C’était un 16 août : Team USA défonce l’Espagne, qui aurait cru à une finale olympique grandiose 8 jours après ?

Le 16 août 2019 à 09:45 par Alexandre Martin

Team USA - Espagne - 2008
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Lors du tournoi olympique à Pékin en 2008, favoris dans le groupe B, Espagnols et Américains ne vont faire de cadeau à aucun des adversaires qu’ils trouveront sur leurs chemins respectifs. Ainsi, Team USA et la Roja se sont retrouvées pour s’affronter, toutes deux invaincues après trois matchs. C’était un 16 août et nos voisins ibères ont pris une bonne grosse fessée.

Fessée qui leur a peut-être bien été très utile pour la suite d’ailleurs… En effet ce soir-là (le match s’est joué un peu après 22h en Chine), les hommes du sélectionneur Aito Garcia Reneses entrent sur le parquet en toute confiance. Ils viennent de battre successivement les Grecs, les Chinois et les Allemands. Pau Gasol est dominant, Marc Gasol prend de la place et pas seulement avec ses cheveux longs, pendant que Felipe Reyes montre qu’il est le parfait troisième homme de la rotation intérieure. Sur les extérieurs, Rudy Fernandez est partout, à la création, au scoring, au rebond, sur les lignes de passe, au four et au moulin. Les Navarro et Calderon se partagent la mène avec le tout jeune Ricky Rubio (pas encore 18 ans). Les expérimentés Alex Mumbru et Jorge Garbajosa font encore très bien le boulot sur les postes 3 et 4. Bref, l’Espagne joue bien, l’Espagne joue ce basket qui lui a permis d’être championne du monde en 2006, ce basket plein de talent, de bonne défense, de shoot et de roublardise. Car si les Chinois n’ont craqué qu’en prolongation lors du deuxième match, les Grecs lors du premier ou les Allemands lors du troisième n’ont pu que subir la loi des hommes vêtus de rouge et de jaune.

En face, les Américains sont encore plus impressionnants. Ils ont en travers de la gorge la défaite subie en demi-finale du Mondial 2006 contre des Grecs qui se feront étriper en finale par les Espagnols. Les sorties de Team USA en 2002, 2004 et 2006 commencent à peser lourdement sur la réputation des Ricains dans un sport qu’ils sont censés dominer. Européens et Sud-américains seraient-ils en train de reprendre la main sur la scène internationale de la balle orange ? Du coup, sous la houlette de Jerry Colangelo et avec Mike Krzyzewski à la baguette depuis le banc, les Etats-Unis comptent bien se racheter et réinstaller leur domination sans partage sur le basket. L’équipe adopte d’ailleurs le surnom de “Redeem Team”. La mission est claire : rédemption et consécration. Pour ce faire, Team USA a mis les moyens et rien qu’à la vue des noms des 12 joueurs qui composent l’équipe, on comprend mieux le caractère exceptionnel de cette réunion de joueurs, de légendes. Carmelo Anthony se régale et régale à 3 points sur les passes de ses potes Chris Paul et LeBron James. Afin de compléter le Banana Boat, Dwyane Wade est là lui aussi. Il tient la ligne arrière voire un peu de poste 1 ou 3 aux côtés d’un certain Kobe Bryant. Et nous sommes en 2008, n’oubliez pas. Wade a 26 ans et Kobe 29, ils sont en pleine force de l’âge (même si D-Wade sort d’une saison galère niveau blessures) avec le King qui commence à monter en puissance évidemment. Ah cette interception-sauvetage de D-Wade – dans le match précédent contre les Grecs – qui devient un alley-oop pour le Laker (ici)… ça fait rêver et ça donne une fois de plus toute la dimension de cette Redeem Team. Car pour accompagner Kobe et le Banana Boat, on a des gars comme Dwight Howard et Chris Bosh pour tenir la raquette avec un peu de Carlos Boozer. On a du Tayshaun Prince, du Deron Williams au cas où il manquerait un peu de qualité à la création, du Michael Redd et du Jason Kidd pour faire un peu remonter la moyenne d’âge (35 ans, le seul trentenaire à l’époque).

Ce quatrième match de poule est donc le premier vrai gros test pour chacune de ces deux équipes. Le champion du monde en titre contre une team américaine pleine de stars et prête à tout pour récupérer le trophée olympique, prête à tout pour gagner chaque rencontre. Et comme annoncé précédemment, il n’y aura pas vraiment de match ce soir-là. Les Américains vont prendre le contrôle des opérations d’entrée avec un LeBron souverain qui aura le plus gros temps de jeu de Team USA avec 28 minutes passées sur le parquet du Wukesong Indoor Stadium de Pékin, le tout pour 18 points, 5 rebonds, 8 passes décisives et 4 interceptions. Team USA aura 9 points d’avance après un quart-temps, 16 à la mi-temps, 23 à l’entrée du dernier quart et 37 au total lorsque le gong final retentira. Wade y est allé de 16 points en 19 minutes, Melo également 16 points mais en 16 minutes, Chris Paul a posé 14 unités en 5 tirs avec 8 passes décisives… Les 12 Américains ont joué, au moins 5 minutes. Les pauvres Espagnols n’ont pas existé la moindre seconde. Pau Gasol s’est démené pendant 32 minutes pour seulement 13 points. C’est Reyes qui sera le meilleur marqueur ibère avec 19 unités sinon tout le reste de l’équipe est sous les 10 points. 119-82. Grosse fessée.

Forts de cette démonstration de force, les Américains vont continuer leur chemin en mode rouleau compresseur. Ils vont pulvériser l’Allemagne de Dirk de presque 50 points pour clôturer leur phase de poule, avant d’écraser l’Australie en quarts et de s’offrir une revanche sur les Argentins en demi-finale. En finale, ce sont de nouveau les Espagnols qui se trouvent sur la route des USA. En effet, de leur côté, Pau Gasol et ses copains se sont occupés sans trop trembler de la Croatie en quarts, puis de la Lituanie afin de se qualifier pour un remake avec les States.

Et cette fois-ci, il n’y aura pas de déculottée, pas de démonstration américaine. Il y aura un vrai gros match de basket, certainement le plus grand match de basket international de tous les temps (long résumé ici). Cette finale des Jeux Olympiques 2008 fut un véritable combat au bout duquel Team USA va gagner la médaille d’or et les Espagnols le respect éternel de tous les fans de balle orange. Comme quoi, un match anodin en phase de groupe peut avoir des suites autant inattendues qu’historiques…


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