Le titre de 2016, sommet absolu de la carrière du King : le moment qui a fait passer LeBron James dans une nouvelle dimension

Le 28 déc. 2019 à 21:02 par Nicolas Meichel

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Dans le sport, on aime les belles histoires. Vous savez, ces histoires qui font rêver, qui inspirent, qui procurent des émotions incroyables et qui donnent parfois l’impression de sortir tout droit d’un scénario écrit à l’avance. Le 19 juin 2016, les fans de la grosse balle orange ont pu vivre ce type d’expérience avec le titre NBA remporté par LeBron James sous les couleurs de Cleveland. Un instant magique, un moment all-time, qui donne toujours des frissons.

Vous savez à quoi on reconnaît un moment marquant de notre vie ? On se souvient de l’endroit où on était, des personnes qui nous accompagnaient à cet instant précis et de plein de petits détails sans importance qui restent pourtant gravés dans la tête. Pour les drogués de la NBA, le Game 7 entre les Warriors et les Cavaliers en 2016 fait incontestablement partie de cette catégorie. Car il représente le sommet de la carrière d’un des plus grands basketteurs de tous les temps. GOAT ou pas, ce n’est pas le débat, mais il est clair que LeBron James est entré dans une nouvelle dimension ce fameux 19 juin. Arrivé en NBA en 2003 dans le costume de jeune prodige, le King avait déjà plusieurs moments légendaires à son actif bien avant ces Finales 2016. Les 48 points au Palace d’Auburn Hills lors des Playoffs 2007 face aux Pistons, les 45 face aux Celtics en 2012 alors que tout le monde était prêt à le crucifier après l’échec cuisant de l’année précédente contre Dallas, les deux titres NBA remportés consécutivement avec le Heat, sans compter les innombrables records, récompenses et autres actions mémorables. Mais malgré tous ces grands moments, il manquait quelque chose à la carrière du King pour qu’il atteigne véritablement le statut d’intouchable de son sport. Ce quelque chose, c’était un titre avec Cleveland, la franchise dans laquelle il a été drafté, la franchise de son État natal, la franchise qu’il a quittée aussi en 2010 avec The Decision. Gagner deux bagues à Sud Plage avec Dwyane Wade et Chris Bosh, très bien. Revenir dans l’Ohio pour apporter la toute première bannière de champion aux Cavaliers, et un premier titre à Cleveland tous sports US confondus depuis plus d’un demi-siècle, c’est all-time. Et c’est précisément ce que LeBron a réussi à accomplir du côté d’Oakland, signant ainsi l’un des plus grands exploits de l’histoire de la NBA.

Quelques jours plus tôt, le 10 juin 2016, les espoirs de titre étaient pourtant très minces. Les Warriors venaient en effet de remporter le Game 4 à Cleveland pour prendre un avantage de 3-1 dans la série. Dans l’histoire des Finales NBA, aucune équipe n’avait réussi à remonter un tel déficit pour ensuite terminer au sommet. Aucune. De plus, les Cavaliers étaient opposés à la meilleure équipe de tous les temps en saison régulière. 73 victoires pour les Dubs en 2015-16, un Stephen Curry élu MVP à l’unanimité – ce qui n’était jamais arrivé auparavant au passage – et tout simplement un sentiment de supériorité dégagé par Golden State. À ce moment-là, ils étaient donc peu nombreux à croire à un comeback, mais il y avait un certain LeBron James dans le lot. Alors que tout le monde ou presque enterrait les Cavaliers du King, ce dernier a répondu de façon royale, bien aidé par un Kyrie Irving également en mission. Lors du Game 5 à l’Oracle Arena, BronBron et Uncle Drew ont permis à Cleveland de rester en vie en marquant chacun 41 points sur la tête des Warriors, profitant notamment de l’absence d’un Draymond Green suspendu et de la grosse blessure du pivot australien Andrew Bogut. Une victoire que l’on peut considérer comme un véritable tournant dans la série, car le momentum avait complètement changé de camp. De retour dans l’Ohio pour la sixième rencontre, LeBron a continué son chantier, enchaînant avec un deuxième match consécutif à 41 pions pour porter les siens vers un match ultime en Californie. 3-3 dans la série, les Cavaliers étaient en pleine bourre, tandis que le doute s’était officiellement installé chez les Warriors, surtout avec un Andre Iguodala touché au dos et un Stephen Curry pas au top de sa forme non plus.

