Business : La suprématie médiatique des gros marchés éclipse la réalité du terrain.

Le 20 déc. 2012 à 17:35 par Ludo

En NBA, et ce n’est pas nouveau, il n’y a pas seulement une distinction entre les équipes de l’Est et celles de l’Ouest, mais aussi entre les gros et les petits marchés. En effet, en dépit d’un salary cap imposé chaque année par la NBA (58,044 millions de dollars cette saison), l’équité économique entre les différentes franchises n’existe absolument pas. Ainsi par exemple, les Lakers peuvent se targuer d’exploser leur masse salariale à hauteur de plus de 100 millions de dollars quand en même temps Houston tend difficilement à atteindre les 48 millions. Outre les dépenses financières et les retransmissions sur les grandes chaines nationales, les gros marchés « monopolisent » l’attention des médias au grand dam des marchés plus réduits. A juste titre ?

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Ce début de saison est rythmé par 3 sujets que les médias s’empressent de relater et d’agrémenter quotidiennement.

Dans un premier temps, le début catastrophique des Lakers, 12ème de leur conférence, et ce avec un grand Kobe et Dwight Howard en guise de pivot titulaire. Alors bien entendu, le chef d’orchestre Steve Nash est sur le flan, Pau Gasol a été mis au repos et Mike d’Antoni a suppléé Mike Brown au bout de 5 matches seulement, mais la qualité intrinsèque de l’effectif des Angelinos doit leur permettre malgré tout de figurer en première partie de tableau ou au minimum d’avoir un bilan positif (12v-14d).

A contrario, le début de saison tonitruant des Knicks de New York est sur toutes les bouches. De la défense, de l’attaque, un Melo en mode MVP jouant sur tous les fronts, le retour du Sheed, une 1ère place à l’Est (19v-6d), bref autant d’ingrédients qui font que les joueurs de Manhattan méritent amplement leur bon tapage médiatique après une dizaine d’années de galères sur les terrains et dans les journaux.

Enfin les Bulls, ou devrions nous plutôt dire Derrick Rose. En effet, bien que Chicago soit 4ème de sa conférence avec un bilan de 14 victoires pour 10 défaites, le tout en l’absence de son leader due à une rupture des ligaments de son genou gauche, il semblerait que l’attention se porte uniquement sur la rééducation de celui-ci, au point de nous en informer sur les moindres petits détails : Rose peut marcher, s’asseoir, trottiner, accélérer, zut il boite un peu (sic)…. Des vidéos sont aussi réalisées dans le but de promouvoir l’avancement de ses progrès. Bref trop c’est trop. On en oublie même sa propre équipe et donc l’excellente saison de Noah, les débuts douteux de Carlos Boozer et Taj Gibson ou bien la troisième place au classement des meilleures défenses.

Alors bien que ces trois anecdotes méritent aisément d’être racontées, le fait qu’elles concernent les trois plus gros marchés de la ligue amplifie leur importance médiatique au détriment d’un début de saison qui nous réserve de biens belles surprises.

NBA Money

A l’Est tout d’abord, trois équipes surprennent et déjouent les pronostics.

En premier lieu Atlanta, qui malgré la perte de son Franchise Player Joe Johnson et de Marvin Williams, est actuellement 3ème juste derrière le Heat de Miami. Comptant pas moins de 9 nouveaux joueurs à intégrer dans la rotation, on était loin d’imaginer les Hawks sur le podium de leur conférence et encore moins aussi rapidement. Une alchimie et une entente au beau fixe, un accord passé entre Josh Smith et Danny Ferry pour la resignature de celui ci cet été, le tout en étant la 18ème masse salariale de la ligue permet aux fans de la franchise de Georgie d’espérer un bel avenir et pourquoi pas un gros poisson lors de la prochaine free agency (Vous avez dit Dwight Howard ?)

