Sam Bowie “l’homme drafté avant Michael Jordan” : l’histoire d’un joueur détruit par les blessures

Le 17 mars 2023 à 08:55 par Auguste Amar

Sam Bowie 17 mars 2023
Source image : YouTube

La Draft NBA est un événement fabuleux. Un moment attendu où la Grande Ligue rebat chaque année ses cartes avec des pépites qui rêvent de rentrer dans le game. Parfois, les franchises qui choisissent dans les premiers ont le nez fin et redécollent. On peut penser aux Cavs de 2003 pour un certain LeBron James. Mais il arrive que le flair soit en panne et a posterioriles moqueries s’enchaînent. C’est le cas avec Sam Bowie lors de la Draft 1984. Sam Bowie, toujours surnommé aujourd’hui… “l’homme drafté avant Michael Jordan”. Dur.

Pour les plus jeunes, le nom de Sam Bowie ne vous dit peut-être rien. C’est normal car sa carrière en NBA est à la fois triste et terriblement basique. Triste pour toutes ses blessures et les affaires qui s’en s’ont suivi, triste pour une comparaison avec Michael Jordan qui va le hanter toute sa vie. Basique, car au sommet de sa forme Sam Bowie évoluera à un niveau de role player alors que… le potentiel et les attentes étaient tellement plus grandes.

Remise en contexte.

Nous sommes au tout début des années 80 et un pivot du nom de Sam Bowie fait le bonheur de l’université de Kentucky en NCAA. Un mec de 2m16, très long et agressif sous le cercle. Il pose ses 13 points et 8 rebonds de moyenne en carrière sur le circuit universitaire où il joue trois saisons… sur cinq possibles. C’est là que les ennuis commencent pour SB. En fin de deuxième saison, il se casse le tibia gauche. Une lourde blessure, surtout pour un tel gabarit, qui lui fait rater les saisons 1981-82 et 1982-83. À son retour le géant a du mal à retrouver son niveau. Malgré tout, il attire le regard sur lui avant la Draft 1984, et notamment celui des Blazers.

Au moment de cette draft, les Rockets et les Pacers sont les deux pires équipes de la Ligue. Sachez également qu’en 1984, il s’agit de la dernière draft sans qu’une loterie soit effectuée au préalable, on tire alors à pile ou face qui aura le first pick entre les deux plus mauvais élèves. Pas de chance pour Indiana ette saison-là, car leur pick de draft 1984 est censé revenir aux Blazers à l’issue d’un trade réalisé trois ans auparavant. Portland est alors la troisième meilleure équipe de l’Ouest et va pouvoir drafter très haut, tout va bien dans le meilleur des mondes dans l’Oregon. Houston remporte néanmoins le toss et sélectionne Hakeem Olajuwon, hashtag nez fin. Puis vient le tour de Rip City et un nombre incalculable de choix s’offre à eux. Michael Jordan, Charles Barkley, John Stockton pour les noms les plus connus, on parle quand même rétrospectivement de l’une des trois plus grosses cuvées de toute l’histoire. C’est alors tout naturellement qu’en parfaite âme et conscience on entend alors David Stern prononcer ces mots : “With the 2nd pick of the 1984 NBA Draft, The Portland Trail Blazers select Sam Bowie. Quarante ans plus tard, on se rend encore compte de la boulette, mais re-situons nous encore un peu plus dans le contexte de l’époque.

En 1984, Portland perd son pivot Bill Walton, torturé par des blessures à répétition, qui décide de prendre sa retraite. En parallèle, un jeune Clyde Drexler, arrière de formation, est déjà là et est voué à devenir l’avenir de la franchise. Pourquoi donc se ruer sur Michael Jordan, arrière également, quand il y a un grand pivot de 2m16 qui peut combler un réel besoin ? Logique non ? A l’époque oui, même si aujourd’hui l’empilage de talent a pris le dessus, peu importe les postes.

Sam Bowie on y revient, fait – certes – une bonne saison rookie avec ses 10 points et 8,6 rebonds de moyenne, bien qu’on puisse attendre mieux d’un 2e pick de draft. Surtout quand le fameux gars pris par les Bulls juste derrière claque 28 points, 6,5 rebonds, 6 passes, 2,5 interceptions par match et est déjà All-Star.

SB termine tout de même dans la NBA All-Rookie first team, et c’est en fait à partir de la saison sophomore que tout déraille.

Au bout de 38 matchs, son tibia gauche, déjà abîmé par ses années en NCAA, rechute. Fin de saison pour le pivot. À son retour, c’est son tibia droit qui lâche après seulement 5 matchs. La poisse… Fin de saison évidemment et saison blanche derrière, ça commence vraiment à sentir mauvais. Bien entendu, à Chicago MJ devient une star planétaire, un multiple All-Star et colle 63 points aux Celtics des grandes années, entre autres. On commence alors à se demander comment se fait-il que Sam Bowie se blesse autant. Réelle malchance ou logique physiologique ? Des années plus tard, le principal concerné avouera tous ses torts dans cette histoire :

“Je me souviens quand le médecin avait pris un petit marteau pour mon examen médical avant ma draft. Quand il me tapait sur le tibia gauche, je disais “je n’ai pas mal”. Mais à l’intérieur j’avais un mal de chien. Si j’ai menti à ce moment, c’est parce que mes proches étaient dans le besoin. J’ai fait ce que n’importe qui aurait fait.”

Les Blazers ont donc sélectionné sans le savoir un joueur à la fois fragile et menteur. On peut donc parler d’une bonne escroquerie mais en même temps… les médecins n’ont décelé aucune blessure au moment crucial donc difficile de mettre toute la faute sur un joueur qui voulait simplement faire grailler la famille.

Bref, tout ça nous emmène jusqu’en 1989 quand Portland parvient presque par miracle à refourguer son joueur aux Nets. Le GM de la franchise du New Jersey, Harry Weltman, est très confiant à l’époque à l’idée que Bowie rebondisse dans sa franchise. Et on peut dire qu’il a eu du flair puisque notre blessé de service réalisera ses meilleures perfs là-bas. Une douzaine voire quinzaine de points inscrits dans les bons moments et au minimum huit rebonds, du bon travail, mais toujours bien moins bon que ce que fait Michael Jordan de son côté c’est-à-dire… enfiler des bagues à quasiment tous ses doigts.

Sam Bowie terminera sa carrière avec deux saisons anecdotiques chez les Lakers, une carrière hantée par les blessures. Son nom reste malgré tout très connu encore aujourd’hui pour être “l’homme drafté avant Michael Jordan”. La malchance jusqu’au bout d’être arrivé l’année où l’un des GOAT débarquait lui aussi dans la Grande Ligue, et une erreur fatale des Blazers, 23 ans avant de sélectionner Greg Oden avant Kevin Durant, parce qu’on… n’apprend pas toujours de ses erreurs.


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