Tout cela nous amène donc à ce Match 7 du 19 juin à l’Oracle Arena d’Oakland, que l’on vous propose de revivre. Un legacy game comme on dit aux States. C’est-à-dire un match qui peut définir une carrière, un match d’une importance capitale qui peut modifier la perception du public à l’égard d’un joueur. Pour une superstar comme LeBron James, c’est une opportunité en or, mais c’est aussi le match où il ne faut pas se planter. Car c’est le moment ou jamais pour tenir sa promesse de ramener un titre à Cleveland, et ainsi monter encore plus haut dans la discussion des plus grands joueurs de l’histoire de son sport. La pression est maximale, l’atmosphère est irrespirable, et la tension est palpable. La rencontre est serrée de bout en bout et comme souvent dans un Game 7, on assiste avant tout à un gros combat plutôt qu’à du très beau jeu. Si les Warriors prennent une légère avance entre la fin du deuxième quart-temps et le début du troisième, les Cavaliers répondent grâce à un Gérard Smith qui sort de sa boîte au meilleur moment. Et quand c’est Cleveland qui semble prendre le dessus sous l’impulsion de Kyrie Irving, on a Draymond Green qui pose ses couilles sur la table. Derrière, les Warriors et les Cavs ne se lâchent plus, jusqu’à ces fameuses dernières minutes, quand le score est de 89-89. Ce score ne bouge pas pendant un bon bout de temps, mais on assiste alors à l’une des plus grandes actions de la carrière de LeBron, peut-être la plus grande, avec ce chasedown block mythique sur Andre Iguodala. “Oh. My. Goodness” lance Jeff Van Gundy au micro. Un contre incroyable qui sera suivi par le shoot tout aussi clutch de Kyrie Irving sur la tête de Stephen Curry, puis le stop défensif de… Kevin Love sur ce même Curry. 92-89, et c’est LeBron qui met le couvercle en réussissant un de ses deux lancers francs à 11 secondes de la fin. Game over, Cleveland peut sortir le champagne, le King – auteur d’un triple-double – retrouve son trône. Magique.

En larmes, LeBron James récupère ce Larry O’Brien Trophy tant convoité et mérité, ainsi que celui de MVP des Finales. Avec des moyennes exceptionnelles de 29,7 points, 11,3 rebonds, 8,9 assists, 2,6 interceptions et 2,3 contres, le King est logiquement nommé meilleur joueur (à l’unanimité qui plus est), lui qui a terminé en tête de toutes ces catégories statistiques parmi les deux équipes, ce qui n’avait jamais été réalisé auparavant dans une série de Playoffs. Bref, une performance his-to-rique. Mais c’est surtout le sommet absolu de sa carrière. La grande émotion sur le visage de LeBron parle d’elle-même. On ne l’avait jamais vu comme ça avant, même après son premier titre NBA avec Miami, et on ne l’a jamais vu comme ça depuis. Un moment très spécial, le genre de moment où les choses semblent presque trop belles pour être vraies. Le prodige de l’Ohio qui emmène la franchise de son État au sommet, deux ans après son grand retour à la maison et surtout six ans après The Decision. On se rappelle à quel point ce départ vers Miami en 2010 avait terni la réputation de LeBron. Il était passé du statut de messie à celui d’ennemi public numéro un à Cleveland, il se faisait insulter par le proprio Dan Gilbert, et les maillots floqués du numéro 23 partaient en fumée. Les grands moments vécus lors des sept premières saisons du Chosen One chez les Cavs – dont cette qualification pour les Finales 2007 – étaient tout d’un coup tombés aux oubliettes, laissant place à la haine et l’hostilité. Mais il a réussi à regagner le cœur de ses anciens fans en ayant le courage de revenir chez lui pour ensuite marquer l’histoire d’une manière légendaire. Tout ça est probablement passé par la tête de LeBron quand il a récupéré ses deux trophées sur le podium.

La carrière de LeBron James ressemble à un film tellement l’histoire est incroyable. Et ce titre remporté face aux grands Warriors sous le maillot des Cavs en 2016 représente l’apogée de cette immense carrière. Ce moment, il est à ranger aux côtés du finish fabuleux de Michael Jordan avec les Bulls sur le parquet d’Utah en 1998, et encore quelques autres qui ont véritablement marqué l’histoire de la NBA.