Thunder et son trio de MVP : le plus beau perdant de la décennie ?

Le 27 déc. 2019 à 18:28 par Benoît Carlier

Thunder durant harden westbrook
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Alors que tout le monde s’attendait à voir le Thunder s’inviter dans la course au tanking cette saison, Oklahoma City tient bon avec un bilan équilibré et une septième place à l’Ouest pour l’instant. De quoi solidifier un peu plus la fan base qui s’est vite attachée à la dernière franchise à être arrivée en NBA en 2008 et qui a largement animé la Ligue depuis 10 ans.

C’est l’histoire d’une franchise qui voit le jour dans un contexte particulier, lors de la saison 2008-09. Clay Bennett veut sa propre équipe à Oklahoma City et arrive à ses fins en rachetant les SuperSonics pour les délocaliser au milieu de la carte, dans une ville dépourvue de franchise dans un sport majeur et peu attractive pour les joueurs. Heureusement, pour construire son nouveau projet, Sam Presti pouvait déjà compter sur un jeune garçon plutôt prometteur drafté à Seattle un an plus tôt qui répondait au nom de Kevin Durant. Comme prévu, les débuts sont difficiles avec une première saison à 23 victoires mais tout de suite le GM va avoir beaucoup de nez en récupérant James Harden et Serge Ibaka à la Draft 2009 (ce détail aura son importance un peu plus tard) pour compléter un effectif déjà très jeune comprenant également Russell Westbrook et Jeff Green récupérés au sein de la cuvée précédente. Très vite, ceux qui semblaient promis à vivre plusieurs années de lose avant de devenir une vraie franchise vont s’imposer comme une équipe incontournable à l’Ouest. Malgré une quatrième place de Division en 2010, le Thunder s’apprête déjà à vivre ses premiers souvenirs en Playoffs grâce à un bilan de 50 victoires pour 32 défaites qui ne leur octroie que le huitième seed à l’époque, preuve de la densité de la Conférence. Ce premier tour contre les Lakers champions en titre et en route vers un back-to-back est donc une simple découverte avant de vouloir aller plus loin. Et pourtant, les petits de Scott Brooks ne vont pas se laisser faire en obtenant deux succès majeurs à la maison avant de logiquement lâcher face à Kobe, Gasol et compagnie lors d’un Game 6 très disputé (95-94). Les bases sont là et on se dit qu’on pourrait très vite retrouver cette équipe parmi les candidats crédibles pour le titre NBA.

Et comme les gosses n’ont pas le temps, OKC toque à la porte dès l’année suivante. Ça ne rigole plus du tout au Thunder, les ados ont pris du muscle et la barbe de Ramesse commence lentement à pousser à l’inverse de celle de KD et du numéro 0. L’avantage du terrain est dans la poche pour le premier tour des Playoffs grâce à une saison à 55 victoires et un premier titre de Division depuis que la franchise a déménagé. Une fois encore, il faudra croiser les futurs champions NBA pour que l’aventure s’arrête, cette fois-ci en Finale de Conférence. Les Mavericks avaient rendez-vous avec l’histoire et personne n’aurait pu les arrêter, pas même le Heat de LeBron James sur l’ultime marche de la postseason. Une équipe que va justement retrouver le Tonnerre en Finales NBA en 2012. En seulement quatre ans, Oklahoma City a conquis son public en parvenant à se hisser sur le toit de la Conférence Ouest en battant tour à tour Dallas, les Lakers et San Antonio qui se sont partagés dix titres lors des treize saisons précédentes. Kevin Durant n’est pas encore au sommet de son art mais il s’en rapproche, Russell Westbrook tourne à moins de 5 rebonds et moins de 6 passes de moyenne pour vous laisser vous représenter la marge de progression et James Harden est encore sixième homme et obtient d’ailleurs le titre de meilleur remplaçant de la Ligue. Un relatif manque d’expérience pour ce trio de 23 ans de moyenne qui va se payer contre Miami. Vexés de leur échec en 2011, les Tres Amigos ne veulent pas voir le scénario se répéter après la perte du Game 1 et vont infliger un gentleman sweep aux petits protégés de Scott Brooks (4-1). Pour la troisième année consécutive, le Thunder s’incline donc contre le futur champion NBA, plutôt logique en perdant en Finales. Une fin un peu amère pour les trois jeunes hommes qui vont également être à l’origine de l’un des plus gros what if de l’histoire de la NBA.

