Dwane Casey est en train de montrer ses limites : une nouvelle attaque qui ne règle pas tous les problèmes

Le 13 nov. 2017 à 12:34 par Benoît Carlier

dwane casey - coach
Source image : Benoît CARLIER - TrashTalk

Souvent critiqué mais jamais directement menacé par la direction des Raptors, Dwane Casey avait promis des progrès dans sa manière de diriger son attaque pendant l’intersaison. Si de petites améliorations ont été constatées, le finish d’hier soir face aux Celtics prouve qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire.

C’était la rencontre idéale pour montrer que les promesses estivales n’étaient pas des paroles en l’air. En déplacement à Boston, meilleur bilan de toute la Ligue et sur une série de onze victoires d’affilée, les Raptors pouvaient frapper un grand coup en s’imposant au TD Garden. Mais plus que le score final, c’est bien la manière qui allait être observée dans ce match disputé à l’heure de la sieste chez nos cousins cainris mais en plein prime time pour nous autres Européens. Car depuis le début de la saison, il y a quand même de l’idée dans les rotations avec l’intégration de C.J. Miles en sortie de banc tout comme Fred Van Vleet et OG Anunoby qui proposent des chosent un peu différentes en attaque. Le coach a donc plutôt bien géré les départs de Cory Joseph, P.J. Tucker, Patrick Patterson et DeMarre Carroll en n’hésitant pas à s’appuyer sur une nouvelle génération de joueurs et en responsabilisant un Delon Wright (cinquième plus gros temps de jeu des Raptors cette saison) ou un Lucas Nogueira par exemple. Il y a donc beaucoup de bon dans ce début de saison de Toronto qui affiche le quatrième bilan de l’Est malgré un Kyle Lowry fantomatique pour le moment. Mais il faudra montrer plus que ça en attaque pour espérer franchir un nouveau pallier en Playoffs.

Le match d’hier peut résumer à lui seul la marge de progression des Raptors. Serré du début à la fin, Toronto a failli profiter de l’absence de Kyrie Irving pour mettre un premier coup à son rival et stopper sa série de victoires. Mais dans les moments chauds, la circulation de balle et les systèmes à plus d’un joueur et demi n’existent plus et Dwane Casey se remet bien trop souvent aux exploits de DeMar DeRozan ou de Kyle Lowry. Gratifiés d’une dernière chance sur une erreur de jeunesse de Jayson Tatum à une dizaine de secondes du buzzer final, les Dinos n’en profiteront pas. L’arrière boutonneux mange l’horloge et tente une pénétration comme il en réalise des dizaines chaque match mais la défense de Jaylen Brown et le poids du ballon de la gagne l’empêchent de faire trembler la ficelle. Défaite 94-95, Toronto a de quoi s’en vouloir car il y avait la place de faire mieux, beaucoup mieux même. Mais hélas, en accumulant les isolations dans le dernier quart-temps, Dwane Casey a oublié toutes ses bonnes résolutions de l’été, rendant l’attaque de son équipe prévisible et terriblement statique. Face à la meilleure défense de la Ligue, ça ne passe pas et Marcus Smart avait déjà bien failli tuer le match en interceptant la balle dans les mains de DeMar DeRozan à une minute de la fin du match.

Du côté des chiffres, il y a quand même du mieux. Les Raptors tournent à 22 assists par match contre seulement 18,5 la saison dernière. Cette progression leur permet de se positionner 14ème de la Ligue, devant Cleveland, Houston ou Oklahoma City mais loin derrière les 31 passes décisives de Golden State. Les promesses de Dwane Casey n’étaient donc pas totalement foireuses mais c’est surtout la gestion des fins de match qui pose problème à l’ancien assistant de Rick Carlisle à Dallas. Là où Brad Stevens prend des temps-morts pour installer des systèmes, le technicien des Raptors a trop souvent tendance à s’en remettre à sa doublette de All-Stars. Sauf que quand DeMar DeRozan tourne à 8/22 dans la rencontre et que Kyle Lowry n’est pas le joueur le plus fiable de ce début de saison, il faut enlever ses œillères et voir au-delà de ces deux options. Le hero ball peut faire gagner des matchs en saison régulière mais il ne suffira pas à franchir l’obstacle des Celtics ou des Cavs en Playoffs. C’est le même constat qui est fait chaque année depuis quatre ans et il reste donc cinq mois à Dwane Casey pour bosser son playbook et arriver plus armé sur une série en sept manches. Pour cela, il faudra aussi travailler sur le spacing et l’adresse extérieure alors qu’aucun joueur des Raptors n’a plus de 39% de réussite dans cet exercice devenu primordial depuis quelques années.

Arrivé au Canada en 2011, Dwane Casey a dirigé les Raptors pendant leurs plus belles années. Mais le front office a investi beaucoup d’argent pour conserver son duo d’arrières et Serge Ibaka pendant l’été et une nouvelle correction en demi-finale de Conférence ne conviendra pas à Masai Ujiri cette saison. Les vies ne sont pas infinies et le jeune sexagénaire va devoir montrer sa progression sous peine d’être dirigé vers la sortie malgré les bons résultats de son groupe.