Dave Joerger ne voit aucun plafond pour Luka Doncic : la fille que t’avais snobée est devenue top model, classique

Le 17 déc. 2018 à 18:08 par Victor Pourcher

Dave Joerger, Kings
Source : youtube

À l’occasion du match opposant les Mavericks aux Kings, Luka Doncic retrouvait la franchise de Sacramento qui avait fait l’impasse sur lui à la draft, préférant utiliser leur pick n°2 pour récupérer Marvin Bagley III, l’ailier-fort en provenance de Duke. Et après la rencontre, le coach des Rois, Dave Joerger, ne tarissait pas d’éloge sur le jeune slovène. Ah bah quand tu vois à côté de quoi tu es passé, il y a de quoi avoir un peu le seum.

Si Luka Doncic est arrivé dans la Ligue avec sa bouille de grand adolescent de 19 piges et ses trois poils sur le menton, il n’a pas oublié de ramener dans son cartables du talent, des step-back à trois-points et plus généralement, tout son impressionnant arsenal offensif. Trois mois et 27 matchs plus tard, tous dans le cinq majeur, il est déjà le patron de cette équipe des Dallas Mavericks : tous les ballons passent par lui et le public attend les exploits de sa nouvelle star. La concu’ c’est de l’eau et Luka paye sa tournée chaque soir. Oui, il reste à l’eau puisque, on le répète, mais le gamin n’a pas encore l’âge, aux US, de goûter aux boissons favorites de Gérard. Et pour ceux qui n’ont pas encore regardé un match de Dallas cette saison : 1) vous attendez quoi ? 2) séance de rattrapage, on vous donne une idée de son impact avec ses stats. 18,2 points, 6,7 rebonds et 4,6 assists en 32 minutes de moyenne, soit autant que son temps passé dans les highlights de la NBA depuis octobre. Et même si Dallas s’est finalement incliné face à Sacramento (120 – 113), Luka Doncic a tout de même bien sali l’équipe qui l’a snobé à la Draft 2018 en posant 28 points, 6 rebonds et 9 assists. De quoi faire lâcher au coach des Kings, Dave Joerger, un hommage ambigu à son ex-futur rookie au micro de Tim MacMahon d’ESPN :

“Il a énormément de qualité et je pense qu’il va devenir un sacré shooteur. Et quand cela arrivera, tout ira très vite. C’est un très bon manieur de ballon et il sent bien le jeu. […] Certains pensent qu’il a un plafond. Je ne le vois pas, malheureusement pour nous. Mais c’est formidable pour eux [les Mavericks] et pour notre ligue”

Vous sentez ? Mais si, ce parfum subtil de seum, discrètement planqué. Vraiment rien ? Et le fameux “je suis content pour vous” ? Ne faites pas semblant, tout le monde sait que c’est la phrase officielle des mecs qui recroisent leur ex et son copain dans la rue en rageant intérieurement. Bref, en tout cas, Marvin Bagley III appréciera le “malheureusement pour nous”… Non, soyons sérieux : pour être honnête, Dave Joerger exprimait probablement la difficulté d’affronter un tel joueur, plutôt qu’un regret de ne pas l’avoir sélectionné cet été. Attention tout de même aux ambiguïtés Dave, car on aurait vite fait de mal interpréter ces propos. Surtout que, lorsqu’un rookie éclabousse à ce point la Ligue de son talent sans avoir été pris en n°1, on est forcément tenté d’aller voir comment s’en sorte ceux qui ont été choisi plus haut. Même si la comparaison n’a que peu de sens, on note que Marvin Bagley, le rookie des Kings, affiche des moyennes honnêtes de 12,7 points et 6,1 rebonds. Mais, contrairement au futur ROY (franchement, y aura-t-il encore débat si le slovène ne se blesse pas), il reste cantonné à un rôle en sortie de banc (23 minutes par match, aucune apparition dans le cinq de départ).

Bien élevé et pas rancunier, Luka Doncic préfère avancer que les Kings “avaient besoin d’un intérieur” et que le choix de Bagley était un meilleur fit. Et quand on lui dit qu’on ne le croit qu’à moitié, son léger sourire en coin, relevé par le reporter d’ESPN, en dit long. En fait, tout est expliqué dans cette anecdote. D’abord, Luka Doncic ne semblait pas emballé à l’idée de rejoindre Sacramento, jusqu’à remettre en cause son inscription à la draft lorsque tout le monde l’envoyait en Californie. Ensuite, il est vrai que l’équipe de Dave Joerger est déjà bien fournie en jeunes leaders. Coincé entre un De’Aaron Fox qui porte la balle et s’impose en patron (18,5 points et 7,5 passes) et un Buddy Hield en meilleur scoreur (19,2 points et 5,1 rebonds), Luka Doncic aurait-il connu la même trajectoire ? Les Kings auraient-il trouvé si vite leur nouvelle alchimie ? Rien n’est moins sûr. Au final, la décision du front office de ramener Marvin Bagley III à Sacramento se défend largement, et leur 6ème place à l’ouest vient encore le confirmer. Mais on te comprend Dave : comment ne pas être dégoutté lorsqu’une fille rejeté au lycée, désormais mannequin vient te balancer son avenir radieux à la gueule ? Attention à ne pas trop loucher quand même, certains pourraient mal le prendre…

Vu sa forme actuelle et ses démonstrations de force de plus en plus fréquentes, il est normal que Luka Doncic attire les compliments de ces adversaires d’un soir. Mais avec un tel passif entre le joueur et les Kings (ainsi qu’entre Joerger et son front office…), on se dit que la déclaration du coach est assez maladroite. Le choix Marvin Bagley III était logique tant il était être NBA ready, solide, une valeur sûre : plat du pied, sécurité. Ceci dit, face au phénomène slovène, ne fallait-il pas y aller à l’instinct et laisser parler le talent ?

 Source : ESPN