Les Sixers à la recherche d’un GM sans pouvoir décisionnaire : être une marionnette ça fait envie à quelqu’un ?

Le 27 août 2018 à 18:41 par Clement PLB

Salaires Philadelphie Sixers
Source image : montage via CC0 Public Domain

Privés de General Manager depuis environ 3 mois, après le scandale Bryan Colangelo, les Sixers ne s’en sortent pour l’instant pas si mal, Brett Brown assumant plutôt bien la double casquette. Le bilan de l’été est positif même si aucune star n’a débarqué dans la cité de l’amour fraternel, Paul George, LeBron James et Kawhi Leonard ayant longtemps été évoqués. Un grand nom est  cependant toujours attendu dans les bureaux par les propriétaires du côté de Philadelphie, mais le poste présente un inconvénient majeur qui en rebutera plus d’un.

Personne n’est actuellement en poste à Philadelphie, et cela s’explique en plusieurs points : tout d’abord, les propriétaires ont des ambitions élevées, très élevées, voire… trop élevées en terme de renommée. Des contacts ont en effet été pris avec Daryl Morey, et R.C Buford. Le premier est considéré comme l’un des meilleurs GM du moment, bien installé dans une franchise qui lui fait entièrement confiance et qui joue les premiers rôles dans la Ligue. Et à part pour le contrat de Chris Paul, il fait du très bon boulot et on voit mal les Rockets le laisser partir et lui accepter la proposition des Sixers. Le second est tout simplement une légende, le GM des Spurs, nommé dans le top 10 des meilleurs General Manager de la décennie tous sports confondus, et deux fois Executive of the Year, l’un des piliers de la dynastie Spurs qui s’achève (Duncan retraité, TP parti et Manu en pleine hésitation, la PLS est totale). Même si l’affaire Kawhi Leonard a laissé des traces, on l’imagine mal quitter la franchise texane à l’heure actuelle, surtout avec l’inconvénient que présente le poste de GM des Sixers. Car sur le papier la proposition est alléchante, l’équipe a un avenir et même un présent déjà brillant, avec des jeunes stars, de la flexibilité au niveau de la masse salariale, des contrats globalement bien gérés, et une organisation très bien huilée. Là où le bât blesse c’est que pour être General Manager aux Sixers, il y a une exigence particulière et c’est ce qu’explique Keith Pompey du Philadelphia Inquirer à Chris Mannix pour Yahoo Sports :

“Ils recherchent quelqu’un qui n’aura pas le dernier mot, façon de parler. Ils veulent que tout soit décidé en groupe. Ils ont un gars parmi les propriétaires. Son nom est David Heller. Il fait partie des gars qui viennent de New York. Quand Sam Hinkie était GM, de ce qu’on entendait, c’est lui qui pesait le plus dans les décisions. Et en cette période particulière, c’est encore lui qui pèse le plus dans les prises de décision.  Quand vous observez qu’ils ont Joel Embiid, qu’ils ont Ben Simmons et tous ces gars, ils ont le sentiment que le modèle mis en place fonctionne. Pourquoi le défaire ? Cela fait partie de ces secteurs où l’analyse est importante. Brett Brown a son mot à dire. Ils ont confiance en lui. Donc, si le système n’est pas cassé, pourquoi le corriger ?”

Donc le cahier des charges du poste, c’est un gars compétent, si possible de renom, qui accepterait de ne pas avoir les pleins pouvoirs, et de se plier aux décisions venant des propriétaires. Le moins que l’on puisse dire c’est que c’est pas gagné, et que ce n’est pas franchement emballant. Alors bien sûr on peut comprendre, ce David Heller a investi un paquet de fric pour posséder une franchise NBA, il peut jouer au mode My GM de 2K en vrai, alors que le commun des mortels doit se contenter d’un écran et d’une console. Pourquoi ne pas en profiter, surtout si ça fonctionne ? Sans doute parce qu’à terme, il faut un professionnel, comme l’expérience Sam Hinkie l’a montré. C’est lui le véritable architecte de cette équipe, qui a mis en place et assumé publiquement le tanking extrême, qui a pris le risque de sélectionner Joel Embiid alors qu’il était blessé, de faire confiance à des joueurs non draftés ou encore à Dario Saric,  un européen. Il a de plus mis Brett Brown à la tête de la team et l’a maintenu malgré les saisons de galère, lui qui cette année a été dans les discussions pour le trophée de COY. Et même maintenant, ces décisions se ressentent encore puisqu’elles ont mis la franchise en bonne position pour le first pick et sélectionner Ben Simmons. Les Sixers lui doivent énormément, malgré  certains échecs et la mauvaise image que ce “Process” a laissé en NBA. Alors bien sur, il collaborait étroitement avec David Heller, mais il était bien la figure de proue des Sixers. Peut-être la franchise va-t-elle devoir modifier sa structure afin de pouvoir attirer quelqu’un, le modèle de pouvoir “en groupe” est limité, et Brett Brown ne va pas assurer l’intérim indéfiniment, il a une équipe qui doit justifier toutes les années de galère à faire tourner. Et des GM expérimentés ne vont pas se laisser marcher sur les pieds.

Trois mois ça passe, avec Brett Brown en apprenti GM, mais sur le long terme, va falloir réussir à se trouver un vrai pro. La solution interne peut être viable, Ned Cohen, vice président des opérations basket est évoqué, lui qui est déjà dans le moule. Mais pour l’instant rien n’est fait et pour attirer un bon GM extérieur, il va sans doute falloir modifier l’organigramme de la franchise.

Source : NBC Sports