Ensuite Milwaukee, 24ème équipe la plus dépensière seulement, actuellement 5ème. Brandon Jennings plus clutch que jamais, une entente avec Monta Ellis qui commence tout juste à porter ses fruits, et des victoires sur certaines des meilleurs équipes telles que Brooklyn, Boston et Chicago prouve qu’il faudra certainement compter sur les Bucks cette saison. Attention néanmoins au retour en force des Pacers, la saison est longue.

Enfin certaines équipes déjouent tous pronostics, à l’image de Charlotte déjà à 7 victoires alors qu’elle n’en comptait que 9 la saison passée. Une série de 13 défaites consécutives vient ternir un bilan qui était bien plus que flatteur (7v-5d) pour la 28ème masse salariale. On peut aussi évoquer le Magic d’Orlando, dépouillé de sa star (diva ?) partie suivre les traces du Shaq en son temps, qui totalise à ce jour 12 victoires en 25 rencontres. Pas mal pour une équipe qu’on prévoyait dans les bas fonds du classement et qui ne compte aucune star dans son effectif.

Kobe Dollar

Changement de décor, à l’Ouest, en plus de la régularité des petits marchés Oklahoma, San Antonio et Memphis, trois nouvelles équipes viennent bouleverser la hiérarchie et son prêtes à se faire leur place dans la lumière d’une conférence ô combien relevée.

Les Warriors de Golden State, dans un premier temps, qui avec un franchise player en pleine santé et un rookie très talentueux fraichement drafté se payent le luxe de se positionner au 5ème rang. Avec 17 victoires pour 9 défaites, personne ne les attendait jouer à un tel niveau (et encore moins de gagner contre des équipes d’un autre calibre telles que Miami, Brooklyn, Atlanta, Denver, LA Clippers), ni même de voyager avec autant d’aisance : 10 victoires pour 6 défaites loin de leurs bases. LeBron James qualifiant même le back court de San Francisco comme le meilleur de la ligue. What else ? Les détracteurs de Mark Jackson se font de moins en moins nombreux pour l’instant.

Suivent les Rockets de Houston, huitièmes au classement des victoires (13-12), 30 à celui de la masse salariale. A l’heure actuelle ils sont même playoffables. S’appuyant sur un James Harden diablement efficace, ainsi qu’un front court qui tient largement la route avec Omer Asik en point central de la raquette épaulé par Patrick Patterson et Chandler Parsons, on était loin de s’imaginer un tel début. Surtout que Jeremy Lin passe globalement au travers de ses premiers matches en tant que Rocket et que leurs rookies sont actuellement en D-League. Kevin McHale a pourtant su profiter des qualités de chacun pour imposer du rythme et de l’envie.

On termine avec les Wolves, « l’équipe la plus blanche de la ligue », qui a joué une grande partie de ce début de saison sans ses deux franchises players Ricky Rubio et Kevin Love, est actuellement dans le top 8 de la conférence Ouest, à la 7ème place plus précisément. Et l’on peut parler là d’un véritable exploit. En effet, jouer sans ses deux meilleurs joueurs, avec un Alex Schved qui commence à peine à prendre ses marques, et dans une division qui compte Denver, Portland, Utah et Oklahoma c’est très fort. Sachant que Love est revenu depuis quelques jours et que Rubio a joué seulement 2 matches, des jours meilleurs peuvent même être entrevus du côté de Minneapolis tant leur meneur vedette simplifie le jeu de ses coéquipiers.

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Dans une ligue qui se veut très capitaliste, et qui a d’ailleurs comptabilisé le milliard de vues sur Youtube ce mois-ci, les médias et les gros marchés imposent leurs lois. Une des journaux, émissions télévisées, réunions de stars, licenciements abusifs, bref tout y passe pour rester au centre de l’impact médiatique et de l’intérêt public.

Fort heureusement, la loi du terrain est la plus forte, et certaines péripéties n’en sont donc que plus séduisantes à l’image de ces petites équipes au marché modeste qui mettent plus de cœur et d’intensité pour atteindre un ultime but où l’équité des chances ne fait pas partie du jeu.


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