme de 22 ans ne s’arrête pas là. Devenir All-Star, MVP, et même un meilleur défenseur. Durant l’été, il s’est entraîné avec Papa (Gary Payton) en personne pour stopper ses adversaires.

Autant vous dire que le ROY 2013 est intouchable, et qu’il sera l’une des plus belles armes de l’escouade rouge et noir, si ce n’est la principale. D’autant plus que cette année, il aura l’occasion de souffler davantage avec Earl Watson et surtout Mo Williams comme back-up. De quoi ne pas subir de coup de pompe au moment où Terry Stotts aura le plus besoin de lui.

La régularité à un nom : Wesley Matthews

En voilà un qui va peut-être voir d’un bon oeil les multiples arrivées à son poste. Oui, la concurrence sera plus forte, mais n’oublions pas toutes les galères qu’a connu le natif de San Antonio l’an passé. Blessé à la cheville et au coude, il a continué à jouer malgré la douleur lorsque Portland bataillait pour les playoffs, avant de souffler lorsque ceux-ci s’étaient trop éloignés. Titulaire lors de ses 69 apparitions, le pistolero de l’Oregon, sous la menace de Mo Williams, devra se faire violence pour garder sa place dans le 5 à l’approche du money time. Malgré tout, son back-up désigné semble être CJ McCollum, arrière scoreur lui aussi, qui n’hésitera pas à saisir sa chance lorsque Wesley passera à côté de son match, et si Stotts ouvre davantage son banc que par le passé.

Énorme à 3 points (40% en carrière), l’ancien rookie du Jazz peut prendre feu à tout moment, pour le plaisir du Rose Garden Moda Center. Ne nous méprenons pas, il faudra être très costaud pour le déloger de son poste de titulaire.

Le sixième titulaire auto-proclamé : Mo Williams

“Voyez-moi comme le sixième titulaire. J’aurais pu l’être ailleurs”.

Les déclarations de l’ancien compagnon d’arme de LeBron James annoncent la couleur. Mo Williams a choisi l’Oregon pour être sixième homme, oui, mais pas n’importe quel sixième homme. De quoi mettre un peu de pression sur les épaules de Damian Lillard et Wesley Matthews, qui savent qu’une contre-performance pourrait les priver de terrain pour conclure une rencontre. Ou bien une aubaine pour le coach qui pourra multiplier les combinaisons pour faire tourner les têtes de toutes les défenses de la ligue. On penche davantage pour la deuxième solution.

Car Mo Williams n’est pas cramé. Son expérience ajoutée à sa capacité de création et à la régularité de son shoot vont faire un bien fou à la second unit de Portland, ainsi qu’au reste de l’équipe. En manque de créateurs lorsque Lillard se reposait (rarement certes), Terry Stotts pourra désormais être plus serein lorsqu’il laissera son ROY se reposer.

L’homme de devoir : Earl Watson

Le meneur de 34 ans a pas mal bourlingué durant toute sa carrière. Portland sera sa 7ème franchise, et l’américano-mexicain est rodé. Tantôt homme du bout de banc au Jazz durant ces trois dernières années, ou véritable sixième homme par le passé chez les Sonics de Seattle, le vétéran sera là pour apporter sa science du jeu, quelques minutes dans la second unit, et pourquoi pas un rôle plus important en cas de blessure.

Avec l’assurance pour le head Coach de Rip City d’avoir un joueur solide sur le terrain, en cas de pépin, et la possibilité de mettre au repos une de ses ouailles plutôt que de continuer à le martyriser, faute de profondeur de banc, comme cela était le cas l’an passé.

L’insouciance de la jeunesse : CJ McCollum

Le soir du 27 juin 2013, le rookie de Lehigh, drafté en 10ème position, n’imaginait pas faire face à une telle concurrence en arrivant à Portland. Mais après un tel recrutement, il va devoir batailler dur pour se faire une place dans ce roster taillé (une fois n’est pas coutume) pour jouer les playoffs. Et qui dit équipe playoffable, dit franchise difficile pour un nouveau venu dans la Grande Ligue.

Néanmoins, la chance du jeune homme réside dans sa capacité à jouer au poste 2, et donc à être un potentiel back-up direct de Wesley Matthews. Nul doute que Terry Stotts lui donnera sa chance, car sa capacité à scorer et à avoir un impact direct sur la rencontre peuvent faire mal à l’adversaire. Seulement, aura t-il suffisamment de temps de jeu pour s’épanouir et garder confiance ? Il est toujours difficile à gérer pour un rookie le fait de ne pas savoir s’il l’on rentrera ou non sur le parquet. C’est là que la pédagogie du coach des Blazers devra être optimale.

Les coupeurs de citrons : Allen Crabbe, Terrel Harris, Will Barton

Appelez les comme vous voulez : coupeurs de citrons, d’oranges, tourneurs de serviettes, ramasseurs de savonnettes. Vous pouvez même leur trouver des homologues dans la Ligue entre Kent Bazemore, Ronny Turiaf ou encore Robert Sacre. Quoiqu’il arrive et sans trop se mouiller, voilà trois joueurs qu’on ne risque pas de voir souvent du côté du Moda Center l’an prochain.

Le premier, Allen Crabbe, a été drafté en 40ème position. Il lui sera difficile d’obtenir une place dans les 15, et cette arrière pourrait devoir jouer en D-League ou ailleurs pour prouver au monde la NBA qu’il mérite sa chance.

Terrel Harris, vous en avez sûrement entendu parler cet été. Il est celui qui a gagné le titre avec le Heat il y a deux ans, et qui a été suspendu 5 matches pour dopage… Enfin pour non-respect du peu de règles anti-dopage qui existe au sein de la ligue de Stern. S’il a une véritable chance d’être dans les 15, on lui prédit clairement un temps de jeu famélique ou bien un défilé de mode comme savent le faire les joueurs NBA (Westbrook en tête), lorsqu’ils ne sont pas en tenue de parquet. Et ces derniers temps, un licenciement pur et dur serait même dans les cartons…

Quant à Will Barton, son avenir demeure être une véritable interrogation. Peu en verve l’an passé, il s’est révélé par cinq performances à plus de 15 points sur les six derniers matches de la saison… alors que Portland avait (quasiment) perdu toutes chances de qualification en play-offs. Suffisant pour conserver une place dans le roster ? Sûrement, mais la concurrence directe de CJ McCollum ajoutée à celles des nouveaux venues déjà bien rodés par l’univers NBA devrait être un frein à la progression du homme de 22 ans. A moins qu’il nous fasse une seconde saison du feu de Dieu. Une surprise n’est jamais à exclure.

Portland est armé jusqu’aux dents

Vous l’avez donc compris, Portland dispose sur le papier d’une puissance de feu à l’arrière. Seulement, Terry Stotts devra trouver des compromis pour ne vexer personne et surtout pour permettre à ses joueurs de s’exprimer dans de bonnes conditions. Une chose difficile pour l’entraîneur des Trail Blazers peut habituer au turnover, et à la concurrence, mais nécessaire si Rip City veut respecter ses ambitions de playoffs. Certaines défenses poreuses de la conférence Ouest ont quand même du souci à se faire…