Le tanking chez les Bulls commence à se voir : la NBA leur demande d’être plus discrets

Le 07 mars 2018 à 17:01 par Aymeric Saint-Leger

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Source image : NBA League Pass

Le tanking est une pratique bien connue en NBA, même s’il est officiellement illégal. Pour autant, cette saison, quasiment le tiers des équipes de la Ligue le pratiquent, de manière officieuse ou complètement délibérée. Les Bulls font partie de ce lot-là. Mais Adam Silver, le commish, met l’accent sur la lutte contre ce fléau, et ne laisse rien passer. La NBA a donc averti la franchise de Windy City, afin qu’elle mette toutes ses forces à disposition sur le terrain, et ne repose pas de joueurs en capacité de disputer des matchs.

À Chi-Town, on n’a jamais eu trop l’habitude de tanker en fin de saison, mais plutôt de disputer des Playoffs, voire des Finales NBA. Cependant, les Bulls sont en train de réaliser une année décevante, à l’image de l’époque post-Jordan, au début des années 2000. Le roster est faible (c’est quand même Dunn, LaVine et Lopez qui se battent pour le titre honorifique de franchise player) à Chicago, le bilan est pour l’instant terrible, avec seulement 33% de victoires (21 succès pour 42 défaites). Quand on n’a plus rien à jouer, il vaut mieux “développer ses jeunes” (entendez tanker), quitte à perdre des matchs, mais travailler pour l’avenir. Sauf qu’il y a une différence entre concéder des défaites à cause d’un effectif léger (coucou les Nets), et faire exprès de ne pas aligner ses joueurs les plus performants pour “laisser gagner” l’adversaire. Ne pas faire jouer Robin Lopez sur les six derniers matchs, et Justin Holiday sur cinq de ces six dernières rencontres, soit on appelle ça reposer ses vétérans, soit c’est du tanking. Adam Silver penche plutôt pour la deuxième option. Il a envoyé récemment une note aux trente franchises de la Ligue, en disant qu’il comprenait que les (huit fantastiques) équipes fassent plus jouer leurs jeunes, dans un but de développement, à la fois pour eux et pour les franchises. Par contre, le commish ne tolère pas le tanking, et le clame haut et fort. À Windy City, on n’en est pas encore au point où sont rendus les Mavericks et leur propriétaire Mark Cuban, qui revendique le fait de perdre des matchs volontairement. Par contre, faire reposer ses “meilleurs” joueurs, alors qu’ils ne sont pas blessés, ça passe moyen, et ça reste surtout en travers de la gorge du patron de la NBA. Cela va trop loin, le bureau de la Ligue a donc mis les Bulls en garde, d’après Shams Charania de Yahoo Sports :

“Après que la NBA ait adressé un avertissement aux Chicago Bulls cette semaine, concernant le fait de reposer des joueurs en forme, la franchise prévoit maintenant de faire jouer plus longuement les vétérans et titulaires que sont Robin Lopez et Justin Holiday, pour le reste de la saison. […] Les Bulls ont perdu 14 de leurs 17 derniers matchs, et ont publiquement déclaré à la mi-février qu’ils commenceraient à reposer Lopez et Holiday. […] La NBA et son commissionnaire Adam Silver ont formellement informé les propriétaires des équipes pour ce qui est de ne pas reposer des joueurs en capacité de jouer – peut-être un effort pour diminuer l’expression répandue dans la Ligue du “tanking” – après que la Ligue ait avancé le début de la saison, afin d’espacer les matchs pour les coachs et les joueurs. Les Bulls ont donc changé le cap ces derniers jours et ne vont plus laisser Lopez et Holiday en costume.”

D’après Charania, les discussions entre la Ligue et les Bulls ont été coopératives et productives. Chicago n’a sans doute pas envie de se voir infliger des amendes pour perdre des matchs sans le grand frère de Jrue et le jumeau de Brook (ils n’ont pas les mêmes gènes, c’est pas vrai…), alors qu’ils peuvent très bien le faire en mettant leurs vétérans sur le terrain. En effet, les hommes d’Hoidberg n’ont pas attendu la mi-février pour concéder de nombreuses défaites. Les génies (John Paxson et Gar Forman) ont dû prendre peur, ils sont vite rentrés dans le rang. L’arrière et le pivot seront donc alignés pour les 19 dernières confrontations de leur saison. Justin Holiday (13 points de moyenne) et RoLo (12,3 unités par match cette saison) sont deux éléments importants du roster de Chi-Town. Leur retour ne va pas aider les Bulls à perdre des matchs, notamment celui de ce soir, contre Memphis, la pire équipe de la Ligue, au United Center. Le coup de pression du front office de la NBA ne va pas arranger Chicago dans sa quête du meilleur pick possible à la Draft de cet été. En effet, parmi la lutte entre les huit fantastiques pour avoir le pire bilan possible, Chicago est le moins bien placé. 23èmes de la Ligue au global, les Bulls ont pris du retard dans une course où chaque défaite compte (oui oui, dans une ligue professionnelle, on est censés tout faire pour gagner). Dans leur position actuelle, ils n’auraient que 9,9% de chances d’obtenir un des trois premiers choix du premier tour de la Draft. Nul doute qu’ils feront tout pour améliorer cette probabilité. Pour cela, Fred Hoidberg continuera sans doute à faire jouer ses jeunes (Dunn, LaVine, Markkanen, Portis, Nwaba) en priorité, pour les développer et construire pour l’avenir. Les Bulls feront sans doute un pas en avant, en titularisant le tueur de mascottes et Mr Vacances. Mais ne comptez pas sur eux pour les faire jouer plus de vingt minutes. Aller dans le sens de la recommandation de la Ligue, oui. Gagner des matchs parce qu’on est les meilleurs des plus mauvais, alors ça, certainement pas.

Chicago a pris un bon petit coup de pression de le NBA et d’Adam Silver, très en vue ces derniers temps. En tout cas, il est et sera sans doute plus actif que Justin Holiday et Robin Lopez sur cette fin de saison, malgré l’avertissement de la Ligue. Il ne faudrait pas les fatiguer quand même, à 28 et 29 ans, ils sont beaucoup trop âgés pour jouer plus de 15 minutes par match toute une saison. Allez en parler à Gino et Vinsanity, ils vous le diront.

Source texte : Yahoo Sports