Kareem Abdul-Jabbar a parlé, la sagesse incarnée : “Il n’y a rien de tel que le titre de GOAT”

Le 01 août 2018 à 03:09 par Bastien Fontanieu

lebron jordan kareem
Source image : NBA.com

Souvent mis de côté par les plus récents fans de basket lorsque la discussion autour du titre de GOAT est lancée, Kareem Abdul-Jabbar a pourtant quelques arguments à donner pour fermer la gueule de tout le monde. Il en a justement envoyé deux ou trois cette semaine, au micro de The Undefeated.

Goat. Greatest, of, all, time. La quête fascine les fans de tout sport, car c’est propre à notre nature humaine. On a besoin de hiérarchiser, de classer, de mettre de l’ordre et des chiffres, afin de renforcer nos préférences et cimenter certains athlètes dans la légende. Au début, il y avait Bill Russell. Puis, il y a eu Wilt Chamberlain. Après, on a parlé de Kareem Abdul-Jabbar. Puis on a eu droit au débat entre Larry Bird et Magic Johnson. Michael Jordan est ensuite passé par là, Shaquille O’Neal a murmuré quelques mots doux, Kobe Bryant en a fait de même et enfin LeBron James a tapé du poing sur la table. Voilà, en gros, ce que le débat autour du titre de meilleur basketteur de l’histoire a donné jusqu’en 2018, avec un trio final qui a l’air de rassembler pas mal de fidèles partout sur terre : Jordan, LeBron et Kareem, trois monstres sacrés pour une place qui fait fantasmer le plus simple des mortels. Who’s the GOAT ? Face à cette question, chacun amène ses réponses, avec ses critères préférés. Le palmarès, la polyvalence, les qualités athlétiques, la domination, les statistiques, tout est passé en revue jusqu’au moindre détail, comme pour montrer qu’on a bien bossé son sujet comme si c’était le concours de sa vie. Sauf qu’Abdul-Jabbar, lui, n’est pas du genre à participer à ce genre de jeu. S’il sait très bien a quel point il a dominé la Ligue pendant son illustre carrière, le scoreur le plus prolifique de tous les temps propose une alternative : celle de stopper le côté sérieux du débat, pour rendre la chose amusante et surtout ouverte à plusieurs GOAT. Y’a de la place… pour tout le monde.

“Ces discussions autour du titre de GOAT servent de divertissement assez fun, lorsqu’on attend sa pizza à table. Mais elles sont dans la même famille que les discussions autour des superpouvoirs qu’on aimerait le plus avoir, entre voler et être invisible. Que je sois inclus ou pas dans la liste de qui que ce soit, cela m’importe peu. J’ai joué le plus dur possible et j’ai aidé mes coéquipiers. C’est la chose la plus importante avec laquelle je suis parti.

La raison pour laquelle il n’y a rien de tel que le GOAT est que chaque joueur évolue sous d’uniques circonstances. Nous avons joué à différentes positions, avec différentes règles, différents coéquipiers, et différents entraîneurs. Chaque joueur doit s’adapter à ses circonstances et trouver un moyen d’exceller. Nous ne sommes pas dans Highlander. Il peut y en avoir plus d’un.”

Merci, merci, et encore merci. Merci qui ? Merci Kareem. Non pas qu’on veuille se ranger automatiquement derrière lui et faire des majeurs à ceux qui prennent position, nous les premiers avons notre petit classement personnel avec une hiérarchie bien déterminée. Mais lorsque le débat prend place, on tombe souvent sur les mêmes arguments offrant un ping-pong des plus redondants : la Conférence Est de machin, les règles plus faciles de bidule, le mauvais entraîneur de l’un, le killer instinct de l’autre. Le problème ? C’est que ces gars ne se sont pas affrontés, n’ont pas joué à la même époque, ni au même poste, ni sous les mêmes managements, ni dans les mêmes conditions. Le plus juste serait en fait de désigner une légende par époque, en se basant sur ce qui a été réalisé et le cadre dans lequel cela a été réalisé. LeBron pourrait éclipser Jordan et Kareem au scoring, mais cela ne le rendrait pas plus fort… car en se basant sur les règles défensives actuelles, les deux retraités tourneraient à 50 pions la soirée. Et cela marche inversement, avec le physique ultra-avancé de James qui dominerait n’importe quelle ère. On pourrait donner à ces trois mastodontes des titres déjà quasi-actés, qui sont ceux de meilleur joueur à leur poste dans toute l’histoire. Ensuite ? Pourquoi pas les 70’s à Abdul-Jabbar, les 90’s à Jordan et les 2010’s à LeBron. Ce ne sera jamais parfait, mais ce sera en tout cas bien plus juste que ce qu’on a pu balancer jusqu’ici. Et en cela, on peut redire merci Kareem.

Chacun son GOAT, chacun son chemin, passe le message à ton voisin. Les débats continueront à faire rage, et c’est tant mieux car c’est dans ceux-ci qu’on se lâche le plus. Mais peut-être que Kareem Abdul-Jabbar, après tout, en voyant son CV comme ses bagues, c’est lui le meilleur. Il ne le dira pas, et il a parfaitement raison d’agir ainsi.

Source : The Undefeated