Joel Embiid dans la raquette et Al Horford qui tourne autour : ne serait-ce pas la plus belle association possible dans ce bas-monde ?

Le 17 oct. 2019 à 12:27 par Giovanni Marriette

Al Horford
Source image : YouTube

Parmi la ribambelle de trades monstrueux ayant rythmé notre été, celui d’Al Horford à Philadelphie a de quoi exciter plus d’un puriste. Les puristes du jeu intérieur bien sûr, pas ceux qui s’extasient devant un step-back cloche-pieds yeux bandés à douze mètres en début de possession avec une main dans le dos et deux défenseurs sur le râble. on s’est compris. Non non, l’arrivée de Tonton Al en Pennsylvanie c’est pour les adeptes de placement, de QI Basket, de Twin Towers. Mais au-delà de l’association évidente entre deux des meilleurs intérieurs de la Ligue… des questions se posent.

Des questions se posent, pour savoir si oui ou non cette assoce de sauces peut rapidement être l’un des problèmes les plus insolubles de la NBA. Sur le papier ? Rien à dire, ça envoie. Un Joel Embiid de plus en plus dominant, sorte de Shaquille O’Neal qui shoote de loin toutes proportions gardées bien sûr. De l’autre un Al Horford identifié officiellement comme l’un des joueurs les plus intelligents et expérimentés de la Ligue, poste 4 de formation mais le plus souvent repositionné en 5 depuis que la NBA s’est prise d’amour pour le small ball. Deux joueurs immenses, aussi bons en défense qu’en attaque, capables tous deux de punir de près comme de loin, et on se demande bien où peut se cacher un éventuel problème.

Les points faibles du duo

Si problème il devait y avoir, il tiendrait en un mot : spacing. Déjà la saison passée, les Sixers ont pu rencontrer bien souvent des soucis au moment de faire vivre la balle, la faute notamment à un meneur de jeu qui n’en est pas vraiment un, Benny on te cause. Les départs de Jimmy Butler et J.J. Redick ne sont pas là pour rassurer les observateurs et il faudra donc s’évertuer à quadriller le demi-terrain en attaque en compensant le jeu sans ballon de Jean-Jérôme et le ball-handling intelligent de Jimmy Buckets. On l’a dit, Alioune Horford est un poste 4 de formation (qui se rappelle de ce jeune premier évoluant aux côtés de Joakim Noah à Florida ?) et devra retrouver ses sensations d’ado et de jeune adulte pour laisser Joel Embiid, le vrai patron, s’exprimer. Pas facile car l’ancien général en chef des Hawks et lieutenant de luxe des Celtics n’a plus le physique de ses vingt ans, et si son QI Basket reste étoffé son corps ressemble aujourd’hui davantage à celui d’un gros patapouf qu’à celui d’un freak sorti du labo. Idem en défense, où les deux zozos devront être capables de s’entendre pour défendre sur des postes 4 parfois taillés comme des Apollons du basket, pas forcément un souci mais pas toujours évident en terme de variation des efforts. Un gros boulot d’adaptation donc en défense, alors qu’en attaque les Sixers devront alterner du mieux possible entre une transition supersonique avec Ben Simmons à la baguette et un jeu placé à deux intérieurs que l’on n’a plus vraiment l’habitude de voir depuis une… quinzaine d’années, à l’exception de quelques franchises qui lutteront encore à l’ancienne cette saison (Detroit ou Indiana par exemp

Les points très forts du duo

En défense tout d’abord… attention les yeux. On parle de deux mecs clairement dans la discussion pour le trophée de DPOY la saison passée, chaque année en fait, grâce à une combinaison athléticité/intelligence quasiment sans égale en NBA. Avec un Ben Simmons dont le volume lui permet de défendre dur sur les meneurs, un Josh Richardson élevé à la dure en Floride, le backcourt sera déjà compliqué à passer, mais alors le deuxième rideau… Bon courage les copains quand il faudra aller bucket dessous, entre un Camerounais volant aux bras de six mètres et capable de déplacements latéraux dignes d’un arrière et un vétéran rompu à la défense à la dure, sur les appuis, sans les mains comme dirait ton coach en U13. Problème sans solutions en apparence, et on a hâte de voir les ratings défensifs d’une équipe portée par un tel duo. En attaque ? Disons que ce n’est pas forcément le talent qui pose question. Joel Embiid est peut-être ce qui se rapproche le plus de légendes comme Hakeem Olajuwon ou Shaquille O’Neal en terme de technique, de vitesse et/ou de puissance, Al Horford fait partie du gratin depuis plus de dix ans et a toutes les qualités nécessaires pour s’adapter à un tel copinage. Le chef d’orchestre de cette potentielle symphonie d’amour ? Brett Brown, qui aura là l’une de ses premières vraies occasions de prouver qu’il n’est pas simplement un druide capable de donner du courage à une troupe de no-names en plein Process, mais qu’il est aussi un coach capable de driver une vraie super-puissance NBA. Al Horford qui devra s’adapter donc, mais également Jojo, à qui l’on met dans les mains un vrai trésor et qui devra se rendre compte du cadeau et non continuer sa petite ascension solo. Comme pour Ben Simmons, Embiid est arrivé à un point où les résultats collectifs peuvent être magnifiques après une grosse prise conscience, et si l’un des objectifs du pivot camère est toujours de devenir MVP de la Ligue, il devra très vite comprendre que pour arriver à ses fins en matière de palmarès collectif il faudra peut-être en passer par quelques sacrifices en termes de temps de jeu ou de systèmes. Même si l’on sait pertinemment que le plus gros du délire tournera autour de lui hein, mais vous avez compris l’idée. Ah oui, dernière chose, on n’a évidemment pas parlé du fait que Brett Brown pourra pianoter à foison avec ses deux pivots afin de faire en sorte d’en avoir quasiment toujours un des deux sur le parquet, faudrait quand même pas laisser souffler l’adversaire plus de trois minutes…

Joel Embiid, Al Horford, association extraordinaire sur le papier mais qui demandera peut-être patience, adaptation, quelques déceptions aussi. Mais l’objectif reste le même pour tout ce petit monde : être prêt en avril pour ne pas revivre le cauchemar de l’an dernier face à des Raptors tellement trop virils. Joel Embiid ne veut plus pleurer, alors espérons qu’Al Horford n’aura pas besoin de servir de Kleenex.