En bon vétéran qu’il est, Vince Carter s’est lâché sur la philosophie du tanking : “C’est de la merde”

Le 27 mars 2019 à 10:01 par Bastien Fontanieu

Vince Carter
Source image : NBA League Pass

Plus expérimenté que quasiment tout le monde aujourd’hui en NBA, Vince Carter partage ses histoires avec les jeunes d’Atlanta et s’il est bien fier d’une chose l’ami Vinsanity, c’est ceci : côté Hawks, le tanking n’est pas une pratique appréciée.

En plus de 20 ans de carrière, vous en voyez des choses se produire dans la Ligue. Vous passez par des Playoffs, des désillusions, des blessures, des transferts, des grandes soirées, un peu de tout en fait. Et Carter, mine de rien, sait de quoi il parle lorsqu’il l’ouvre auprès des jeunes. Passé par huit franchises dont certaines qui n’en avaient strictement rien à foutre de gagner des matchs de basket, le futur Hall of Famer souhaitait prolonger sa carrière en NBA l’été dernier et se demandait dans quel environnement voulait-il travailler. Un centre de loisirs où prendre son chèque tous les mois, puis partir en vacances peinard à la mi-avril ? Ou bien un lieu de boulot ambitieux où enseigner de vraies leçons aux jeunes, sans regarder le bilan ou les projections de la Draft à venir ? Heureusement pour le marsupial, les Hawks étaient sur un projet de reconstruction original et il fallait qu’un vétéran prenne son rôle au sérieux dans le vestiaire local. C’est donc Lloyd Pierce et Travis Schlenk, en tant que coach et GM d’Atlanta, qui sont allés voir Carter et lui ont demandé s’il voulait prendre part à l’aventure. Une approche que Vince a apprécié, et qu’il a surtout voulu checker en testant la fiabilité des deux hommes. Est-ce que je viens pour la déconne ou pour vraiment bosser ? Au bord de la retraite, l’arrière n’avait pas que ça à foutre de traîner des pieds une saison de plus en NBA. C’est donc rassuré que VC a signé à Atlanta, et a vécu une campagne particulièrement enrichissante. En effet, non seulement le quadra a  obtenu du temps de jeu, mais en plus la philosophie des Hawks est restée portée vers la progression permanente, plutôt que vers le tanking assassin. Un vent frais dans une NBA actuelle qui prône souvent la défaite lorsqu’on est jeunes, mais que la franchise d’Atlanta a voulu contourner à sa façon.

“Peut-être que les gens nous regardaient ainsi avant la saison, comme une équipe qui allait avant tout chercher à obtenir le meilleur choix de Draft. Mais pour moi, c’est de la merde. Je crois surtout que tout ce que fait le tanking, c’est de créer une mauvaise culture et une attitude défaitiste. Tout ce que vous faites dans ces cas là, c’est intégrer des jeunes dans une équipe ayant une mentalité de losers, et vous essayez de régler le problème en comptant sur eux. C’est complètement stupide.

Chaque jour, le coach (Lloyd Pierce) débarque à l’entraînement avec une incroyable énergie, si vous le voyiez vous pourriez penser qu’on était à 23 victoires pour 6 défaites. On s’est accrochés, on s’est tous rentrés dedans et on s’est dit nos quatre vérités entre joueurs. On voulait gagner, et on a apporté cette attitude tous les soirs, ce qui fait qu’on pense pouvoir tenir le regard avec n’importe qui. Je refusais tout simplement de laisser nos gars se reposer, et le coaching staff en a fait de même.

Quand vous apprenez à bien travailler et à comprendre ce que cela fait de bosser dans un environnement professionnel, vous enlevez déjà la moitié des problèmes potentiels. Une fois que c’est installé, vous avez réussi et n’avez pas à revenir dessus pour réapprendre cela la saison prochaine. Vous vous ramenez à la salle, il n’y a pas d’onde négative, pas de mauvaise habitude, pas de mentalité défaitiste. Vous ne verrez aucun gars envoyer la balle de façon nonchalante par ici en se marrant. Vous les verrez travailler dur, et si vous voyez des blagues ou des rires, ce sera par esprit de compétition, pas pour déconner. C’est difficile de créer ce type d’environnement si les joueurs ne croient pas en ce que le staff veut accomplir.

Honnêtement, cela fait du bien de voir une franchise agir ainsi en ayant pourtant autant de jeunes joueurs. C’était flippant au début de la saison, car vous vous dites que certains ne vont jamais comprendre quel est l’objectif du groupe. Vous espérez que ces jeunes sont des éponges et qu’ils vont absorber tout ce que vous allez leur dire. Et bien ici ils ont cela, et ils ont la confiance qui va avec. Cela va rendre la saison prochaine nettement meilleure.”

Sixers et Jazz battus récemment, des matchs serrés à Houston ou Boston, Atlanta aurait largement pu sombrer dans la défaite histoire d’assurer sa place sur le podium de la Loterie 2019, mais ce n’est clairement pas l’approche que les Hawks veulent avoir. Comme on l’écrivait la semaine dernière en hommage à l’entraîneur local, cette phrase résume clairement la façon avec laquelle Lloyd Pierce veut avancer jour après jour. Pour aller chercher un titre, il faut apprendre comment aller en Finales NBA. Pour aller en Finales NBA, il faut apprendre comment gagner en Playoffs. Pour aller en Playoffs, il faut apprendre comment gagner en saison régulière. Et pour gagner en saison régulière, il faut s’y mettre le plus tôt possible. Des mots qui peuvent avoir l’air stupides, si la Loterie a lieu et vous passez à deux balles de ping-pong d’un talent générationnel comme Zion Williamson ou R.J. Barrett, mais les Hawks ne veulent pas faire comme tout le monde. Pas de saisons enchaînées comme Philadelphie ou Phoenix à en chier et à instaurer une drôle de mentalité, avec parfois du succès (Sixers) et parfois un terrible statu quo (Suns). Ces deux exemples sont frappants, car il faut aussi prendre en compte la chance à la Draft, le flair de certains General Managers et les erreurs des autres. Mais quand on voit ce que Schlenk a fait jusqu’ici à Atlanta, notamment en récupérant des joueurs comme John Collins ou Kevin Huerter en fin de premier tour, on peut se demander avec optimisme dans quelle direction vont les Hawks. En tout cas, pour Vince Carter, la réalité est aussi simple que rassurante. Oui, il existe encore des franchises qui souhaitent se reconstruire sans avoir à se foutre de la gueule de leurs fans, et en se donnant jusqu’au bout.

Du regret, peut-être qu’il y en aura du regret, quand les Hawks regarderont dans le rétroviseur d’ici quelques années. Mais pour le moment ? L’anti-tanking installe d’excellentes bases pour la suite, avec de vrais compétiteurs et des automatismes axés vers le mode victorieux. Plutôt cool comme projet.

Source texte : The Athletic


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