Blake Griffin par-dessus Rudy Gobert : analyse dithyrambique d’un dunk comploté par les Espagnols

Le 25 oct. 2017 à 09:57 par Bastien Fontanieu

Blake Griffin

Cette nuit, dans la victoire des Clippers à domicile face au Jazz, le plus grand fait de match était évidemment le poster de Blake Griffin sur Rudy Gobert. Retour amusant sur une séquence déprimante.

Avertissement : cet article est à prendre avec légèreté.
C’est avec amour que nous souhaitons une bonne journée aux Espagnols.

Difficile de ne pas se prendre la tête à deux mains, ou d’en poser une devant la bouche, en voyant Griffin escalader Gobert. Déjà que l’intérieur des Clippers montrait des signes rassurants sur son comeback athlétique cette saison, l’action proposée en tout début de rencontre ce mardi a rangé de nombreux doutes restants dans le tiroir des mauvais parleurs. Oui, Blake est bien de retour, le Blake qu’on aime et qui avait fait de Timofey Mozgov ou de Kendrick Perkins des verbes transitifs (se faire Mozgov, se faire Perkins). Malheureusement pour nous, pauvres tricolores, c’est un compatriote qui est tombé au combat. Un qui, depuis des années, a accepté justement de prendre un ou deux face ici ou là tant qu’il renvoie une dizaine de tentatives derrière. Hélas, comme disait Papy, on retient plus souvent les bus en retard que ceux à l’heure : Gobert a beau renvoyer des centaines de kangourous pénétrant dans sa raquette, quand le poster passe, ça reste dans le crâne des spectateurs. La preuve, il suffit de demander à qui que ce soit de penser à un duel aérien avec Rudy pour que deux noms flashent en tête, DeMar DeRozan et Andrew Wiggins. Deux assassins qui sont déjà montés sur RG27… mais qui se sont aussi fait rabattre gentiment par la tour française. Cette nuit, cependant, c’est bien Griffin qui a eu le dernier mot, en escaladant la bête sur un appel deux pieds des plus propres. Cependant, paranos et anti-Espagnols que nous sommes, il fallait bien qu’on trouve une excuse. Qu’en bons chauvins, on déroule une théorie du complot des plus solides. La voici, et no spoilers, ça sent la revanche à plein nez.

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Sur un simple pick and roll assez bien défendu par le Jazz, Parick Beverley donne la balle telle une patate chaude à un Blake Griffin contrôlé par deux joueurs de Utah. Ricky Rubio pour commencer, qui a dû switcher avec Derrick Favors le temps d’une fin de possession (Dédé passe sur Patoche), et Joe Ingles pour assurer la finition défensive, l’Australien lâchant intelligemment un Austin Rivers aussi adroit à distance que Gérard devant la pissotière à 5h du mat un dimanche. Normalement, et on dit bien normalement, les hommes de Quin Snyder ont de quoi être confiants, Rudy en premier. Cinq secondes sur l’horloge des 24, un intérieur qui doit dribbler jusqu’à l’arceau s’il veut tenter quoi que ce soit, on sent la bonne grosse briquasse locale qui va taper le plexi du panier et nous réveiller en sursaut de bon matin.

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Une seconde s’est écoulée, et on sent la connerie se profiler. En quoi ? En voyant Rubio coller Griffin tel un bâton UHU, alors que Blake Griffin est au jumpshot ce que le yoga est à Bobby Portis. Comment est-ce possible, concrètement parlant, que Ricky ouvre deux lignes de pénétration, alors qu’il reste aussi peu de temps à jouer sur la possession des Clippers ? L’odeur de complot est déjà forte, elle va devenir insupportable dans la seconde suivante. De son côté, Favors respecte son rôle en faisant semblant de bouger ses pieds, gardant un oeil sur un Pat Beverley qui – avouons-le – est une vraie menace à trois-points. Gobert, pendant ce temps-là, prépare déjà le box-out qui va lui permettre de récupérer un rebond précieux. Enfin, pense-t-on.

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Mauvais délire. Mau-vais-dé-lire. Et alors là, pour remettre les trophées des meilleurs coéquipiers, y’a du monde en costard. Mimant parfaitement les gamins de 8 ans qui tentent de rester debout dans le métro sans s’accrocher à la barre, Favors feint de venir en aide en tendant ses bras. Ce qu’on appelle, dans le jargon, un “j’ai essayé, mais la flemme“. Et cette absence, cumulée au complot hispano-maçonnien, va coûter cher à Rudy Gobert. Le Français espérait voir ses copains assurer la fin de l’action, il lâche DeAndre Jordan de façon évidemment tardive. Quand tu t’attends au rebond et que tu vois Rubio faire une Harden, ça la fout mal. Ricky, parlons-en, a très intelligemment respecté le scouting report : bah non, au lieu de forcer un tir de Griffin à 5-6m en fin d’horloge, l’Espagnol se fait dépasser par un Blake plus rapide et mobile (…), qui s’apprête déjà à allumer les fusées collées à ses mollets.

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Le coude. Bon, pour le coup, ça fait partie du deal. Il suffit de rembobiner d’une demi-seconde pour voir Gobert se préparer à sauter au contre, sauf que Griffin a déjà décollé la terre ferme. Et dans un registre qui lui va assez bien depuis des années, Blake utilise une technique aussi roublarde qu’efficace, en se servant de son bras opposé pour dégager la concurrence. Mon avant-bras dans ton zen, ma haine sur ton torse, poster. Et bien évidemment, sous les conseils d’un Pau Gasol lié en Bluetooth aux oreilles de son meneur en sélection nationale, Rubio est idéalement placé pour prendre la photo. Souvenirs de septembre 2014, haine envers la France, toussa toussa. Le dunk de Blake Griffin est validé, Gobert est en retard, mais comme expliqué ci-dessus avec humour est une totale mauvaise foi, c’était prévisible.

Voilà pour la leçon du jour. Moralité, on a beau faire confiance aux Espagnols, il suffit d’un moment de répit pour se prendre un coup de couteau dans le dos. La prochaine fois, Rudy saura comment faire : expliquer à Rubio comment défendre une fin de possession, histoire d’éviter un drame hexagonal.