A l’été 2012, Sam Presti est confronté à un choix. D’un côté, le barbu réclame un contrat à la hauteur de son talent et souhaite le max. Mais le GM, qui a déjà filé un joli chèque à KD et RW les années précédentes, n’a plus les fonds nécessaires alors qu’il décide aussi de filer 48 patates à Serge Ibaka issu de la même Draft pour jouer les leaders défensifs. Il propose un deal de 52 millions de dollars sur quatre ans au produit d’Arizona qui refuse et préfère être échangé à Houston dans un sign-and-trade plus lucratif pour lui et qui va lui permettre de devenir franchise player de sa propre équipe. Il n’y a donc pas photo, sauf qu’il perd aussi ses deux compères avec qui il avait eu une progression constante en trois ans et aurait pu viser le titre en 2013. Individuellement, le choix se comprend. Collectivement, The Beard a peut-être fait le mauvais calcul quand on regarde un peu son palmarès avec les Rockets à la fin de la décennie. Mais la vie continue et le Thunder repart à l’attaque de son objectif ultime sans son poilu du menton préféré. Le hasard veut même qu’ils éliminent Ramesse au premier tour des Playoffs. Mais les Grizzlies en 2013 puis les Spurs en 2014 (encore un futur champion) empêchent toujours OKC d’atteindre à nouveau les Finales NBA malgré un Kevin Durant nommé MVP pour la première fois de sa carrière. L’année suivante, ce dernier se blesse une grosse partie de la saison et le numéro 0 ne parvient pas à hisser son équipe en Playoff malgré un bilan positif. Des rumeurs d’embrouilles entre les deux All-Stars commencent à germer et on se dit que l’on assiste sûrement à la dernière saison du Slim Reaper dans sa franchise initiale. Pourtant, le destin aurait encore pu changer sans le Klay Game pour ramener les Warriors à égalité en finale de Conférence. Finalement, OKC blows a 3-1 lead face aux champions en titre et le Cupcake perd patience en rejoignant son bourreau durant la Free Agency. C’est officiellement la fin du Thunder tel qu’on le connait et Russell Westbrook a depuis rejoint Harden dans le Texas. Le destin parfois…

Il n’empêche que les abonnés de la Chesapeake Arena ont de quoi nourrir des regrets de cette époque dorée où tout est allé très vite. En trois ans, la ville est passée d’une anonyme du circuit de basketball à un candidat au titre. Menée par un trio de futurs MVP (KD en 2014, Beastbrook en 2017 et la barbe en 2018), la franchise de Clay Bennett a surpris tout le monde grâce aux intuitions merveilleuses de Sam Presti à la Draft pour récupérer tous les futurs meilleurs joueurs de leur génération aujourd’hui quasiment incontestablement tous les trois dans le Top 10 mondial. Mais l’explosion simultanée de ces pépites a aussi causé d’autres problèmes d’ordre financier et de gestion des égos, et la cohabitation du trio ne semblait plus réellement possible ou elle n’aurait pas permis à chacun d’atteindre son plein potentiel. Néanmoins, on ne peut qu’imaginer ce qu’aurait pu donner cette team d’OKC avec les trois All-Stars dans leur prime alors qu’ils étaient déjà si proches du succès durant ce trois saisons passées ensemble. A chaque fois, il a fallu qu’une équipe soit un peu plus mature et expérimentée pour barrer leur route et se frayer un chemin jusqu’au titre. Une autre preuve qu’il n’y avait peut-être à chaque fois qu’une seule équipe capable de les battre sur une série au meilleur des sept matchs. Malheureusement, tous les autres scénarios ne peuvent s’écrire qu’avec des “si” et on ne peut pas réécrire l’histoire. Il faudra donc se contenter de ces vieilles archives pour contempler la puissance offensive de ces trois hommes… A moins que KD se lasse de Kyrie Irving à Brooklyn et ne réclame un trade pour rejoindre ses deux compagnons à Houston pour achever la mission qu’ils ont entamée ensemble en 2009…

A part les Spurs, personne n’a joué plus de campagnes de Playoffs que le Thunder depuis 2010 en NBA. Avec neuf qualifications en postseason et un bilan de 515 victoires pour 289 défaites soit 64% de succès, OKC se retrouve cinquième de notre classement des franchises de la décennie avec uniquement des équipes baguées classées plus haut. Pas mal pour la petite dernière arrivée dans la Grande Ligue et pourtant, il manque ce titre pour leur enlever cette étiquette de losers. Beaux perdants, certes, mais perdants quand même.


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