Gagner en XP, voilà le vrai succès du Magic sur ces Playoffs : les jeunes d’Orlando vont avoir du poil au menton

Le 18 avr. 2019 à 23:41 par Bastien Fontanieu

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Source image : Montage NBA League Pass

Lorsqu’une équipe se qualifie pour les Playoffs, la tentation générale est de se baser uniquement sur le score final des séries. Mais pour une franchise comme celle du Magic, le retour aux phases finales représente plus, bien plus que cela.

Le match va commencer dans 3 minutes et la tension est palpable. Nous sommes à Toronto, Game 2 du premier tour des Playoffs, et les joueurs d’Orlando répètent leur routine habituelle. Petit check avec Steve Clifford, petit bump avec les gars du bout du banc, le talc parsemé dans les paumes de mains. Les titulaires du Magic le savent parfaitement, la réponse risque d’être sanglante. Après avoir choqué les Raptors lors du Game 1 remporté sur un shoot incroyable de DJ Augustin, les visiteurs peuvent être stressés puisqu’on s’attend tous à une forte réaction de la franchise canadienne. Au milieu de ce grand bazar routinier d’avant-match, deux jeunes se croisent, le regard un peu perdu. Aaron Gordon et Jonathan Isaac, pierres précieuses du projet John Hammond, ont le plus le trac. Ce n’est pas une supposition, c’est un fait. Et comment ne pas les comprendre ? Ce n’est pas toute une ville qui veut leur mort ce soir, c’est tout un putain de pays. Le Canada a soif de revanche et veut démolir Orlando, ce que Kawhi Leonard et Kyle Lowry vont faire en imposant une domination impressionnante devant leur public. L’ordre est rétabli, la série est à égalité. Un match de 48 minutes qui en fait n’aura pas été si long que cela, puisque d’entrée les Raptors vont marcher sur la gueule du Magic et ne jamais vraiment regarder en arrière. Plus expérimentés mais pas nettement meilleurs que les autres, Augustin, Fournier et Vucevic vont bégayer balle en main et se prendre une rouste par Toronto. De leur côté ? Isaac et Gordon vont faire de leur mieux, le premier ne rentrant pas un seul shoot à distance (0/6), le second étant plus propre avec 20 points à 8/12 au shoot. Mais c’est à ce moment précis que vient le plus marquant, le plus important pour cette paire. Ce ne sont pas les chiffres, les statistiques, l’issue de la série ou les déclarations qui sont au centre de leur maturation en NBA. Non, ce qui marque en sortie de défaite, et donc de retour prévu à la maison, c’est cette paire de matchs jouée à Toronto, en tenant d’abord tête aux Raptors puis en se prenant une logique leçon de basket par la meilleure des deux équipes.

Gain d’XP : inestimable.

Depuis l’arrivée de John Hammond à la tête du Magic, une nouvelle page a été créée avec des choix décisifs chaque été. Une Draft, Jojo Isaac choisi en 6ème position. Une free agency, Aaron Gordon prolongé pour 4 ans. Les cadres d’Orlando, que l’on médiatise un peu plus grâce à leurs performances, n’ont cependant pas le même statut long-terme que les deux jeunes cités. Evan Fournier ? Apprécié et loyal, mais pas né des décisions de Hammond. DJ Augustin ? Un choix par nécessité plus qu’autre chose, surtout quand on voit le Magic récupérer Markelle Fultz en scred lors de la dernière trade deadline. Nikola Vucevic ? On a écrit un pavé dessus, difficile de savoir ce que la franchise d’Orlando va faire cet été, 13 mois après avoir drafté… Mo Bamba. Par contre, Isaac et Gordon sont sûrs et certains, eux, de faire partie de l’avenir en Floride. Et c’est peut-être là ce que les fans du Magic doivent observer puis retenir, en abordant un nouvel été rempli d’incertitudes. La qualification en Playoffs est un bel événement au global, quand on sait qu’Orlando n’avait pas goûté aux phases finales depuis 7 ans, mais c’est ce que le duo Isaac-Gordon va apprendre en l’espace de deux semaines qui pourrait faire la différence. Jonathan a 21 ans, le fan des drones en a 23, comment ne pas s’extasier en voyant ces enfants se frotter à l’élite, et même apprendre à gagner un match dans des conditions hostiles ? Défendre sur Kawhi Leonard et être défendu par ce dernier, faire pareil avec Pascal Siakam, se taper l’ambiance de la ScotiaBank Arena de Toronto, tendre l’oreille pour essayer de capter le temps-mort de Clifford, se faire insulter tous ses morts par les fans du premier rang, rentrer de gros tirs et ne pas en faire de célébration, voilà les grandes leçons que les deux pépites d’Orlando sont en train d’apprendre. Il sera évidemment intéressant de voir comment ces deux loustics agiront à domicile, avec une grosse pression sur les épaules, mais ce que sont en train de vivre Isaac et Gordon pourrait avoir un impact déterminant sur l’avenir de la franchise. Car la sérénité développée et l’expérience engrangée servira forcément dans la construction d’un futur sain à Orlando.

C’est en se prenant des tartes qu’on apprend, souvent. C’est aussi en se faisant malmener par les meilleurs qu’on évolue plus rapidement. S’il s’agissait d’un vilain sweep sans la moindre contestation possible, le Magic ne pourrait vraiment tirer de leçon long-terme de ce retour en Playoffs. Mais maintenant que les jeunes ont découvert l’animosité à Toronto, ont gagné là-bas et vont tenter de faire de leur mieux à domicile ? C’est que du bonus. Régalez-vous, chers enfants.


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